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Message : Re: Existe-t-il un objet nomme "eLivre" ? (Olivier RANDIER) - Lundi 28 Septembre 1998 |
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Subject: | Re: Existe-t-il un objet nomme "eLivre" ? |
Date: | Mon, 28 Sep 1998 03:40:18 +0200 |
From: | Olivier RANDIER <orandier@xxxxxxxxxxx> |
>(Ce qui suit est extrait d'une réponse faite en privé à Éric Angelini) >Les PDF lissent tout, affadissent les mises en pages. Ce n'est pas la >première fois que je le remarque. > Primo, les polices ne sont _pas_ faites pour être lues en 72 DPI (et >c'est spécialement vrai pour les didones). Attention, l'équation écran = 72 dpi ne sera pas toujours vraie (elle ne l'est déja plus avec les écrans multisync', comme tu l'as fait remarquer). Quand j'imagine un objet qui servirait de "livre électronique", il est clair pour moi qu'à 72 dpi, je n'acheterais pas, je tiens à mes yeux. À 150, je commencerais à réfléchir, à 300, vous m'en mettrez deux. À propos, qui connait les valeurs de résolution des écrans multisync' selon l'affichage ? Le problème du lissage découle de ça. À 72 dpi, le lissage d'ATM procure une sensation de flou un peu déplaisante, même si c'est quand même un progrès. Je suis persuadé qu'avec un écran à 300, on commencera à s'approcher du rendu du livre (sauf peut-être pour des détails fins, comme ceux des didones). > Secondo, l'oeil « glisse » sur l'écran, alors qu'il accroche sur le >papier : le processus de lecture est très différent. J'avais lu un article >là-dessus, mais j'ai perdu les références - en tout cas, le fonctionnement >strictement physiologique de la lecture (le couple mouvement >oculaire/mobilisation neuronale) n'a rien à voir, le processus affectif et >psychologique non plus. Je pense qu'un facteur important de cette "glissade" est qu'il est fastidieux de lire un écran vertical ; l'arrivée d'écrans de taille plus proche d'un livre de poche, qu'on tiendra à la main, risque de changer les données du problème. L'ergonomie, donc le vécu, sera totalement différente. Comme toi, j'ai beaucoup de mal à lire vraiment quelque chose sur un écran, qui m'incite à zapper. Je ne suis pas sûr que j'aurai le même problème avec un objet tenu à la main, que je pourrais plus facilement m'approprier. Incidemment, ce problème rejoint celui du format : on n'a pas du tout la même relation avec un livre de poche qu'on tient à la main, qu'avec des grands formats qu'il faut poser sur une table. > Tertio, mais c'est contingent, on gagne sur papier des tas d'accidents >(de surface, d'encrage, etc.), plus une sensation tactile et olfactive (et >auditive aussi) irreproductibles à l'écran. C'est la supériorité du papier ! Tout à fait d'accord, et j'espère bien que celui-ci ne disparaitra pas. Mais pour la texture, il est maintenant bien admis que le blanc de l'écran n'est pas satisfaisant, et on tend à chercher des textures de fond qui agressent moins l'oeil. Même si ça aboutit pour l'instant généralement à l'effet inverse, même si les gris de Windows ou de Netscape montrent bien que leurs ergonomistes n'ont rien compris, je pense qu'on aboutira petit à petit à un consensus honorable. Pour le reste, sais-tu que l'un des livres électroniques proposés a une couverture en cuir ? ;-) >-- >À titre d'exemple du second point, je propose l'émergence de polices >spécifiquement destinées à la lecture sur écran, comme Verdana (l'essayer, >c'est l'adopter !). Polices qui ne doivent guère au travail des >typographes, et presque tout à celui des ergonomes : vous avez essayé >d'imprimer ces machins ? Et pourtant, sur écran, ça fonctionne mieux que >bien, et pour toutes sortes de textes... Là encore, il faut relativiser, en fonction de la définition de l'écran. Certes, il faudra adapter les polices à cet usage, et en créer de nouvelles (mais ce n'est pas nouveau). L'une des conséquences amusantes est que l'on va sans doute revenir à un interlettrage plus lâche, comme l'on faisait autrefois, et oublier les sombres années actuelles, où l'on cherche toujours à composer le dictionnaire sur un timbre-poste (ceux qui travaille dans la pub, comme moi, savent de quoi je parle). Parce qu'à l'écran, quand les signes se touchent, on ne comprend plus rien. Quand au Verdana, franchement, je n'aime pas ces linéales américaines. Pour lire mon courrier, j'utilise du Frutiger condensé. Avec l'antialiasing d'ATM, je te conseille d'essayer. >La