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Message : Re: Tr: [langue-fr] Nouvelle EncyclopÈdie du Monde

(Philippe Jallon) - Jeudi 14 Octobre 1999
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Subject:    Re: Tr: [langue-fr] Nouvelle EncyclopÈdie du Monde
Date:    Thu, 14 Oct 1999 18:39:39 +0200
From:    Philippe Jallon <panafmed@xxxxxxxxxxx>

Le 14/10/99, Patrick Andries écrivit :

>-----Message d'origine-----
>À : Langue-fr <langue-fr@xxxxxxxxxxxxx>
>Objet : [langue-fr] Nouvelle Encyclopédie du Monde
>>Quillet. Cette encyclopédie sent encore bon le français de naguère quand on
>>osait écrire en toute logique  dévanâgarî, Kassaï ou Çiva (snif !).

Pour le premier et le dernier termes, je ne saurais me prononcer. Mais le
deuxième s'écrit bel et bien Kasaï, bien qu'il se prononce Kassaï.

Car la prononciation et la graphie françaises ne sauraient en aucun cas se
limiter à celles que préconisent quelques gérontes des bords de Seine (du
côté du quai Con...*). En Afrique subsaharienne, tout francophone
normalement constitué écrit Kasaï (province néocongolaise, donc
ex-zaïroise), Asec (club de foot d'Abidjan), Masa (Marché international des
arts et du spectacle africains), Burkina Faso, etc., et prononce
respectivement Kassaï, Assec, Massa et Burkina Fasso. Le Masa se déroule à
Abidjan ; ne pas le confondre avec la tristement célèbre Maca (Maison
d'arrêt et de correction d'Abidjan).

Alors, objectera-t-on, pourquoi ces gens n'écrivent-ils pas Maça au lieu de
Masa ? Car c'est un acronyme où le « ç » n'a pas lieu d'être. Logique...

Mais pourquoi donc écrivent-ils Burkina Faso et non pas Bourkina** Fasso ?
Parce qu'en Afrique et dans bien des contrées hors de l'Hexagone, le « s »
entre deux voyelles peut se prononcer _aussi_ « ss ». Cette règle
phonologique -- car c'en est bien une -- est méconnue, voire méprisée, par
un grand nombre de Français, qui entendent imposer aux francophones du
monde entier leur propre parlure.

Il est de bon ton, dans les médias et dans les conversations mondaines,
d'opter pour une prononciation « à la » quand c'est tendance et d'ignorer
le reste quand ça fait bouseux.

Exemple : des tas de crétins s'évertuent à prononcer des mots/noms à
consonance anglophone avec l'accent qu'ils croient être celui des
Britanniques ou des Américains. Résultat : le « sweat shirt » se transforme
aussi sec en « sweet short » (les anglophones comprendront) ! :-D
Autre exemple : quand on est tendance, on prononcera le nom des villes de
Reading ou de Birmingham avec classe... et avec l'accent. Quant au reste,
on s'en fout : à la rigueur, on prononce à peu près à l'allemande le nom du
pilote Schumacher, ça évite de faire « chou mâché » ; mais son prénom...
c'est un prénom britannique, s'pâââs ?

* Pour ceux qui ne connaissent pas Paris, il s'agit là d'une fine allusion
à l'Académie française. Chacun est d'ailleurs libre de terminer -- ou ne
pas terminer -- comme il l'entend le mot que j'ai laissé en suspens... ;-)

** Autre particularité très fréquente hors de France : le « u » se prononce
le plus souvent « ou ».
-- U !, dit le charretier.
-- U ?, demanda le cheval.
(traduction ci-dessous)
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-- Hue !, dit le charretier.
-- Où ?, demanda le cheval.

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Philippe Jallon
AfricaMediaNews
http://www.panos.sn/f/bulletins/actus/index.html