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Message : Re: Barre oblique / (+ noms et prénoms )

(Philippe JALLON) - Lundi 10 Novembre 1997
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Subject:    Re: Barre oblique / (+ noms et prénoms )
Date:    Mon, 10 Nov 1997 13:46:06 +0200
From:    Philippe JALLON <panafmed@xxxxxxxxxxx>

>>La question que je me pose n'a rien d'un débat saignant, mais si je
>>pouvais avoir une réponse adéquate, j'en serais ravi. La voici : quel
>>usage destinez vous à la barre oblique, le slash, dans vos textes ? [?]
>   C'est ce qu'au lycée mes profs de français (et autres) appelaient du
>« style télégraphique ». Ce n'est tout simplement pas correctement ou
>complètement rédigé :  cela est acceptable pour un brouillon ou des
>échanges très peu formels entre collaborateurs (c'est-à-dire dans un cercle
>restreint et bien délimité). [?]
Cet artifice appartient, certes, à une expression écrite peu rigoureuse.
Bien que me l'interdise en temps normal, j'y ai toutefois recours dans la «
titraille » : titres, intertitres, accroches, voire légendes, etc. Et cela,
pour d'évidentes raisons de brièveté et de rapidité de lecture.

>>Accepteriez-vous des choses comme cela :
>>- "La  belle de Cadix" avec Carlo Di Angelo/Katya Blas/André Avon ;
>>- La bataille juridique Apple/Microsoft ;
>>- L'attitude des grévistes/syndicalistes...
Oui, dans les conditions limitatives énumérées ci-dessus.

>   [?] va falloir
>vous coltiner les féministes outranciers et autres « politically correct »
>avec leurs inutiles et agressifs « she/he », « her/him », etc., et ça, ça
>risque d'être sanglant !  Sans oublier le non moins inutile « et/ou ».
On peut tout aussi bien utiliser, pour un résultat identique, les
parenthèses : il (elle) est fatigué(e), mes amis et (ou) leurs parents.
On peut même compliquer jusqu'au parfait ridicule : mes ami(e)s et (ou)
leurs conjoint(e)s sont fatigué(e)s?

>>Question subsidiaire : où auriez-vous mis le point d'interrogation dans le
>>paragraphe précédent ?
Avant ou après les points de suspension qui suivent le mot « syndicaliste
». Même si - me semble-t-il - l'orthodoxie va à l'encontre de l'effet
visuel. En revanche, j'aurais écrit en minuscules les trois articles
définis de l'énumération.

>>Dernière question : que pensez-vous de cette habitude, que je m'efforce de
>>combattre, consistant à écrire les noms propres entièrement en cap, comme
>>le font toutes les secrétaires de France et de Navarre, et tous leurs
>>collègues par contagion ?
La tradition veut que, dans la correspondance administrative ou
commerciale, on écrive les noms propres (et pas seulement les noms de
famille) en capitales. C'est effectivement moche, mais cela permet
d'identifier plus rapidement la substance d'un texte.

>   C'est une habitude détestable, lorsque c'est l'occasion de supprimer les
>signes diacritiques !
Avec l'informatisation triomphante, ce prétexte n'a plus aucune
justification. On l'a évoqué lors de discussions précédentes.

>>   Dans l'Europe chrétienne au moins, le nom, le vrai nom, est le nom
>>chrétien, c'est-à-dire le prénom.
>   Le fait de donner trop d'importance au nom de famille en le capitalisant
>est donc plutôt malvenu.
En Afrique noire, c'est exactement l'inverse : on appelle (même entre
intimes) les gens par leur nom, le prénom étant plus volontiers considéré
comme l'attribut des Blancs. Le choix d'un prénom relève d'ailleurs souvent
du gadget, d'où abondance de prénoms que d'aucuns, sur les bords de la
Seine, jugeraient plus ou moins loufoques : Clovis, Charlemagne, Désiré,
ainsi que toute une brochette de prénoms issus de l'Antiquité grecque ou
romaine - jusqu'à « ATR », prénom donné à un Gabonais qui vit le jour à
bord d'un ATR-42 !!! Il est par ailleurs fréquent de désigner les gens - y
compris dans la presse ou pour des personnages importants - par leur nom
suivi du prénom : Traoré Abdoulaye, plutôt que Mamadou Konaté. Il y a
peut-être là une similitude avec certains pays d'Asie du Sud-Est, où le nom
précède le(s) prénom(s) : TRAN Te-Hung ou KIM Mai-Han (j'invente ces
prénoms de toutes pièces, juste pour l'exemple).
La question se corse avec les noms doubles. Ce cas de figure est très
courant en Afrique : au nom du père s'ajoute souvent le nom d'un ancêtre
(en général, un oncle ou un grand-parent). Faut-il alors parler de Denis
SASSOU NGUESSO (bonne réponse) ou de Denis Sassou NGUESSO (mauvaise
réponse) ? [Par parenthèse, Nguesso ne se prononce pas « haine-gué-sot »,
mais « Nguesso » ; comme d'ailleurs tous les noms africains qui commencent
par N (Ndiaye, Ndadaye?), M (Mbaye, Mkapa?) et K (Kpatindé, Kpormakpor?).]
Cas de figure encore plus spécifique : celui des postnoms, que Mobutu
imposa, au nom de l'authenticité africaine. Le défunt maréchal-président
s'appelait Joseph-Désiré Mobutu, il se « zaïrisa » en Mobutu Sese Seko -
j'ai oublié son nom complet, qui ne tient d'ailleurs pas sur une seule
ligne :-D

>   Sans aller chercher si loin (?), que fera-t-on avec le nom suivant ?
>   « Bernard Marie du Chayron de Beaumont d'Abzac de la Douze »
En voilà une question qu'elle est bonne :-))


Philippe JALLON	panafmed@xxxxxxxxxxx
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