Archive Liste Typographie
Message : Re: [typo] Apostrophe

(Jean-François Roberts) - Mardi 10 Janvier 2006
Navigation par date [ Précédent    Index    Suivant ]
Navigation par sujet [ Précédent    Index    Suivant ]

Subject:    Re: [typo] Apostrophe
Date:    Tue, 10 Jan 2006 20:22:29 +0100
From:    Jean-François Roberts <jean-francois.roberts@xxxxxxxxxx>

Merci de cette admirable mise au point... Quelques points de détail,
cependant.


> De : jandre@xxxxxxxx
> Répondre à : typographie@xxxxxxxxxxxxxxx
> Date : Tue, 10 Jan 2006 09:05:42 +0100 (CET)
> À : typographie@xxxxxxxxxxxxxxx
> Objet : [typo] Apostrophe
> 
> Selon Philippe Jalon :
> 
>> Ce qui me gêne, ce serait plutôt l'usage exclusif des apostrophes
>> dactylo... ;-(
> 
> 
> Cette histoire d'apostrophe est typique de la confusion glyphe/caractère,
> mais aussi de la différence entre norme de codage  et codage propriétaire,
> et enfin de mauvais choix faits par Unicode par l'absence à l'époque de
> francophones de poids assez fort pour défendre le français...
> Un peu d'histoire :
> 
> (...)
> 
> Deux remarques importantes (valables même avant l'invention de la machine
> à écrire) :
> 1) le français est la seule langue (à part le créole)  qui utilise autant
> d'apostrophes. Dans un même texte traduit en plusieurs langues, on
> trouvera par exemple:
> - 1200 apostrophes en français
> - 250 en anglais
> - 0 en italien, allemand et latin.
> 
> (...)

Je trouve cette statistique assez surprenante, en ce qui concerne l'italien,
en tout cas. Voici quelques passages, relevés à la une du site du quotidien
italien _La Repubblica_, ce jour (mardi 10 janvier 2006, vers 19 h 30) :

    gli auguri d'autore. Con i sondaggi grandi firme sui trent'anni della
    nostra storia

    Secondo l'Aiea Teheran ha tolto i sigilli agli impianti per riprendere
    "ad arricchire l'uranio".

    Tredici arresti in Spagna, c'è anche chi ha ingaggiato gli attentatori
    del 2003

    Chernobyl, dall'Armata Rossa fino agli operai

    un'autobiografia: un po' cronaca vera e un po' romanzo.

Et ainsi de suite... Ajoutons que (en typo certes douteuse) l'apostrophe
sert aussi, en italien, à indiquer les accents sur les cap. - ainsi :
L'UNITA' (pour : L'UNITÀ).

Quant à l'allemand, si l'apostrophe y est rare, elle n'y est pas
inexistante... Ainsi, à la une de la _Frankfurter allgemeine Zeitung_ de ce
jour :


    Die Kabinettsklausur auf Schloß Genshage is vorbei, und alle fanden's
    großartig.

    Deutschland, wie geht's?


> 
> (...)
> 
> Lorsque la machine à écrire est apparue, faut de place sur le clavier (le
> premier avait déjà la configuration QWERTY mais n'utilisait que des
> majuscules), on a ignoré les chiffres 0 et 1 (on utilisait alors les
> lettres O et I ; ça a d'ailleurs perduré puisque ma première MAE achetée
> neuve vers 1955 n'avait pas de 0 ni de 1) et on a "inventé" l'« apostrophe
> dactylo » (apostrophe droite, chiure de mouche, etc.) qui remplaçait donc
> 3 caractères différents : l'apostrophe, la quote gauche et la quote
> droite.
> Cette forme d'apostrophe unique a existé sur beaucoup de machines. Mais ce
> serait une grossière erreur de croire que c'était la règle... On trouve
> beaucoup de textes dactylographiés, notamment en français (mais aussi en
> anglais), avec une belle apostrophe courbe et oblique. Il en est de même
> pour les premières machines à composer : la Linotype offrait l'apostrophe
> penchée à gauche et la virgule inversée en position haute.
> 
> (...)
> 

Pas d'apostrophe "courbe" sur les machines à écrire que j'ai utilisées, à
partir des années 60 - ni sur les machines à écrire que ma mère (secrétaire
de direction pendant 30 ans en France) a utilisées... Alors ? Il serait
intéressant de préciser ce point, et la diffusion effective de machines à
écrire offrant ce glyphe (marques ?)...


> Les premiers codages de caractères normalisés internationalement (code
> Baudot devenu Telex) ont proposé l'apostrophe sans préciser si elle était
> droite. Et la mécanographie puis l'informatique ont également proposé une
> apostrophe ambiguë. Mais encore : on trouve des cartes perforées avec des
> apostrophes droites et des avec des courbes obliques.
> 
> (...)
> 

Merci de cet utile rappel : en un sens - on l'oublie trop souvent - nos
ordinateurs de bureau fonctionnent toujours... comme un central
télégraphique des années 1940.


> 
> Jacques André
> 
> 
> 
>