conclusion de tout ça, c'est que la logique de lecture sur les deux >supports (papier et écran) est tellement différente que la mise en pages, >en forme, ne peut pas être la même. Les graphistes « multimédia » le savent >d'ailleurs bien, pour avoir été tentés pendant quelques temps de singer >l'imprimé (sur les CD-ROM, en particulier), puis avoir totalement abandonné >cette impasse et être en train de créer une autre esthétique, de dégager >d'autres règles et d'autres contraintes, spécifiques à leur art. Faut-il pour autant faire _tabula rasa_ ? Je ne pense pas. >Bref, pour moi, il n'existe pas d'objet que l'on pourrait nommer >« eLivre ». Si c'est électronique, ce n'est pas un livre... On s'est >beaucoup excités sur la liste (moi y compris) à propos des écrans >extra-plats, souples, etc., qui pourraient permettre d'avoir une >bibliothèque entière dans sa poche. À bien y réfléchir, ce genre de système >permettra (peut-être) de _relire_ un texte, mais pas de le lire pour la >première fois. Et puis, comme le faisait remarquer quelqu'un (Olivier, je >crois), comment corner les pages, griffonner une note en marge, etc. ? >Comment restituer une double page ? Comment... (Je rappelle que l'arrivée >du fameux « bureau sans papier » a déclenché une augmentation exponentielle >de la production d'imprimés ;-)). À mon avis, tu te berces d'illusions. Je prédis que ces systèmes, quand ils seront au point, connaîtront le même succès que les portables et autres mobiles. Donc, les gens s'en serviront pour lire, et pas seulement comme bloc-notes. De plus, l'électronique apportera des services rapidement incontournables. L'hypertexte a révolutionné la notion de lecture, notamment pour les encyclopédies et autres ouvrages de références. Nul doute que les étudiants y feront massivement appel. « Corner les pages, griffonner des notes ? » Je déteste ça, abîmer un livre me crève le coeur, mais je rage souvent de n'avoir pas toujours sous la main le bout de papier qui me permettrait de noter une idée importante. Avec un livre électronique, aucun problème pour marquer une page, prendre des notes, qu'on peut ensuite faire disparaître pour poursuivre sa lecture, ou consulter à part. Et on pourra recopier des passages entiers d'un simple copier/coller (en conservant la référence bibliographique exacte)... Et les bigleux pourront afficher le texte en plus gros, ou zoomer sur le détail d'une illustration. Le coup de la double page, j'avoue que je ne comprends pas que les industriels du livre n'aient pas vu immédiatement l'intérêt qu'il y aurait à avoir un écran double page. D'abord, ce sera une solution de continuité qui permettra de ne pas dérouter les nouveaux utilisateurs. Ensuite, ça permettrait d'afficher simultanément deux pages non successives, voire deux ouvrages différents*, ce qui est toujours un problème avec un livre traditionnel. Enfin, et surtout, il suffirait d'afficher un clavier tactile, ou une feuille de reconnaissance d'écriture avec un stylet à la Newton, sur un des deux écrans pour avoir un ordinateur d'appoint. Quant à l'augmentation de la production de papier, je suis d'accord. Le livre électronique va surement contribuer à la multiplication de l'information, dont une partie non négligeable sera toujours produite sur papier. Mais on verra peut-être disparaître une partie du "papier jetable", par exemple journaux et magazines, que les gens pourront acheter en branchant leur livre sur un distributeur automatique, ou par Internet. Faut-il s'en plaindre, vu la qualité moyenne de la production actuelle ? Jean-Denis, pas taper ! * Voire, pour te faire plaisir, le zoom sur un écran, et la page au format original sur l'autre ;) > jamais un écran n'abolira la lecture. Tu la sors de loin, celle-là ;) Olivier RANDIER -- Experluette mailto:orandier@xxxxxxxxxxx http://village.cyberbrain.com/technopole/Experluette/index.html Experluette : typographie et technologie de composition. L'Hypercasse (projet de base de données typographique), l'Outil (ouvroir de typographie illustrative).
- Re: Maldoror (suite [et fin ?]), (continued)
- Re: Maldoror (suite [et fin ?]), Alain Hurtig (26/09/1998)
- Re: Maldoror (suite [et fin ?]), Michel Bovani (26/09/1998)
- Existe-t-il un objet nomme « eLivre » ?, Alain Hurtig (27/09/1998)
- Re: Existe-t-il un objet nomme "eLivre" ?, Olivier RANDIER <=
- Oui ! (fut Re: Existe-t-il un objet nomme « eLivre » ?), Thierry Bouche (05/10/1998)