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Message : Re: Défense de la typographie - marché de la composition

(Alain Hurtig) - Vendredi 21 Novembre 1997
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Subject:    Re: Défense de la typographie - marché de la composition
Date:    Fri, 21 Nov 1997 06:26:09 +0100
From:    Alain Hurtig <alain.hurtig@xxxxxx>

At 3:40 +0100 20/11/97, Olivier RANDIER wrote:
>Bien sûr, il n'y a rien dans la charte (Alain, arrête-moi si je me trompe)
>qui nous interdit, si un consensus se dégage sur des points précis,
>d'entreprendre des actions plus concrètes. Mais, bon, la liste n'existe que
>depuis février, accordons-nous le temps de la réflexion.
>
C'est même tout le contraire... Les plus anciens se souviennent peut-être
qu'on avait commencé à mener une réflexion sur Unicode 2, dans le but de
fournir une expertise sur l'encodage de certains caractères absents. Le
débat portait surtout sur les petites capitales. Et puis, ça c'est enlisé,
et puis ça c'est arrêté...

On peut recommencer si on veut (le projet m'interresse toujours, en tout
cas), ou travailler en commun sur autre chose. Bref, la liste peut rester
ce qu'elle est (un lieu de discussions, d'échanges et de plaisir) ou
évoluer partiellement vers un comité de travail. C'est au choix de ses
participants : une liste appartient à ceux qui la composent, non ?

>Les lettres d'injures, en tout cas, ne s'accordent pas à l'esprit de ce
>lieu ;-)
>
Les belles lettres d'injure, dans la tradition surréaliste et
situationnistes, bien composées avec une belle fonte, un empagement
sublime, sur un papier moelleux, font à mon sens partie de l« esprit de la
liste » ;-))).

>Une remarque : il me paraît fallacieux d'associer typographie et
>francophonie. Nous traitons la forme du texte, non son contenu.
>
J'ai du mal à être d'accord avec ces deux assertions.

D'abord, le contenu n'est pas indépendant de la forme : on peut magnifier
un texte avec une belle typographie, et on peut l'assassiner avec une
typographie inadaptée. Naturellement, homris les cas extrêmes où la forme
graphique l'emporte sur le fond (je pense aux maquettes déjantées de
_Wired_, ou aux travaux de K. Schwiters, par exemple), la plus belle
composition ne fera jamais un chef d'oeuvre d'un texte plat et nul (à
l'inverse, la typo la plus vilaine n'ôtera jamais de tout son intérêt un
texte fondamental). C'est finalement là le fondement implicite (et parfois
explicite) de notre activité (je n'ose parler ici de « travail », tant il y
a sur la liste d'amateurs savants, talentueux et éclairés...)

Ensuite, le lien entre « typographie » et « francophonie » me paraît
essentiel. Nous en avons longuement débattu sur cette liste : les
traditions typographiques font partie intégrante de la culture d'un pays,
de « l'âme » d'un peuple. « L'applatissement » progressif de la typographie
- sous le double impact de l'américanisation des goûts et de la
démocratisation [en elle-même souhaitable, mais fort mal maîtrisée]
d'outils pseudo-typographiques [multiplicité des polices disponibles,
traitements de textes hyper-puissants, etc.] - cet applatissement, donc,
est préjuduciable à la culture française et francophone (mais aussi suisse,
allemande, et j'en passe). Sans aller jusqu'à devenir un sourcilleux
« gardien du temple », rigide et dogmatique, et tout en sachant s'adapter à
l'esprit du temps, au changement des moeurs et des goûts (dont il est aussi
le reflet), le typographe me semble être un pôle de résistance à des
tendances qui, à la longue, deviennent néfastes.

Voilà, c'était mon quart d'heure chauvin ;-)))). On ne m'y reprendra plus,
promis ! :-))))

    Alain Hurtig
mailto:alain.hurtig@xxxxxx
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Si vous pensez avoir enfin trouvé la solution, eh bien ! une bonne nuit
de sommeil et il n'y paraîtra plus.
  Brigitte Fontaine