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Message : Re: URL-Composition

(Jef Tombeur) - Samedi 19 Septembre 1998
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Subject:    Re: URL-Composition
Date:    Sat, 19 Sep 1998 12:19:23 +0200
From:    "Jef Tombeur" <jtombeur@xxxxxxxxxxxxxx>

-----Message d'origine-----
De : CHARLET Jean

>>
>> Comment composer, de façon typographiquement correcte, un URL
(adresse
>Internet), notamment lorsqu'il se trouve en fin de phrase?
>
>Je suis aussi preneur d'avis "typographiques" sur la question.


Je n'ai aucun avis typographique sur la question qui se pose pour moi
au moins une fois et demie par mois puisque je rédige une petite
rubrique consacrée à présenter des sites dans deux magazines. Lors du
changement de maquette, j'ai obtenu que ma page préserve sa fausse
justif. sur deux cols. Mais je dois citer parfois un(e) Url (sur le
sexe de l'Url, référant ou non à "adresse Internet", je glisse) sur
une col.
Ma seule solution consiste à considérer l'ensemble comme un nom très
long, genre "anticonstitutionnellement". Et donc à rédiger la phrase
en fonction de sa longueur pour éviter les césures (que j'effectue au
/ sans tiret évidemment). Et, en dernière ligne, je vais écrire non
pas " consultez par exemple www.xxx.yy/zzzz.html" mais "consultez
www.xxx.yy/zzzz.html par exemple." Sans virgule.
Je ne sais pas ce que peuvent en penser Richaudeau ou Guéry, mais
j'estime qu'il faudra de toute façon préconiser quelque chose en
songeant au fait qu'il serait fâcheux d'avoir une préconisation pour
le papier et une autre pour le support électronique (par exemple, un
texte localisé sur CD).
Or, sur support électronique, le texte va être monté à l'écran. Selon
le formateur (pour reprendre l'expression de Jacques André pour les
traitements de texte, les logiciels de PAO, etc.), il apparaîtra ou
non en bleu, souligné, et sera "cliquable". Ou plus simplement, le
lecteur va opérer une sélection de la citation (l'URL), copier, et
coller dans le champ "adresse" de son navigateur. S'il y a un point,
une virgule, il va souvent "l'embarquer" et se retrouver face à un
message d'erreur (genre : unknown server). Un tiret de césure générera
le même résultat.
A mon humble avis, la solution la plus satisfaisante serait de
recommander (et non imposer) un traitement spécifique des URL en
renvoi dans un espace qui leur soit réservé dans la page (sous filet,
en encadré, etc.).
Ce qui permettrait d'écrire "voir la page de XXXX.com," ou "voir la
page du site YYYY", sans mentionner l'Url à cet endroit, et que l'Url
développé soit consultable ailleurs, dans la même page, en fausse
justif. au besoin.
La typo ne doit pas compliquer la tâche du lecteur (lire, consulter),
c'est admis. Elle ne devrait pas non plus compliquer la tâche du
rédacteur (rédiger en pensant à simplifier la tâche du lecteur).
Exemple : comment caser un Url dans une légende au fer latéralement à
l'image (sur une courte justif, cf. SVM Mac, dont certaines légendes
de ce type ne dépassent guère 30 mm, et bien d'autres cas du même
genre) ?
La césure devient incontournable, la césure au / exigerait une
étroitisation trop importante (exemple, sur 30 mm, casez
perso.club-internet.fr/pagesperso/frenchbaguettesfonts1.html ou tout
autre Url du même gabarit).
Tout ce que je veux souligner fortement ici, c'est que toute
recommandation typographique doit aussi prendre en compte les
pratiques des rédacteurs. Déjà, nous sommes confrontés en permanence à
la dictature des DA pour les titres. Pour l'agrément de l'oeil du
lecteur de magazines, on finit par imposer au rédacteur de rédiger des
titres en trois ou quatre mots seulement, supposés incitatifs
(informatifs, c'est souvent impossible, indépendamment du talent du
rédacteur). Le même problème se pose avec les chapeaux trop étroits.
Par exemple, toujours SVM Mac de septembre, page 48.
Chapeau

Qui n'a pas rêvé
d'un écran qui
s'accrocherait
au mur comme
un tableau ?
Mais jusqu'à main-
tenant, les moni-
teurs sveltes... (etc.)
Donc, comme je livre des papiers formatés, si je dois écrire ce type
de chapeau sur 40 mm, je vais essayer d'éviter ce main- et ce moni-,
en sabrant le "Mais", en utilisant "présent" en lieu et place de
"maintenant", et "écrans" en lieu et place de "moniteurs", ce qui
m'oblige, pour éviter la répétition, de débuter par "Qui n'a pas rêvé
d'un moniteur", etc. Là, c'est simple. C'est souvent beaucoup,
beaucoup plus ardu. Il y a d'ores et déjà énormément de mots que je
n'emploie plus dans un chapeau de cette justif. Ils généreraient trop
de césures. Je vais devoir, dans un pareil cas, bannir "encombrement"
au profit de "volume", "fort" va être substitué à "important", etc.
Ceci ne nous éloigne pas du sujet : on finira par arriver au stade où
le rédacteur ne donnera plus l'Url complet (l'information utile,
immédiate, qui simplifie la vie du lecteur), mais ne mentionnera plus
que le site, ou fera l'impasse, en écrivant "information disponible en
ligne" (voire "info dispo en ligne"), sans plus de précision (lecteur,
débrouille-toi pour trouver l'information utile en lançant un moteur,
en fouillant le site, et adresse tes remarques au responsable de la
PAO).
Imaginez que lorsqu'une nouvelle charte bannissant les guillemets
français et les espaces insécables au profit de guillemets anglais
sans espaces m'a été communiquée, j'ai protesté pour la forme (les
décideurs ignorent superbement les rédacteurs, ce ne sont plus que des
utilités, les publications sont des choses trop sérieuses pour prendre
l'avis des auteurs). Mais intérieurement, j'étais soulagé d'un souci.
Sur une justif. courante de 35 mm, c'est beaucoup plus pratique.
Désolé que ce message soit un peu long.

Jef Tombeur