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Message : Re: ponctuation

(Thierry Bouche) - Mercredi 18 Octobre 2000
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Subject:    Re: ponctuation
Date:    Wed, 18 Oct 2000 00:08:03 +0200
From:    Thierry Bouche <thierry.bouche@xxxxxxxxxxxxxxx>

Oudin-Shannon a écrit :
> 
> « [...] »
> 
> Jacques Drillon, page 69.

Vous savez, ce livre on l'a plus ou moins tous, ici. On a d'ailleurs
acceuilli brièvement son auteur parmi nous. Désormais, il serait plus
productif de nous dire : « Ouvrez le Drillon à la p. 69 » ; de plus, ça
nous rappellera avec plaisir la communale... 


> Drillon n'a pas écrit un code, un manuel ou un dictionnaire des règles mais
> un traité de la ponctuation. On ne trouve pas dans son ouvrage des réponses
> définitives comme dans le Code typographique (qui est d'une laideur
> typographique absolue).

Je crois que vous faites fausse route aussi sur ce point : je n'ai
jamais lu sur cette liste le moindre avis favorable au Code typo, et la
dernière édition s'est carrément fait descendre en flamme. Il est plus
courant de se référer à l'IN et quelques bon vieux codes ou traités,
quand on en vient à discuter la tradition.

(Ce qui est tout de même cocasse chez Drillon, c'est sa haine des typos
: il leur en veut « de ne pas faire « ceci ». » !).
Comme s'il y avait nécessairement un conflit, entre auteur et typo,
alors qu'il me semble que, quand les deux sont compétents, leur
confrontation est plutôt productive ! Soit un  livre récemment composé 
: l'auteur n'avait pas fourni un manuscrit, mais une maquette à ses yeux
définitives. Lors des premières épreuves, il découvre un autre livre,
les notations ont changé, etc. Premier réflexe : il s'insurge, second :
il s'adapte au système pour obtenir quelques libertés, tiers : il se
fait un plaisir de signaler là où le typo a oublié de changer ses
notations initiales. L'auteur s'est formé à son métier, le typo en a
appris un bout sur le sien...

> Chacune de ses propositions valable et il en est de même pour la présence ou
> l'absence d'accents sur les capitales.

Évidemment, le coq n'a pas de bonnet, et c'est pour ça qu'on en met un à
l'âne. D'ailleurs, les accents sont une sorte de ponctuation verticale,
n'est-ce pas, et en chinois, on ne met pas de virgules entre les
capitales. De plus, on n'imprime pas les folios pairs, comme l'a bien
expliqué Gutenberg. En fait, Malévitch, le plus grand de la typo
invisible, l'a très bien démontré dans un pamphlet assez long intitulé
pavé blanc sur fond blanc.

> Ce qui importe c'est l'esthétique et la lisibilité.

pas seulement... Le confort, la qualité sont des points à considérer.
Et puis l'esthétique n'est pas seulement subjective, elle est aussi
forgée par la culture, elle tient forcément compte de la tradition, des
usages.

Notez que la lisibilité est une notion tout aussi floue, elle sert en
général à faire passer des choix esthétiques ou autres sous couvert
d'objectivité, vous le dites plus bas, d'ailleurs... 

> Ainsi des tests montrent qu'un
> interlettrage serré ne ralentit pas la lecture par rapport à un espacement
> normal ou large. 

Des études ont montré que les linéales étaient plus lisibles que les
polices traditionnelles, d'autres le contraire. Ce qui est bien, avec
les études, c'est qu'on cite celles qui vont dans notre sens.

Quand je lis un journal pratiquant à outrance l'interlettrage ou son
contraire, avec des valeurs variant allègrement d'une ligne à l'autre,
je me sens mal. Suis-je un objet d'étude ?


> Si l'on reprend la comparaison avec l'architecture, doit-on affirmer qu'il
> ne doit exister qu'une seule règle en matière de finitions pour les
> batiments ? Des styles, des pratiques différentes ne peuvent-ils pas
> coexister ?

Le truc, avec cette comparaison, c'est qu'il est un peu délicat de la
pousser trop loin. Les bâtiments de Gaudi tiennent depuis un siècle
alors que, vus de l'extérieur, on les croirait en équilibre instable
permanent. Les fondations, les étais, la répartition des poids ont
respecté certaines règles ; en jouant de ces contraintes, il a pu
suggérer la légèreté et le surpassement d'icelles. Pour ma part, je
rangerais la microtypo dans les fondations, la maquette dans la façon de
monter les murs et de distribuer les pièces. Les finitions, ce serait
plutôt la titraille, les culs de bouteille... Ce qui m'ennuie dans les
programmes comme QXP ou Indy, c'est qu'ils vont dans l'autre sens : le
texte est un liquide que l'on coule vaille que vaille dans l'espace ténu
qui lui est réservé, il est fondamentalement méprisé.


> Mais finalement, cet exemple de composition pour Hermès dévoilé, si on le
> transpose en architecture qu'est-ce-que cela donne ?
> Le Petit Triannon reconstitué avec des matériaux contemporains ?

Je m'échine à suivre les méandres de votre pensée, mais là je perds pied
: quel est le rapport avec le reste du courrier ? Un tardif regret de ne
pas avoir été désagréable ?

Th. B.