Archive Liste Typographie
Message : Caslon Antique & Consort en toc (Thierry Bouche) - Vendredi 20 Mars 1998 |
Navigation par date [ Précédent Index Suivant ] Navigation par sujet [ Précédent Index Suivant ] |
Subject: | Caslon Antique & Consort en toc |
Date: | Fri, 20 Mar 1998 19:08:17 +0100 (MET) |
From: | Thierry Bouche <Thierry.Bouche@xxxxxxxxxxxxxxx> |
Caslon Antique existe en type 1, j'en ai une version Bitstream. À mon avis ça ne peut même pas servir sur une affiche de musique baroque (imaginez -- à propos d'intégrisme -- la tête d'un ami bassoniste baroque le jour où je lui demandai pourquoi on ne pourrait pas jouer du Froberger au synthé si ça nous chantait tandis que la meilleure interprétation de Pärt que je connaisse était précisément le fait d'un ensemble de musique ancienne sur instruments anciens) : le Garamond 1520 de Tiro l'enfonce trop sur ce point ! De toute façon, ces fontes altérées ne sont crédibles que si elles recourrent à un minimum d'aléatoire, car sinon on tombe vite sur le côté idiot de la fonte à rançons du Mac à la deuxième ou troisième apparition de la même lettre. Comme le faisait remarquer un honorable membre de çt'aréopage, ça peut même tourner au ridicule pour les accents quand le même accent altéré de la même façon se trouve sur plusieurs lettres (altérées quant à elles de façons variées). J'avais fait il y a assez longtemps un petit topo sur les fontes plus ou moins aléatoires de la bande Beowulf. Mais justement Beowulf, dont le dessin sousjacent est la lettre manuscrite de chancellerie (le genre de chose qui inspira palatino) pourrait prétendre finalement aussi à ce nom de X Antique. Quoique ses altérations aléatoires ne soient pas conçues pour reproduire une mauvaise qualité d'impression par exemple. Beaucoup plus intéressant à mon avis que toutes ces grungeries, sont ce que j'appelle les humanes littérales : des fontes Postscript qui n'essaient pas de « reproduire » le contour idéal (et absolument virtuel) de caractères anciens (comme les Jenson, Garamond d'Adobe) mais qui sont en pratique un scan brut de pomme de caractères _tels qu'ils furent imprimés_ à l'époque. Le père de ces caractères est le Poliphilus réalisé en 1930 par Monotype (donc pour être utilisé en composition chaude -- et sans scanner ;-) à partir d'un exemplaire imprimé du fameux ouvrage imprimé par Aldus [les types sont de Griffo]. Une fois l'espacement ajusté, et l'empagement adapté, on peut réaliser avec ces caractères des compositions fragiles et mystérieuses !... J'en connais peu, en fait. J'ai découvert récemment que Hoefler en avait produit quelques uns. Mais là encore, ces polices souffrent du fait qu'on réimprime à l'infini et trop fidèlement _un_ avatar couché un jour sur _une_ page, et non toute la richesse d'imprévu, de surprises que nous réservait la lecture du moindre incunable !... Th. B. « et, quoique l'on pourrait mettre un point d'exclamation à la fin de chaque phrase, ce n'est peut-être pas une raison pour s'en dispenser ! » Comte de Lautréamont, 1869 !...
- Caslon Antique & Consort en toc, Thierry Bouche <=