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Message : Re: Capitalisation des sigles & acronymes

(Jean-Pierre Lacroux) - Mercredi 02 Juillet 1997
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Subject:    Re: Capitalisation des sigles & acronymes
Date:    Wed, 02 Jul 1997 19:54:14 +0100
From:    Jean-Pierre Lacroux <lacroux@xxxxxxxxx>

Gilles Perez écrit:
> Pourquoi ne pourrait-on pas mettre les sigles en petites capitales (au lieu
> de plusieurs capitales qui sont vraiment trop voyantes pour une expression
> que l'on veut justement abrégée) ? [...]
> Je serais bien curieux de connaître vos raisons (en privé si vous pensez
> que ça n'intéressera pas grand monde).
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> Patrick Cazaux écrit:
> C'est un usage qui tend à se répandre, d'écrire comme des noms propres, à
> savoir cap et bdc, les sigles qui peuvent se prononcer, et pas seulement les
> acronymles, qui, je crois, ont été conçus pour cela. Et après tout, pourquoi
> pas, surtout dans un texte ou il y en a plusieurs, ce qui évitera des accrocs
> dans le gris typographique.
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Comme vos réactions sont assez proches, je me permets de vous adresser
une réponse commune.
On « peut » composer les sigles en petites capitales ou en bas de
casse... et beaucoup le font. Si je n'aime guère (je veux dire « pas du
tout ») cette façon de faire, c'est pour des raisons à la fois
linguistiques et typographiques...

En français, sigle et acronyme sont deux termes qui ont acquis des
acceptions précises. Leur mode de formation est parfois identique (pas
toujours), leur lecture est radicalement différente.
Le point capital, pour le lecteur, ce n'est pas le gris typographique,
c'est l'adéquation entre l'oral et l'écrit. Elle n'est pas si fréquente
en français... Ne ruinons pas un des rares cas où elle pourrait être
effective...

Un sigle qui « peut » mais « ne doit pas » se lire comme un mot
ordinaire n'est pas un acronyme... Exemple : l'O.U.A. Rien n'empêche de
lire « oua », avec une aisance comparable à celle qui nous fait dire
« oui »... Surtout si l'on compose OUA ou, pis, Oua...
Voilà pourquoi il est judicieux de composer les vrais sigles (épelés) en
grandes capitales suivies d'un point abréviatif (C.G.T.), sans espace,
les acronymes formés d'initiales en grandes capitales collées (OTAN),
les acronymes syllabiques ou pseudosyllabiques en bas de casse avec
l'initiale en grande capitale (Afnor) et les acronymes lexicalisés en
bas de casse (radar).
Ça complique la vie du scripteur mais ça facilite celle du lecteur... Or
les « règles » typographiques sont faites pour cela... non pour autre
chose.

J'aime aussi les beaux gris typographique. Si je tombe sur un texte qui
grouile de formules chimiques ou mathématiques, je ne vais tout de même
pas me désoler et supprimer les indices, les exposants, remplacer les
capitales par de petites capitales... Vous voulez mon sentiment
personnel ? Si les capitales des sigles ruinent le gris, c'est sans
doute qu'il y a trop de sigles dans le texte... et c'est bien fait si le
gris est moche... C'est cohérent...

Quant aux petites capitales, ce ne sont pas des majuscules mais des
« minuscules » (syntaxiques) habillées en capitales... C'est ce qui fait
leur intérêt typographique. Je veux bien (façon de parler...) que l'on
compose les sigles en petites capitales, si l'on accorde une grande
capitale à la première initiale... Cette effarante « première initiale »
résume bien l'absurdité du procédé...

Cordialement,
Jean-Pierre Lacroux
lacroux@xxxxxxxxx
Bibliographies (langue française, orthotypographie) :
http://users.skynet.be/sky37816/Lx.html
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