[typo] Apostrophique, mon cher Watson !

[Philippe Jallon <philippe.jallon@xxxxxxxxxxxxxx>]

Bonjour,

L'apostrophe sert parfois à identifier celui qui l'utilise. Dis-moi 
quelle apostrophe tu emploies, je te dirai qui tu es. Illustration 
par l'exemple.

Je suis en train de lire _la Médecine du désir_, bouquin de Louis 
Albrand publié en 1992 par les éditions du Nouvel Objet. On y 
remarque un curieux emploi de l'apostrophe. Ou plutôt *des* 
apostrophes, puisque le bouquin fait cohabiter l'apostrophe 
typographique et l'apostrophe dactylo... jusque dans la même phrase !

L'essentiel de ce bouquin est apostrophiquement typo, tandis qu'une 
minorité du contenu est apostrophiquement dactylo. Or, il semble que 
le brave docteur Albrand ait fait appel à un nègre (en l'occurrence, 
une négresse). C'est du moins comme ça que j'interprète la mention « 
avec la collaboration de ». Ce qui m'amène à la lumineuse théorie que 
voici : le corps du bouquin a été rédigé par un auteur avec sa propre 
apostrophe, puis complété par le coauteur avec l'apostrophe inverse, 
puis le tout a été relu par un correcteur azerbaïdjanais...

Cela me rappelle une anecdote journalistique (me souviens plus si 
j'en ai parlé ici). Il y a quelques années, je relisais et corrigeais 
les papiers de mon ex-meilleur pote, pisse-copie notoirement connu 
pour son orthographe surréaliste et son piètre talent rédactionnel. 
Les papelards salmigondesques du grimaud entrelardaient souvent 
quelques îlots (voire des paragraphes entiers) de rectitude 
stylistique dans un océan de cacographie. J'ai vite fini par 
détecter, d'une manière quasi infaillible, les plagiats par 
copier-coller : l'apostrophe était différente de celle qu'utilisait 
par défaut sa version de Word... ;-)
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Philippe Jallon