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Message : Re: Re : [gut] Utilisation des lettrines

(Jacques Andre) - Lundi 02 Octobre 2000
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Subject:    Re: Re : [gut] Utilisation des lettrines
Date:    Mon, 02 Oct 2000 15:29:37 +0200
From:    Jacques Andre <Jacques.Andre@xxxxxxxx>

Oudin-Shannon wrote:

plein de choses intéressantes sur lesquelles je reviendrai sans-doute
plus tard. À vif, (navré il est 15 heures, après une repas trop arrosé
?) :


> 
> Des accents sur les capitales?
> On nous explique: « PASQUA DEGOUTES » n¹a

tiens, curieux, votre mailer utilise Mime et Latin1, je ne vois pas
pourquoi votre apostrophe devient un 1 en exposant ...

> 
> La compréhension ?  Aucune raison.
Si. Jacques Melot continue à dire que non, que ce n'est pas un bon
argument, d'autres que si. Personnellement je butte sur des phrases pas
bien évidentes. Les capitales mal accentuées c'est pour moi comme un
étranger qui parle mal français : on ne le suit plus, on ne sait pas
quand l'arrêter, ou bien on veut qu'il s'exprime de façon fluide, qu'on
suive sa pensée, ou bien on veut qu'il apprennne le français. 
Ma position ici c'est un peu ça : parler, écrire français, sans fautes,
pour être compréhenseible, fluide ; de ne pas butter.
> 
> La tradition ? Je cherche en vain dans une casse en plomb les À, Ù, ÔS Il
> n¹existe en fait que des É, È et Ê. Même pour les petites capitales il n¹y
> avait d¹accents que pour les E.
Très bonne remarque (encore que je trouverai sûrement des
contre-exemples) ! Mais l'accentuation est un phénomène relativement
nouveau qui justement est arrivéé quand on a commencé à copier les
américano-lino-typistes, donc très mal. ON l'a dit souvent ici, si à
l'école on ne nous apprenait pas à mettre des accents sur les caps,
c'est parcequ'il s'agissait d'anglaise ou de ronde, bref de lettres
manuscrites (et si je râle encore, c'est parceque beaucoup de jeunes
aujourd'hui ne savent pas écrire en anglaise, mais en « caractéres
d'imprimeries » mais, hélas,  non accentuées).


> On trouve ainsi dans le guide de Théotiste Lefevre l¹exemple d¹une
> couverture de livre (page 128) où l¹on peut lire: CHIMIE ÉLÉMENTAIRES et
> plus loin: A ROUENS sans accent sur le A.

Le cas du A/À a toujours été spécial, à cause de la difficulté
typographique (au sens desssin de caractère) de mettre un accent sur un
truc pointu !


> Je ne crois pas me tromper en disant qu¹avec les Monotypes et Linotypes les
> accents sur les capitales sont impossibles.

Oui, mais je crois bien que tout le débat est là : cette technique on
s'en fout aujourd'hui : rien, mais alors rigoureusement rien, n'empèche
de mettre un accent sur quelque cap que ce soit. Rien, sauf peut-être
les logiciels à la windows qui rendent les choses « chiantes ». Personne
autour de moi refuse les capitales accentuées. Mais tous mes collègues
se plaignent du manque d'ergonomie pour leur saisie !

> L¹interlignage. Si l¹on veut accentuer les capitales il faut interligner
> suffisamment pour que les accents des capitales ne touchent pas les jambages
> de la ligne supérieure. Ce n¹est pas toujours possible dans la composition
> d¹un quotidien ou d¹un magazine par exemple.



Permettez moi la réponse du point didot à la bergerie pica : le point
typographique français est trop grand par rapport au point
américano-adobesque, mais ça permet justement de mettre des accents ! Le
didot est plus grand que le pica ? N'empèche que divers pays européens
ont utilisé le didot pendant des siècles car ça leur allait. Parmis eux,
les pays d'Europe du nord qui, comme les suédois et autres danois, ont
des Å, etc.

> 
> Aujourd¹hui avec les polices vectorielles on nage dans la confusion sur le
> corps et l¹interlignage.

Si vous relisez Tracy, c'est pas vraiment un problème de vecteurs, mais
de fondeurs...
Corps et interlignage sont des concepts qui n'ont jamais été bien
définis ! Toute la confusion vient de la mesure de ce qui sert à
imprimer (par exemple les caractères en plomb) et de ce qui est imprimé,
de ce qu'on voit. C'est amusant, parce que (même ici dans la liste
typo), beaucoup de gens râlent contre Unicode qui fait (mal, je dois
avouer) la distinction entre caractère et glyphe ! C'est vrai, corps 1,
ça n'est pas vraiment défini! Mais, pour en revenir à l'interlignage, si
on sait que le corps (du plomb) correspond à l'interlignage minimal
(c'est-à-dire oeil + talus haut et bas) alors, quelque soit la fantaisie
du graveur (ou plutot du fondeur), ça joue..., enfin presque !

> 
> Pour revenir sur les capitales accentuées je ne vois rien de criminel à
> composer par exemple des rubriques en capitales sans accents.
> CINEMA, VIDEOS ne me semblent pas poser de graves problèmes.
Non bien sûr, je n'irai pas demander que l'on écrive Cinématographe,
sinon cour d'assise !
Ben oui, je sais, mes enfants encore (au lycée) me disent « pourquoi
écrire sans fautes de français puisque de toutes façons on comprend ?»
-- 
Jacques André
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