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Message : RE: [typo] égalitographie + fonction et personne (Jacques Melot) - Lundi 27 Octobre 2008 |
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Subject: | RE: [typo] égalitographie + fonction et personne |
Date: | Mon, 27 Oct 2008 13:09:40 +0000 |
From: | Jacques Melot <jacques.melot@xxxxxxxxx> |
Tiens, coïncidence, je retrouve :
La neutralité sert toujours l'oppresseur, jamais l'opprimé Elie Wiesel
Bon, on l¹a vu récemment, Élie Wiesel n¹est pas si neutre?
En tout cas, je suis sans doute l¹un·e de celles et ceux qui utilisent le plus fréquemment ces pratiques égalitographiques?
Et je vous avoue franchement que cela commence à me courir sur le haricot?
Ce n¹est pas trop pénible à lire, mais ch? à produire, à la longue.
Chut ! Je crois savoir que même certaines qui pensent comme moi se sentiraient obligées de me désavouer.
Caftez pas, les copin·e·s
Bon, justement, le cas de copains et copines résiste aux heurs du « eure ».
Il en est plein d¹autres. Qui font la joie des jaseures (pas taper, pas taper !) ;-)
De : Jacques Melot [mailto:jacques.melot@xxxxxxxxx]
Envoyé : lundi 27 octobre 2008 13:27
À : typographie@xxxxxxxxxxxxxxx
Cc : Noëlle Adam
Objet : Re: [typo] égalitographie + fonction et personne
Le 2008-10-27, à 11:19 +0100, nous recevions de Noëlle Adam :
Gabriel Kerneis a écrit :
Un dernier cas qui me chatouille : « caissière » est généralement utilisé
comme le neutre pour désigner la profession, et l'on ne spécifie « caissier »
justement que lorsqu'on est sûr qu'il s'agit d'un homme. Il y a sans doute
d'autres exemples, dans des professions majoritairement féminine.
Faudrait-il y voir une inégalité à combattre ?
Cordialement,
Cette inégalité a été brillamment combattue par la suppression des caissières remplacées par des hôtesses de caisse.
Le salaire et les conditions de travail restent inchangées. Les hommes que j'ai pu voir à ce poste dans les supermarchés que je fréquente portent « stagiaire » sur leur étiquette. L'égalité aura certainement fait de grand progrès lorsque tout le monde aura droit à l'appellation « agent de caisse », qui bien que masculin, est assez neutre. Ou bien non ? Faut-il aller jusqu'à ministre de caisse ?
Le français n'a pas pratiquement pas de vrai neutre, objets, concepts, rôles, se voient attribuer un genre grammatical sans qu'en général, on n'y voit de conséquence en terme d'inégalités sexuelles. La raison serait alors un privilège féminin, tandis que le sexe masculin devrait se contenter du raisonnement ?
[J. M.] Le neutre indo-européen a disparu du français par fusion avec le masculin, tout comme dans les langues germaniques certains cas ont fusionné (le locatif, l'instrumental, etc., sont confondus avec le datif ou l'accusation) pour disparaître complètement de certaines d'entre-elles. Le suédois, par exemple, a perdu ses déclinaisons au XIXe siècle, lesquelles ne subsistent plus que dans des _expression_ figées (en particulier dans des mots composés).
L'islandais, langue germanique s'il en est, est encore très fléchi, mais sur quatre cas seulement, comme l'allemand. A titre d'exemple, il faut conserver en tête vingt-quatre formes différentes de l'adjectif (et pas seulement en ce qui concerne la terminaison !), alors qu'en français il n'y en a que quatre (masc. sing., masc. plur., fém. sing., fém. plur.), le pronom interrogatif qui (isl. hver) est à retenir sous quelques vingt-six formes (hver, hvers, hverjum, hvern, hverjir, hverra, hvert, hvað, hverju, etc.). Chaque substantif présente seize formes a priori différentes (quatre cas, deux nombres -- singulier, pluriel --, la déclinaison étant différentes suivant qu'il s'agit de déterminé ou d'indéterminé). Un petit mot comme autre, qui ne se présente en français que sous deux formes (autre, autres), s'y décompose en vingt-quatre formes (annar, annars, öðrum, annan, annarrar, önnur, aðra, etc.). Le duel ne subsiste que dans les pronoms personnels : le duel de vous (þið) est devenu le pronom de la deuxième personne du pluriel, cependant que l'ancien pluriel correspondant (þér) est devenu le pronom personnel de politesse, lequel d'ailleurs n'est plus en usage -- en Islande le tutoiement est général depuis une cinquantaine d'année --, hormis dans les lettres de menace (celles de la banque, notamment).
Conclusion, gymnastique pour gymnastique, sueur pour sueur, il est évident que pour satisfaire les désirs des féminisants compulsifs la bonne solution, la solution courageuse et efficace, consisterait à réintroduire le neutre en français et, pendant qu'on y est, les six cas du latin. On y a gagnera à coup sûr en précision.
J. M.
La reine rouge dans Alice dit quelque chose du style : occupez-vous du sens, les mots s'occuperont d'eux-même.
Noëlle Adam
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