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Message : Re: classifications

(Jacques Andre) - Dimanche 26 Juillet 1998
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Subject:    Re: classifications
Date:    Sun, 26 Jul 1998 08:57:06 +0200
From:    Jacques Andre <Jacques.Andre@xxxxxxxx>

Caroline Leduc wrote:
>
> Mon problème est basique, en fait : celui de la classification. Celle de Vox
> me semble vraiment pas mal, mais je ne suis pas du tout au fait des
> clasifications modernes, certainement plus à même de gérer le nombre
> grandissant des polices. Et encore, celle-ci me pose souvent pas mal de
> problèmes, et je ne sais pas toujours où classer certaines de mes
> typographies, ne possédant pas de références vraiment complètes sur la
> méthode Vox (dans mon esquisse de manuel, la description de chaque famille
> tient en cinq lignes et un exemple...). Auriez-vous un ouvrage de référence?

Il y a au moins _La chose imprimée_, une encyclopédie dirigée par
Dreyfus et Richaudeau (éditée chz Retz, mais épuisée- on en trouve
parfois d'occasion et il y a une nouvelle réédition en cours).
La classification de Vox/ATypi y est décrite sur trois pages (et celle
ancienne de Thibaudeau en 10 lignes).

Richaudeau donne (pages 62 à 72) 5 classifications dans son _Manuel de
typographie et
de mise en page_; toujours chez Retz (mais ouvrage que je ne recommande
pas d'acheter car il a une vision trop personnelle et parfois
aberrante du sujet). 
Ces 5 classifications sont :
- Thibaudeau (1920?), basées sur la présence ou absence
de patins,
-Vox ATypI (1953) = Thibaudeau + origine historique (les garaldes etc.)
et le style
- Novarese (1958), version italienne de Thibaudeau
- Le codex 80 d'Alessandrini (1979) que ce dernier a crré quand
  c'était la mode des lettres-transferts (donc l'invention de nouvelles
fontes de fantaisie) classification qui n'a pas l'air d'voir été très
répandue, pourtant l'idée était bonne !
- enfin Richaudeau parle de la grille de Bertin qui est à mon avis
plutot une façon de considérer les variations sur un caractère (graisse,
encre, couleur, texture, orientation, etc.).

Il y aussi la classification Allemande DIN 16518 dont je ne sais pas
si elle est très différente de celle de Vox !

Il existe enfin au moins une autre classification très importante, 
celle de  Noordzij (vers 1985?), qui a longtemps été l'éditeur de la
revue Letterletter en Hollande. 
Clasification qui comme celle de Vox est basée sur la forme de la
lettre et de sa connotation historique. (il propose des Vénitiens,
des baroques, des néo-classiques,e tc.), mais et c'est là où est toute
la nouveauté, il introduit les notions de translation et d'expansion
et propose un « espace typographique » ou « cube typographique » 
qui n'est que ce qu'a repris plus tard Adobe sous le nom de MM !
Il était paru il y a 2 ou 3 ans un article sur cette classification
dans _Communicaiton et langages_, mais je ne le retrouve plus.
Certaines fonderies (comme Scangraphic Mannesmann) basent leurs
catalogues sur cette classification.

Le problème des classifications est effectivement complexe. Il faut être
assez large pour pouvoir faire entrer le plus de critéres de choix,
et pas trop pour ne pas avoir trops de classes. Il faut surtout que
les critères soient bien discréminatoires. Ce 'nest pas le cas des
garaldes, humanes et réales de Vox que bien peu de gens savent
distinguer.
Il faut aussi savoir à quoi sert une classification :
- classer les fontes pour les catalogues. Or aujourd'hui ce n'est pas
le nombre de fontes qui est génant, c'est que les critères du type
patin/pas-patin sont inutilisables avec par exemple les multimasters
(ce qui donne peut etre du poids à Noordzij).
- trouver une fonte de remplacement (par exemple pour PDF) et là les
critères sont souvent des critères métriques (meme chasse, meme hauteur
d'oeil, etc.).
- mais aussi (on l'oublie trop souvent dans les classifications)
proposer des fontes pour un certain type de travail et les critères
sont alors ceux d'adéquation d'un caractère au texte, de lisibilité,
de subtilité, de rythme, de gris, etc. autant de choses difficilement
quantifiables (et très liées donc à l'usage de la lettre, au contenu
de la page et plus seulement au caractère pris individuellement).


-- 
Jacques André
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