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Message : Re: questions de neophyte

(Patrick Cazaux) - Samedi 13 Décembre 1997
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Subject:    Re: questions de neophyte
Date:    Sat, 13 Dec 97 22:51:18 +0100
From:    Patrick Cazaux <pcazaux@xxxxxxxxxxx>

Alain Hurtig disait le 13/12/97 15:11

>> Comment l'idée « il ne faut pas accentuer les majusucules » est-elle
>>passée dans l'opinion populaire ? Uniquement à force d'en voir sans ?
>>
>Il semble que ce soit le cas : sous l'impact double de la machine à écrire,
>et des linotypes/monotypes et plusencore des photocomposeuses, lesquelles,
>américaines d'origine, auraient été livrées avec des casses n'ayant pas de
>capitales accentuées.

J'enfoncerai encore un peu le coin en disant du mal des écoles de dactylo :
la philosophie de ces écoles, du moins celles d'il y a pas mal d'années, a été
d'enseigner non seulement la frappe sur un clavier, ce qui est une simple technique,
mais aussi une certaine attitude vis-à-vis du travail de secrétariat. Il en est 
issu une méthode très rigoureuse et très normative de traiter son travail et ses 
rapports avec son patron. Dans cette optique, il était hors de question, de la part
des enseignants, d'avouer benoîtement leur incapacité, ou plutôt celle de la machine,
à fournir des caps accentuées. D'où le honteux mensonge normatif : il ne faut pas en
mettre.
On trouve d'autres indices de cette analyse (toute personnelle) : la manie de composer
les noms propres tout en caps, en premier lieu. Je suis persuadé que cela vient de la révérence obséquieuse que l'on inculquait à ces demoiselles envers leur boss tout
puissant, révérence qui se matérialisait typographiquement par l'emploi abusif de la
majuscule, qui finit, par contagion, par gagner tous les noms propres, ainsi que l'initiale
des organismes, services, corps, assemblées et fonctions de tous poils.

On y trouve aussi la manie de sauter d'innombrables lignes dans un courrier, de faire
commencer chaque paragraphe avec un retrait d'alinéa de 2 mètres cinquante, ces deux
choix étant non exclusifs l'un de l'autre, ce qui avait vite fait de transformer le
plus humble courrier en vieux peigne édenté, ce qui devait sembler du dernier chic,
mais qui transforme la lecture en un parcours du combattant ou l'oeil du malheureux
lecteur passe son temps à sauter de paragraphe en paragraphe comme  qui veut passer une
rivière en bondissant de cailloux en cailloux.

Pour finir, la dactylo étant dans l'entreprise la spécialiste du caractère imprimé,
ses avis avaient force de loi, et voilà pourquoi votre fille est malade.

Patrick Cazaux
Cadratin
pcazaux@xxxxxxxxxxx