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Message : Angie Sans (fut : Fontes : la valeur...)

(Philippe Jallon) - Mardi 22 Juin 1999
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Subject:    Angie Sans (fut : Fontes : la valeur...)
Date:    Tue, 22 Jun 1999 21:43:37 +0200
From:    Philippe Jallon <panafmed@xxxxxxxxxxx>

Le 22/06/99, Patrick Cazaux écrivit :

[concernant l'Angie Sans de JF Porchez]
>>* J'ai maquetté un bouquin avec cette police (achetée à mes frais et non
>>remboursable). Hormis les erreurs de maquette, il me semble que cette
>>police est particulièrement classieuse et donne un résultat fort agréable.
>
>Oui, elle est superbe. De plus, c'est une des rares polices qui passe très
>bien à l'écran.

Ben justement, c'est ce qui me semble plutôt son point faible : un certain
côté diaphane (non, Thierry, rien à voir avec Harlequin;-) qui « blanchit »
les caractères et rend l'affichage quelque peu éthéré, tant à l'écran que
sur la page blanche. Quand on compose ça sur XPress, faut avoir les nerfs
bien accrochés.

À l'écran, sa lisibilité est moins immédiate qu'avec du Verdana ou du
Geneva. En revanche, aussi bien à l'écran que sur papier, on est -- très
agréablement -- surpris par son homogénéité intrinsèque et par le mariage
harmonieux entre les différentes graisses. Dans les annexes du bouquin,
j'ai eu l'occasion d'utiliser, à cadence rapprochée, toutes les graisses de
l'Angie Sans dont je disposais : regular, italic, bold et bolditalic.
Résultat : sublime ! Dommage que cette police ait été gâchée par
l'incompétence du maquettiste ! :-D

Ce qui m'a le plus manqué, c'est en fait une graisse demi-bold (et
demi-bolditalic). Si mon boulot de dans deux ans m'amène à travailler de
nouveau avec l'Angie Sans, j'essaierai d'affronter l'Irascible pour lui
demander s'il n'aurait pas envie d'oeuvrer en ce sens.

Et maintenant, les défauts. J'en n'en ai remarqué que deux.

Primo, les ligatures oe et ae. Elles sont bien distinctes en regular et en
bold ; mais elles sont quasi identiques en italic et en bolditalic (hors
contexte, on les distingue à peine). J'ai fait part de ma perplexité au
Très Grand Fondeur, lequel Artiste Inspiré m'a fait savoir (avec le ton
cassant qui fait son charme;-) que c'était normal, ça correspond à la
manière dont nos glorieux ancêtres composaient ces mêmes ligatures. Je n'ai
pas osé argumenter en précisant que moi, j'utilisais la version LF de sa
police et non pas l'OSF...

Secundo, l'esperluette (là, c'est tellement étrange que j'appellerais
plutôt ça un bogue). Dans les graisses italisées, le génial Porchez a
composé une esperluette qui, plutôt que d'apparaître comme telle (« & »),
devient « Et » (où le E doit être lu comme un E majuscule en scripte).
Esperluette très originale et -- j'en conviens -- fort esthétique... Mais
dans le bouquin, j'ai plusieurs fois évoqué le site web du _Mail &
Guardian_ (journal sud-africain), lequel se transformait systématiquement
en _Mail Et Guardian_ ! Et pas la moindre esperluette de rechange dans la
même police (en est-il de même avec la version serif de l'Angie ?). Vu
l'accueil que m'avait réservé le grand homme, je n'ai pas osé le déranger
une nouvelle fois... Heureusement que le texte n'était pas en allemand
(_Grüner Et Jahr_) ou en papou (_$?@£? Et ß®~ß×?Ò_) ! ;-))

Cela dit, l'Angie Sans est une police que je recommande vivement... malgré
le comportement détestable de son auteur.

Philippe Jallon, journaliste
et maquettiste à son corps défendant