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Message : Re: [typo] Re: alinéa lettrines et citations longues

(Thierry Bouche) - Vendredi 18 Mars 2005
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Subject:    Re: [typo] Re: alinéa lettrines et citations longues
Date:    Fri, 18 Mar 2005 12:16:01 +0100
From:    Thierry Bouche <thierry.bouche@xxxxxxxxxxxxxxx>

Bonjour,

Le vendredi 18 mars 2005 vers 03:10:42, stukskebaron@xxxxxxxxx écrivait :

s> « Habituellement, s'il y a une lettrine, c'est la première lettre
s> du texte, que celui-ci soit une citation n'y change rien.

Oui, le problème est celui de la régularité des éléments structurant la
mise en pages contre la réalité irrégulière des textes. Le problème peut
être traité de façons très diverses en fonction des compétences et des
rapports de force des diverses parties concernées...

On ne peut pas appliquer une maquette comportant une lettrine en tête de
chapitre et un renfoncement des citations longues à un texte qui
comporte une citation longue en tête de l'un de ses chapitres.

Soit on explique gentiment à l'auteur qu'une citation ne peut pas vivre
dans un texte sans contexte, donc qu'il doit introduire sa citation, et
l'on sauve la lettrine ; soit on renonce à la lettrine pour tous les
chapitres. On ne sauvera pas vraiment le détail de la cohérence des
premières pages de chapitre, mais on peut vivre avec.

s> Par contre, s'il y a d'abord un guillemet ouvrant, il se compose dans
s> le corps du texte et sera soigneusement créné et parangonné.

c'est en effet la méthode traditionnelle. Le résultat n'est pas toujours
très plaisant, surtout si la police du texte a un guillement anémique
(genre ITC garamond), mais on aura évidemment choisi la police du texte
en fonction des usages possibles de la maquette !

s> Pour faciliter la transition entre la grosse lettre et le corps
s> de texte, il est usuel de composer les premiers mots signifiants ou
s> la première ligne en petites ou grandes capitales. (Je les ferais
s> droites, même si le reste de la citation était en italiques.)

ça c'est encore un cas de conscience du typographe ! Qu'est-ce qui
prime ? la lettrine prend-elle les attributs du texte, les petites
capitales aussi ? Sauver le tiers de la première ligne a-t-il un sens ?
Une raison de plus de ne pas mettre les citations en italique ! (ce qui
est, rappelons-le, une pratique journalistique supposément
« déontologique » alors que tout le monde sait que les citations
soigneusement isolées et soulignées à fin de produire un effet de
littéralité sont en toutes occasions lardées d'inexactitudes...)


s> Pour les alinéas :
s> Le premier paragraphe d'un texte (après un titre par exemple) est
s> au fer à gauche (et parfois justifié) pour avoir un beau pavé.

Ça, c'est la voix de Tschichold ou la vulgate anglo-saxone, ça n'est pas
une tradition française ni une pratique indiscutable.

s> Pour le reste, je dirais que  :
s> 1º Le typographe a mission d'aider le lecteur à décoder la
s> structure d'un texte. Pour cela, il différencie les divers niveaux du
s> texte. Il  peut le faire de beaucoup de manières. 

moi je dirais que le lecteur n'a pas à décoder quoi que ce soit ! la
mission du typographe est de rendre évidente ou naturelle la structure
du texte. C'est l'objet de la maquette.

s> 2º Une citation n'a normalement pas le même « poids » que la
s> prose originale de l'auteur.

euh... Je crois que c'est dans le _Degré zéro de l'écriture_ que j'avais
été frappé par les citations de Bataille qui semblaient brûler la page
où coulait un texte par ailleurs plutôt soporiphique. Dans le _Degré
zorro de l'écriture_, Verheggen a contourné la difficulté en n'invitant
pas d'auteur meilleur que lui...

s> On adoptera donc généralement, pour les longues citations, une
s> disposition plus discrète et parfois aussi plus économe.

J'ai eu entre les mains un livre des éditions Bréal qui est une sorte de
pavé de culture générale contemporaine. La maquette n'est pas si mal,
mais on est étonné que 70 % du texte soit en petit corps sur une
justification plus courte, et que les commentaires plus ou moins plats
qui emballent ça soient mieux servis !

s> La pratique traditionnelle est d'utiliser un italique ou un corps
s> plus petit, à moins que l'on préfère réduire la justification des
s> deux côtés, ou qu'on cumule les méthodes.

j'ajouterais à la tradition celle qui consiste à utiliser un corps plus
réduit d'un point, en romain, en augmentant la marge de gauche de la
valeur du renfoncement d'alinéa. Les guillemets ne sont alors pas
nécessaires, surtout si l'on fournit la référence bibliographique en
bas.

s> On interlignera de part et d'autre de la citation, d'au moins une
s> demi ligne mais souvent plutôt d'une ligne.

je dirais : on la traitera comme un paragraphe. Le surplus d'interligne
au bas est discutable pour plusieurs raisons (la réf. bibl. pourvoie
déjà du blanc suffisant, en général ; il y a des cas où la citation se
rattache plus au texte qui suit...)




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Cordialement,
 Thierry