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Message : Re: [typo] Livre de Jef Tombeur

(Jef Tombeur) - Lundi 23 Février 2004
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Subject:    Re: [typo] Livre de Jef Tombeur
Date:    Mon, 23 Feb 2004 15:58:05 +0100
From:    "Jef Tombeur" <jtombeur@xxxxxxx>

From: "Alain Hurtig" <alain@xxxxxxxxxxxxxx>
> Je l'ai lu : je reviens, ETC.

Merci Alain, ça va droit au coeur.

Tentons d'élargir...
L'un des aspects de la typo, c'est que c'est devenu une pratique universelle.
Ne revenons pas sur la dicothomie visible / invisible.
Relevons simplement que l'intérêt pour la typo est un peu confiné.
Et pour résumer, hors des cercles des arts graphiques, l'intérêt est fortement
scindé.
Par ex., les médiévistes ne s'intéressent qu'aux manus, les spécialistes de la
Renaissance qu'à cette période, etc.
Les autres tirent un peu la couverture à eux, et j'allais dire, à elles.
Les féministes véhiculent encore parfois que Warde fut embauchée chez Monotype
parce qu'ils s'attendaient à embaucher Paul Beaujon (pas sûr de l'ortho,
c'était son pseudo masculin).
Et, en majorité, vont peu s'intéresser aux ateliers de femmes qui n'auraient
pas produit des écrits de femmes en priorité ou des écrits féministes en
général.
Hormis ITC, qui a fait des coffrets de polices rassemblant des créations de
femmes, peu d'intérêt spécifique (ce qui est très bien d'ailleurs, on ne
devrait pas systématiquement s'intéresser aux créations des femmes parce
qu'elles sont des femmes, mais parce qu'elles excellent en ce qu'elles font,
mais je pense aussi qu'il y a des particularités créatives dans la production
des femmes qui mériteraient d'être relevées).
Les féministes ont aussi été assez rares à s'intéresser aux femmes en tant
qu'ouvrières de ces métiers (hors Paula McDowell, d'autres, plus les études
sur l'affaire Couriau). Ce qui les intéressait, c'était l'histoire des idées
ou des mouvements sociaux.
Mais on a eu un cas d'étude sur le langage sexué de la typo chez Moxon.
Avec laquelle je prends quelques distances.
Je n'en considère pas moins cependant que cette étude a contribué, hors des
cercles typo, à l'intérêt pour la typo en général.
Idem un poil pour ce bouquin. Je connais peu de livres sur l'imprimerie
portant un peu d'attention aux femmes créant des alphabets. Maladroitement
peut-être, j'ai tenté.
D'ailleurs, voyez ce que Chatelain relève dans ses _Rencontres typographiques_
sur le _Typo, qui, quoi, comment_.

Sur la forme, criticable, je vous l'accorde volontiers.
Je savais que je n'étais pas de taille.
En revanche, faire quelque chose de passable, je pense que j'aurais su et pu.
En Xpress par ex., avec renvoi des notes en fin de chapitre.
Je préfère encore servir de référence pour ce qu'il ne faut pas faire que
d'être un autre exemple de ce qui reste acceptable.
D'autant que c'est un bouquin de vulgarisation.
D'accord, c'est à double tranchant.
Mais je crois que cela incitera plus à s'informer sur la manière de bien faire
qu'à tenter de reproduire stupidement mes erreurs.
C'est un peu (mais un peu seulement, je n'établis aucun parallèle abusif)
comme pour le choix du colophon.
S'il peut inciter des gens à en faire d'assez peu discrets, pourquoi pas ?
Ils se tempéreront par la suite.
Oui, nous avons choisi (moi et l'éditeur), entre deux bonnes propositions, la
moins discrète.
Eh quoi, après l'écroulement du mur de Berlin, la _fin de l'histoire_, après
le Bauhaus, la fin de la créa typo non Bauhaus ?
Non, bien sûr, j'exagère.
Mais le colophon figé à tout jamais dans la très discrète élégance raffiné et
cantonné aux livres d'art, à la bibliophilie, je trouve ça un peu dommage. Et
c'est pour ça que j'assume aussi totalement ce choix.

Enfin, si ce bouquin contribue petitement à ce que les femmes en général
s'intéressent un peu plus à la typo, à ce que les femmes des métiers de la
typo s'expriment davantage, à ce que les hommes traitant de typo s'intéressent
plus à la production des femmes, je m'accorderai quelques indulgences (et au
lieu d'aller rôtir en enfer, peut-être aurais-je mérité mon  très long
purgatoire).