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Message : Re: Justif' verticale et autres offenses

(Thierry Bouche) - Samedi 21 Août 1999
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Subject:    Re: Justif' verticale et autres offenses
Date:    Sat, 21 Aug 1999 00:45:07 +0200 (MET DST)
From:    Thierry Bouche <Thierry.Bouche@xxxxxxxxxxxxxxx>

Concernant « Re: Justif' verticale et autres offenses », Michel Bovani écrit : «
» Alain Hurtig a dit :
» > « mon logiciel pisse plus loin que le tien »
» 
» Oui, mais le mien pisse plus clair :-))))

Désolé d'interrompre une seconde votre gazouillis, mais je voudrais
signaler à l'aéropage une exposition qui me semble valoir le détour,
sinon mériter le voyage aréoporté. 

C'est "Montserrat, 500 années de publications, 1499-1999"
au musée d'histoire catalane de la ville de Barcelone.

Il n'est pas fréquent en effet de voir ainsi réunie une collection
importante de volumes couvrant 500 ans de publications d'un même
éditeur-imprimeur, l'abbaye de Montserrat. C'est à mon avis un fil
conducteur très judicieux pour suivre l'évolution des techniques et de
l'esthétique du livre au cours de cette période. Par exemple, une des
première vitrines présente les éditions successives d'un même livre
(les règles de l'abbaye, édictées par un saint benêt), la première
étant évidemment le premier ouvrage sorti d'une presse à main, en
février 1499, sous la tentation, probablement, de ne pas laisser
passer l'opportunité bientôt enfuie de produire un incunable
catalan. On constate d'ailleurs que la maîtrise des pages à la
Gutenberg est tout de suite là, avec ses colonnes serrées et son gris
anthracite, tandis que la compo de la version 1920 est affligeante, et
creusée de rigoles. 

Seul regret : l'expo est orientée sur l'abbaye en tant que lieu
intellectuel, s'articule donc sur les évolutions doctrinales plutôt
que sur la typographie. Par exemple, le premier livre en caractère
romain de l'exposition est signé Ignace de Loyola : doit-on en déduire
quelque collusion entre Jenson et les jésuites ? C'est donc sans
commentaire que l'oeil du typographe se promène sur ce corpus très
riche. 

En revanche, la typo est présente de façon implicite dans la
muséographie même : une succession de murs présentent les machines et
l'ambiance des ateliers au cours des siècles. Chaque époque est
signalée simplement par la casse d'un caractère présumé archétypal
(assez mal choisi, en fait : ITC Garamond pour les elzévirs, Times
pour les réales, American Typewriter pour la mécanisation), certains
murs sont décorés par des textures produites à base de typo.


Thierry Bouche, Grenoble.