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Message : Re: Altern-B en danger de mort

(Jef Tombeur) - Mercredi 17 Février 1999
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Subject:    Re: Altern-B en danger de mort
Date:    Wed, 17 Feb 1999 17:00:59 +0100
From:    "Jef Tombeur" <jtombeur@xxxxxxxxxxxxx>


>Quelqu´un pourrait-il m´expliquer pourquoi typographie
semble rimer
>avec anarchie ? (Je ne pense pas être hors charte là : on
parle
>toujours de typo non ? De son histoire en tous cas.)
Franck Pommereau : fp@xxxxxxxxxxxxxx
> "It's not a bug, it's a feature !"

Là, je sens, qu'à chaud et sans doc., je vais avancer trois
belles conneries approximatives
- Pas mal d'étudiants pauvres, pas trop bien insérés dans la
société, trouvaient de l'emploi dans les imprimeries, et ils
étaient plus ou moins proches du mouvement anar.
- Par rapport à d'autres corpos organisées différemment,
l'anarcho-syndicalisme était peut-être mieux adapté à la
mentalité des typos (il faut se remémorer qu'on s'est
demandé si le salarié pouvait ou non voter, s'il s'agissait
encore d'un homme libre : les typos ne se considéraient pas
tout à fait, à cette aune, comme des salariés comme les
autres). Idéalement, un atelier s'autogérait. De plus, fut
un temps où tu devais pouvoir trouver du taf au Pays-Bas
(internationalisme, pas de frontière pour les écrits, ni
pour ceux qui les produisent, etc.). Comme en plus, il te
passe entre les mains toutes sortes de trucs pour, contre,
ailleurs, entre les mains, et que tu en bouffes, ça te porte
moins au sectarisme (l'interdit d'interdire a aussi ça de
bien que s'il n'y a pas trop de censure, il y a plus de
boulot, et donc tu manges mieux, y compris lorsque tu
bouffes grâce à la vente de publications anti-anar,
anti-communiste, cf. le syndicat des ouvriers du Livre,
proche du PC, mais jamais à court d'arguments pour préserver
l'outil de travail, indépendemment de ce à quoi il est
employé). Et moins tu as d'analphabètes, plus des
"minorités" (les femmes par exemple, par rapport à la
majorité des lecteurs aux siècles passés) accèdent à tes
publications, mieux tu te portes.
Ces deux considérations à la mormoil sont plutôt hors-liste.
- Si je me tiens à la définition de Roger Moure (Dic.
encyclopédique d'histoire) : "Doctrine (...) conforme à un
ordre naturel spontané" (là, je condense osé), j'avance
poétiquement que la geste typographique se fonde sur une
sorte de quête du Graal : la transmutation de la pensée sur
un support avec pour ambition de restituer le flux naturel
du discours (du moins, dans pas mal de cas). Je pressens
comme une accointance entre deux idéaux. Mais là, ça tient
du mystère. La vie sociale est contraignante, l'espace de la
page aussi. L'interprétation de l'ordre naturel aurait tout
aussi bien pu être ultra-autoritaire (mettre en page, c'est
souvent fortement hiérarchiser). Cependant, comme tu
t'ennuies ferme à toujours reproduire plus ou moins à
l'identique, un ordre naturel plus ou moins foisonnant,
multiforme, ça t'arrange. On veut une belle géométrie, mais
pour ses représentations, une grande variété. Attitude assez
"libertaire".
C'est moins hors-liste, mais,  je le concède, tout aussi
fumeux.