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Message : Doit-on restreindre l'usage des caractères à la langue officielle dans les documents légaux ? (Alain LaBonté ) - Vendredi 06 Février 1998 |
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Subject: | Doit-on restreindre l'usage des caractères à la langue officielle dans les documents légaux ? |
Date: | Fri, 06 Feb 1998 10:40:10 -0500 |
From: | Alain LaBonté <alb@xxxxxxxxxxxxxx> |
A 09:36 06/02/98 -0500, Yves Luc Hudon a écrit, en réponse à la missive de Jiàn : >[Yves Hudon]: >J'aimerais apporter une nuance sur ce qui me semble être une interprétation >du jugement rendu dans le cas du registraire de l'état civil qui avait refusé >le nom d'un jeune enfant sous prétexte qu'on ne pouvait pas taper le á du >prénom en question, d'origine portugaise. > >Si ma mémoire est fidèle, le juge aurait basé son jugement sur: >1- le fait que le registraire de l'état civil s'est >«auto-pelure-de-bananisé» :-) en plaidoyant maladroitement que son système >informatique ne pouvait pas traiter ce caractère portugais... Ce qui n'était >pas une bonne raison (administrativement parlant) et qui était une erreur >monumentale pour qui connaît le travail colossal réalisé par mon collègue >Alain LaBonté sur notamment le codage des caractères...; > >2- le fait que le caractère «e» et l'accent aigu «´» sont utilisés par la >langue française. > >Alors, le juge a donné raison aux demandeurs. > >En ce qui concerne l'utilisation de tout autre caractère (chinois, russes, >arabes, coréens, hébreux), je crois au contraire que ce jugement vient de >fermer la porte. > >Là n'est pas le débat. Et c'est pourquoi, je partage votre opinion: le >caractère «áÁ» n'étant pas utilisé dans la langue française, cela constitue >en soi une raison suffisante pour ne pas inscrire un tel caractère dans un >document légal *en français*. [Alain] : Je ne partage pas cette opinion de mon estimé collègue. Elle est imprudente. À mon avis, la technologie doit être capable à l'avenir de véhiculer toute langue (y compris le chinois, l'arabe, l'hébreu, le grec, le russe, par exemple), tout comme l'imprimerie a toujours su le faire depuis la fin du Moyen-Âge sans contrainte technologique. Et je ne ferais pas d'exception pour les documents légaux, qui sont avant tout des documents, point, et qui ne sont pas, pour la commmunication, plus divins que les autres. On ne sait jamais quand de telles exceptions ne nous retomberaient pas sur la tête. Mais attention, cela est une chose, et c'en est une autre que de dire que les langues en question sont officielles partout. Je ne dis pas que l'on doit se faire les chantres du multiculturalisme inconditionnel à l'intérieur des frontières d'un pays. Tout comme Jiàn, je crois que cela n'est pas une bonne chose, car cela favorise aussi les « ghettos » et, loin d'unir (ce qui est parfois la bonne intention de départ de cette philosophie), cela est un facteur de division (ce qui est aussi parfois une intention de départ de la même philosophie, pour d'autres personnes, ce que l'on sait trop bien au Canada)... Mais il faut nuancer... cela ne veut pas dire non plus de se fermer au monde dans lequel nous vivons, et qui est de plus en plus planétaire. Il suffit à toute langue de s'assurer que son foyer linguistique est bien en place et que son rayonnement est assuré, ce qui nécessite des mesures restrictives, bien sûr, mais pas plus qu'il n'en faut (car qui parle de rayonnement doit aussi penser à assumer une certaine réciprocité, le tout n'étant qu'une question d'équilibre à bien prendre garde de ne pas rompre). Et l'harmonie s'installe alors d'elle-même. Je ne dis pas que cela est facile à réaliser (rien ne l'est sur terre), mais c'est une éthique qui devrait nous guider. Alain LaBonté Québec
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