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Message : Re: [typo] Quelle césure pour catarrhale ?

(Jacques Melot) - Mercredi 14 Janvier 2009
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Subject:    Re: [typo] Quelle césure pour catarrhale ?
Date:    Wed, 14 Jan 2009 12:55:33 +0000
From:    Jacques Melot <jacques.melot@xxxxxxxxx>

Title: Re: [typo] Quelle césure pour catarrhale ?
 Le 2009-01-14, à 11:48 +0100, nous recevions de Alain Hurtig :

At 9:42 + 0000 14/01/09, Jacques Melot wrote :
> [J. M.] En français la coupure des mots est syllabique ou étymologique,
> suivant les circonstances (cf. Grevisse, Le Bon Usage).
>
Sincèrement, je ne suis pas certain que Grevisse soit d'un très conseil sur
ce genre de problèmes. À vrai dire, je suis même absolument certain du
contraire... Cette dispute entre grammairiens et typographes est très
ancienne, ça a longtemps été un faux dialogue, une engueulade entre sourds
- mais enfin on peut dire que la vie et la pratique ont tranché, et que la
césure est non-grévissement syllabique.


[J. M.]   J'avais voulu t'épargner ça, mais Jacques André ayant eu moins de scrupule, je rappellerai donc que le Lexique des règles typographiques en usage à l'Imprimerie nationale admet bel et bien la coupure étymologique. Plus exactement, on peut y lire (p. 61) :

« Pour les mots composés, la division devra tenir compte de l'étymologie » [...] La division étymologique n'exclut pas la coupure syllabique [...] mais, dans la mesure du possible, la première sera préférée à la seconde. »

   Et d'ajouter :

« La division d'après la prononciation française est la seule admise si la coupure étymologique entraîne un changement de prononciation ».

   Pour ma part, le texte et la fluidité de sa lecture priment sur la forme (il faut éviter tout ce qui « accroche » et amène le lecteur à s'interroger sur la manière dont le texte écrit se présente) : on s'efforce d'atteindre l'idéal typographique, on ne l'atteint pas à tout prix en forçant d'autres aspects, ceux solidaires d'une réalité qui fait que sans elle il n'y aurait pas de texte à imprimer.

   Dans le cas présent, la difficulté est vraiment mineure, puisqu'elle porte au plus sur la largeur d'une seule lettre.

   J. M.



> Une des
> caractéristiques essentielles d'une bonne coupure est qu'elle « passe »
> bien, succès qui dépend étroitement du public auquel le texte s'adresse.
>
Et du contexte (donc du texte), dans lequel elle se situe.

Mais ce n'est pas là le principal, car « une des caractéristiques
essentielles d'une bonne coupure », et même sa sule caractéristique
essentielle, est d'viter le massacre du gris typographique. Pour le reste,
ce n'est jamais qu'un crime contre la langue - parfois indispensable, mais
crime quand même : couper un mot en morceaux, c'est un peu l'exécuter.
Qu'après, on rajoute une prothèse (à savoir : le trait d'union, drôle
d'_expression_ quand même quand il s'agit de diviser quelque chose) c'est une
béquille et rien d'autre.

Mais quelque chose me chagrine bien plus dans ton autre réponse :

At 9:45 + 0000 14/01/09, Jacques Melot wrote :
> [J. M.] Ne serait-ce qu'en écrivant « fièvre ovine catarrhale » en
> alternance avec « fièvre catarrhale ovine » (bon, je blague) ou en
> remplaçant par le synonyme « maladie de la langue bleue »... à condition
> d'être en même temps l'auteur du texte, bien sûr.
>
Mais notre métier est très rarement « auteur » ou « éditeur », et c'est
d'une mauvaise pratique de mettre en pages ses propres écrits. C'est une
tentation plus mauvaise encore de récrire les textes des autres, surtout
quand ils ne vous ont rien demandé...

Voilà pourquoi je parlais de chasser ou de gagner, et certainement pas de
récrire ce qui probablement ne doit ni ne peut l'être.