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Message : gris typo (Jef Tombeur) - Samedi 24 Avril 1999 |
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Subject: | gris typo |
Date: | Sat, 24 Apr 1999 02:40:41 +0200 |
From: | "Jef Tombeur" <jtombeur@xxxxxxxxxxxxx> |
----- Message d'origine ----- De : Philippe JALLON <panafmed@xxxxxxxxxxx> À : <typographie@xxxxxxxx> Envoyé : vendredi 23 avril 1999 19:50 | | * Enfin, pour autant que j'aie compris ce qu'est le gris typographique. | Jef, préviens-moi de la sortie de ton papier sur ce sujet dans CN, ça me | procurera un salutaire décrassage. | Eh bien, rassures-toi, tu n'es pas le seul béotien en la matière. J'ai aussi essayé de comprendre, pour finir par conclure que c'était de l'ordre du religieux :-)) Non, sérieusement, les "papiers" paraîtront dans le numéro de mai qui sera en retard en kiosques (prévoir seconde semaine de mai). Il y en a deux, un sur papier, illustré par Alain Hurtig (rien de nouveau pour vous, c'est ce que vous trouvez sur le site d'Olivier Randier), et un autre sur le CD, plus long. Le second m'a intéressé davantage, c'est une sorte de divagation à propos de la valorisation de cette tâche assez commune consistant à prendre un texte, et de le mettre en page. Autant dire que c'est fumeux (à la limite de la fumisterie qui me caractérise parfois, d'ailleurs), et qu'il ne faut pas en attendre grand'chose. Trois trucs : - la ligne grise (notion d'homogénéité de l'interlettrage et des espaces intermots, pour faire "rapido") ; - le gris typo ou la couleur typo (au niveau du pavé de texte, pour la plupart, certains préférant parler de gris, d'autres de couleur) ; - la couleur d'une police de caractères (notion de contraste entre forme et contreforme). D'après ce que j'ai compris, en tout cas, ça sert à dire qu'une police est plus ou moins "colorée" : en ce sens, le Bifur serait plus ou moins à l'équilibre ; mais j'avoue ne pas avoir saisi vraiment tout ce que recouvre l'emploi du terme, et en quoi il est utile de l'employer ; Et de quatre : - Par extension (abusive ?), on va parler aussi de couleur typo pour tout et n'importe quoi comportant du texte (affiche, page, dépliant, etc.). Et là, je jette le gant. Au plus élémentaire, la notion serait très proche de celle de recouvrement en noir 100 % : on a de l'imprimé, de l'encre, à tant de % de recouvrement de la surface totale de la page. Au niveau du pavé, c'est déjà plus subjectif : un jugement esthétique intervient. Au plus simple, un bon pavé avec un 'beau' gris typo, c'est un truc sans lézardes, sans trop d'indentations dûes aux divisions. D'autres vont plus loin, et prennent en compte la couleur de la police, l'interlignage favorisant plus ou moins bien la lisibilité, etc. Perrousseaux va même jusqu'à dire, ou plutôt laisser entendre, que le 'bon' choix d'une police, en fonction de la nature du texte qu'elle sert, ("bonnes ou mauvaises adéquations (de la typo) en fonction de l'esprit du texte à publier"), est plus ou moins garant d'un 'bon' gris typo. Or, Yves Perrousseaux m'intéresse bougrement en ce sens qu'il a certainement dû tenter de synthétiser des opinions diverses, des avis recueillis de ci, de là. Et il finit par rendre compte d'une notion un peu 'fourre-tout'. Dont je ne serai pas surpris qu'elle soit devenue progressivement prédominante. Donc, que ce soit de "ça" (une couleur typo qui tient d'un peu tout, et de rien de vraiment quantifiable) dont il serait le plus souvent question dans les conversations lorsque le terme est évoqué. En fait, un truc qui ne sert plus à rien d'autre qu'à signifier "qu'on en est" (de ceux qui sauraient ce que cela veut dire ou s'autoriseraient à l'employer). C'est ce qui a retenu le plus longuement mon attention (papier sur le CD-ROM, fourni