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Message : Re: [typo] Usages et codes et rhéthorique + concours typo (Christian Laucou-Soulignac) - Mardi 13 Janvier 2004 |
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Subject: |
Re: [typo] Usages et codes et rhéthorique + concours typo |
Date: |
Tue, 13 Jan 2004 11:24:58 +0100 |
From: |
"Christian Laucou-Soulignac" <fornax@xxxxxxxxxxx> |
Ie pense être celvi qvi, au covrs de
cette discvssion, a mentionné l'existence de plvsieurs codes typo. Ie crois
ivste d'interuenir maintenant.
Mais qu'est-ce donc qu'un code typo ? Tout
simplement un ensemble de règles qui fixent la présentation d'un texte
à un moment donné, pour une langue déterminée. Or une langue évolue.
Personne, au début du 18e siècle, n'auroit trouvé drôle les deux premières
phrases de mon message ni même l'imparfait de cette phrase-ci. L'évolution de la
langue entraîne nécessairement celle du code qui lui est associé. Un usage,
initialement fautif, s'il est répété, et répété encore, finit au bout d'un
certain temps par être admis et s'ériger en règle. Les verdâtres de
l'Académie n'ont-ils pas fini par entériner la graphie "évènement" pour
"événement" ? Utilisez-vous encore le"s" long ? Et en connaissez-vous les règles
d'application ?
La publication d'un code typo coule dans le bronze, grave dans le marbre
les règles auxquelles tous les utilisateurs doivent se plier au moment de cette
publication. Mais le code ne doit pas rester figé alors que la langue, ou que
les usages, évoluent. Quand on a rempli sa charrette de foin, il faut
monter dessus avant de dire "hue !" au cheval, sinon on reste sur la route et on
regarde la charrette s'éloigner.
On a toujours tendance à considérer comme vérité première ce qu'on nous a
inculqué pendant notre apprentissage. On pontifie. Dans les premiers temps, ça
va, il n'y a pas de décalage mais au fur et à mesure que le temps passe, si l'on
reste sur ces (ou ses) positions, on ne tarde pas à devenir un vieux con
pour les plus jeunes. Je ne me mets pas hors du lot, bien sûr, mais j'essaie de
regarder autour de moi ce qui se passe. Et le vieux con que je suis essaie
d'évoluer.
J'ai été beaucoup plus intransigeant dans le passé que je ne le suis
maintenant. Je pense sincèrement que la seule chose importante, c'est le confort
du lecteur. Car faut pas l'oublier çui-là ! Sans lui, le pauvre
ignorant-de-non-spécialiste-seulement-utilisateur, on n'est rien ! Alors quand
je vois dans la composition d'un texte qu'un ensemble de règles de présentation
? qui ne sont pas nécessairement celles que j'aurais adoptées ? est appliqué
d'un bout à l'autre et crée une unité, alors je suis content car je me dis qu'il
y a eu une réflexion en amont et que le lecteur ne sera pas perturbé dans sa
lecture. Et quand en plus c'est beau à regarder, je suis au Nirvana.
Christian Laucou
P.-S. : Je vous fiche mon billet que dans cinquante
ans, probablement moins, les signes de ponctuation doubles vont être collés au
mot qui les précède. L'usage aura fait que les règles du code des Angles et des
Saxons auront remplacées les nôtres, bien franchouillardes. Ce ne sera ni une
catastrophe ni une bénédiction, ce sera simplement la manifestation d'une
évolution des usages.
Maintenant je lance un concours (il n'y a rien à
gagner) : Qui veut être le premier auteur d'un code typo pour le Texto
?
----- Original Message -----
Sent: Tuesday, January 13, 2004 9:47
AM
Subject: [typo] Usages et codes et
rhéthorique
>
> Sur la discussion en cours, une chose m'amuse beaucoup,
c'est la notion d'usage
> : chacun brandit qui sa facture qui son livre
pour montrer tantôt ce qu'il faut
> faire, tantôt ce qu'il ne faut pas
faire, l'example stigmatisant suivant le cas
> le fait que l'usage est
bon, ou que l'usage n'est pas conforme à une tradition
> typographique.
Finalement l'usage a bon dos : il est bon si il est conforme au
> souhait
de son exhibiteur, il est mauvais si il l'infirme.
>
> Je milite
donc pour la création de la société de protection de l'usage, qu'on
>
arrête enfin de lui faire dire n'importe quoi, de le brandir avec des
secousses
> effrayantes.
>
> De même de mes lectures j'ai cru
comprendre qu'il existait *des* codes typos et
> non pas *un* code, voire
que leur lecture comparée est des plus amusantes.
> Chacun brandira donc
son code en lui donnant de l'article définit en guise
> d'argument
d'autorité.
>
> Il faudrait peut-être donc savoir si c'est les
codes ou les usages qui font la
> typo, et non pas un coup l'un ou un coup
l'autre suivant que ça arrange dans la
> discussion. Il faudrait savoir si
c'est le graphiste de notre société de
> fourniture électrique qui fait la
typo ou pas. Il faudrait savoir si l'intérêt
> de la chose est juste de
flatter son égo ou de faire avancer le schmilblick
> vers un
consensus.
>
> La difficulté de l'exercice est que le typographe
est le gardien d'une
> tradition en mouvement, ce qui permet donc
d'affirmer, exemples et
> contre-exemple à l'appuis, tout et son
contraire.
>
> FiLH usagé typographique.