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Message : Re: [typo] De l'écrit inclusif

(Amalric Oriet) - Vendredi 19 Mars 2021
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Subject:    Re: [typo] De l'écrit inclusif
Date:    Fri, 19 Mar 2021 09:04:20 +0100
From:    Amalric Oriet <o.amalric@xxxxxxxxx>



Le 18 mars 2021 à 12:21, Emmanuel C. <emmanuel.clement@xxxxxxx> a écrit :

Vous n'avez à l'évidence pas lu l'article que je pointes.

Vous m’en direz tant… Si jamais vous citez des morceaux de cet article, faites gaffe quand même. Par exemple, la citation qui se termine par « chrétiennes » n’est pas de Pierre Nicole dans De l’éducation d’un prince, mais du Sieur de Royaumont dans l’Histoire du Vieux et du Nouveau Testament. Un détail, probablement…

Rien que pour vous, une petite citation tirée de Mille Ans de langue française, histoire d’une passion d’Alain Rey et coll. (p. 535)  :

« À la fin du XVIIe siècle, il est effectif que beaucoup de néologismes, de formes ou de sens, sont dus à des femmes. Les femmes discutent, évaluent, soupèsent ; pour La Bruyère, elles ont « des tours et des expressions qui souvent en nous [les hommes] ne sont que l’effet d’un long travail et d’une pénible recherche ». En bref, leur langage est admiré. C’est l’époque où le français dans son ensemble est considéré comme une langue particulièrement féminine*, pleine de douceur, riche en e  muets, etc.
Sous l’influence des femmes, c’est ainsi toute une ancienne culture de la langue fondée sur les « autorités » qui est peu à peu remplacée par une attention exclusive aux usages. Parti des femmes, ce mouvement ne tarde pas à gagner toute la société élevée. Ce sont elles, désormais, plutôt que les savants, qui détiennent l’autorité, et leur appréciation du « bon usage » se révèle décisive dans le processus d’homogénéisation et de « lissage », pour ainsi dire, de la langue utilisée dans l’échange oral quotidien. »

* D’où, au passage, la disparition de quantité de formes féminines qui écorchent les oreilles délicates de l’époque par leur suffixe. (Ce commentaire est de moi.)

En résumé, s’il y a eu masculinisation délibérée de la langue au XVIIe et XVIIIe siècle (ce qui est — toujours — une fadaise), c’est avant tout et pour la plus grande part le fruit d’un travail de sape opéré par… les dames de l’époque. Ce à quoi de gros malins rétorquent : « Ouais, mais c’est à l’insu de leur plein gré, c’est parce qu’elles étaient inconsciemment influencées par la société totalement machiste dans laquelle elles étaient immergées. » Et on est reparti pour un tour… Bref, tout cela manque un chouïa de sérénité et de sérieux.

Cordialement,

Amalric