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Message : Re: Abreviations et complicite culturelle (fut : Re: Abreviations courantes)

(Philippe JALLON) - Lundi 15 Mars 1999
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Subject:    Re: Abreviations et complicite culturelle (fut : Re: Abreviations courantes)
Date:    Mon, 15 Mar 1999 01:18:34 +0100
From:    Philippe JALLON <panafmed@xxxxxxxxxxx>

Jacques Melot écrivit :

>   Ce qui me gêne avant tout dans la suppression des points de, par
>exemple, R.A.T.P. est que cela va à l'encontre des efforts faits pour
>promouvoir une politique plurilinguiste : en effet, si l'on supprime les
>points qui sont destinés à indiquer qu'il faut prononcer chaque lettre
>séparément, on ne fait que creuser le fossé entre ceux qui partagent
>l'expérience de la langue et ceux qui sont étrangers à celle-ci. [...] Les
>locuteurs de la langue en question augmentent leur pouvoir sur les
>locuteurs occasionnels (les étrangers) par le fait qu'ils rendent
>inaccessible, du fait de l'absence d'une règle (a fortiori sa suppression
>!) la prononciation d'une écriture, se réservant ce savoir (un savoir
>dérisoire, direz-vous ? [...]
>   Si nous désirons garder au français son rayonnement international tout
>en respectant ceux qui viennent à nous, alors il faut songer à ces choses.
>Donc, à mon avis, R.A.T.P. (même si c'est ennuyeux à taper).

Il s'agit là d'une vue de l'esprit. Jusqu'à preuve du contraire, la
production écrite ou orale publique est destinée, dans un pays donné, à une
population autochtone et non pas allogène ou étrangère. Seuls échappent à
cet état de fait les productions destinées -- par vocation -- à un public
international ou à un public d'apprenants.

Une vue de l'esprit... plus tout à fait ! Il me semble en effet que le Web
(et, d'une manière générale, les NTIC -- ou N.T.I.C., si vous préférez --
du même acabit) pourrait permettre, à terme, aux francophones de France ou
d'ailleurs, de prendre conscience que leur manière de s'exprimer, à eux si
naturelle, relève de la torture mentale pour une partie de leur public.
Au-delà de la prononciation elle-même, c'est de signification qu'il s'agit.
Trop souvent, les médias parlent au monde comme ils parlent à leur
quartier. Les manchettes foisonnent de sigles et acronymes non
explicités... pas même dans le corps du texte. La réaction ne tarde pas :
de nombreux lecteurs/auditeurs/téléspectateurs se plaignent de ce qu'ils
estiment être un comportement élitiste.

Par définition, mon journal a une vocation internationale (près de 80 % des
abonnés résident en Afrique). Depuis le premier numéro, j'ai toujours --
dans la mesure de mon modeste savoir -- systématiquement développé
l'intitulé des sigles et acronymes dès qu'ils apparaissent dans un papier.
Si tel sigle apparaît dans dix articles différents du même numéro... eh
bien, je l'explicite dix fois dans ce même numéro. Même s'il s'agit des
BBC, RFI et autres CNN !

Et si je parlais de la RATP, j'expliciterais aussi. Mais, me direz-vous, et
les points abréviatifs ? Eh bien, dans mon journal, leur absence est un
excellent indice concernant... leur prononciation ! Puisque je conserve
toutes leurs majuscules aux sigles qui s'épellent, cela signifie que RATP,
UIJPLF et UNJCI s'épellent, alors que Monul, Unscom et Forpronu, Haac, Misa
et Maca... se prononcent.

Notez que, sur ce chapitre, l'anglais n'a rien d'un modèle. Majusculite
aidant, on a du mal à y distinguer ce qui s'épelle (YMCA...) de ce qui se
prononce (MISA...) ! ;-)


Philippe JALLON	panafmed@xxxxxxxxxxx
Directeur de la publication / Chief Editor    Médias interAfrique
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Fax +33 1 45 47 18 73