gratuitement à l'éditeur, car tel était mon bon plaisir, d'une, et que je ne voyais pas ne rédiger qu'une page sur le sujet, et de deux). Or pourtant, pour nombre de personnes, c'est une réalité tangible. Ils "voient" le gris typo. Et je ne mets absolument pas leur parole en doute. Je ne suis pas tout à fait sûr que, face au même doc, ils voient tous la même chose. Parce que, dans son acception la plus large, la couleur typo, comme le dit Alain Joly, "c'est culturel". Je serais d'ailleurs curieux de savoir si des notions plus ou moins similaires ont (ou ont eu) cours dans des domaines proches, la calligraphie persane et arabe, par exemple. En tout cas, on va dire couramment que la Bible 42 lignes a une "couleur dense" (mais pas Adolf Wild dans les Cahiers GUTenberg 22, l'auteur n'emploie pas le terme - j'aurais été curieux de savoir si Jacques André l'emploie dans leur rapport de recherche commun). Par rapport à quoi ? Aux autres documents de l'époque ? A ceux auxquels nous sommes à présent habitués ? Bref, j'ai pondu rapidement un assez fort nombre de signes sur le sujet du gris typo, en posant plus de questions que je n'apporte de réponses. D'un point de vue pratique, Alain Hurtig m'a signalé une série d'articles de la revue Bloc Notes consacrés, notamment, à la manière de régler les prefs de C&J dans QuarkXPress afin d'obtenir un gris convenable. C'est édité par Pyramyd. Je n'ai pas eu le temps de consulter ces articles, mais je crois pouvoir avancer qu'ils sont plus utiles, pour le praticien, que les miens. Pour ma part, je me contente d'un rappel de quelques trucs de bon sens commun. Avec, en sus, une petite considération perso : la recherche du gris typo ne doit pas s'exercer aux dépens de la facilité de lecture, aux dépens de ce que cherche à communiquer l'auteur. Ainsi, il semble souhaitable de veiller à respecter sa ponctuation (si elle est bonne, raisonnée, s'entend), à ne pas intercaler des illustrations entre deux étapes d'un raisonnement qui s'enchaîne bien, etc. Je vois parfois des alinéas, des paragraphes séparés par une double interligne, qui me semblent rompre le fil, saccader la lecture. Je ne sais plus si les metteurs scindent (ou regroupent) des paragraphes en fonction de leurs impératifs de mise en page, ou si les auteurs finissent par rédiger comme ils ont pris l'habitude d'être mis en page. C'est sans doute aussi culturel. On adapte ses habitudes d'écriture en fonction de ses habitudes de lecture. En tout cas, il y a tension entre un texte porteur de sens et une mise en page donnant envie de lire. J'ai tendance à croire que les auteurs (ceux qui sont publiés, en tout cas), ont de mieux en mieux intégré les impératifs de mise en page. De toute façon, la tendance, notamment pour les manuels, est de leur fournir un gabarit, avec feuilles de style prédéfinies, etc. L'écrivain de fiction sait que pour être publié dans telle collection, il doit fournir x pages, pas une de plus ou de moins. Et il pressent plus ou moins comment son texte va être rendu visuellement. Ceci nous éloigne un peu du sujet. Je ne serai pas étonné cependant que cela finisse par influer sur l'importance accordée à la notion de gris typo. On n'accorde généralement de l'importance qu'à ce qui pose problème ou valorise. Si cela devient la chose la mieux partagée au monde, si cela n'établit plus de distinction entre corporations, ça risque d'intéresser beaucoup moins.
- Re:, Thierry Bouche (23/04/1999)
- Re: Lettres significatives pour identification, Philippe JALLON (23/04/1999)
- gris typo, Jef Tombeur <=
- Re: gris typo, Philippe JALLON (24/04/1999)
- Re: gris typo, Dominique Florentin (25/04/1999)
- CNI = caractere non identifie, Frederic Darboux (24/04/1999)
- Re: CNI = caractere non identifie, Philippe JALLON (24/04/1999)