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Message : Re: les locutions latines en abrégé ?

(Lacroux) - Vendredi 10 Novembre 2000
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Subject:    Re: les locutions latines en abrégé ?
Date:    Fri, 10 Nov 2000 23:05:08 +0200
From:    Lacroux <lacroux@xxxxxxxxx>

=?iso-8859-1?Q?Fr=E9d=E9ric?= FEDER a écrit :

> une petite question toute simple

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Hihi...
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> qui concerne les locutions latines
> couramment utilisées telles que s.l., s.s., i.e., e.g., etc. !
> Je les mets (evidemment) en italique mais je me demande si il y a des
> régles pour les ecrires en toutes lettres ou pas... et quand.

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D'abord, deux rappels...
1. La caractéristique fondamentale de l'abréviation (au sens strict) est de
n'être qu'une réduction graphique : la forme développée est lue... sinon, il
NE s'agit PAS (ou plus...) d'une abréviation, mais d'autre chose (sigle,
symbole, pitrerie hapaxienne, etc.) qui obéit à d'autres « règles »...
2. Un mot ou une expression qui sous sa forme développée se compose en
italique se compose également en ital sous sa forme abrégée... sinon, il y
aurait de quoi perdre son latin et quelques autres langues.
(Mon adjoint me signale ceci : Tention ! c't'une généralité valab' dans la
plupart des cas, mais y a des aux culs rances particulières... i.e. « Idem »,
qu'est souvent épatant en rom petites caps avec grande cap initiale...
forcément, pisqu'y remplace un blaze himself in little caps !)

Vos exemples appartiennent à des catégories bien différentes.
Pour moi, « s. l. » n'abrège plus une locution latine, mais « sans lieu [de
publication] ». En romain, donc.
Pour « s.s. », je suis dans le flou. C'est quoi t'est-ce, n'en quel
contexte ?
Si « etc. » appartient à la liste... en romain aussi. Ce n'est plus du latin,
c'est du français... depuis fort longtemps.
Si vous tenez aux anglo-latinismes (à ne pas confondre avec les anglicismes
latinos) « i.e. » et « e.g. », problème... et pas simple... Why ? Primo, je
ne suis pas sûr qu'il s'agisse encore d'abréviations pour les francophones
(ni pour la plupart des anglophones et assimilés, mais ce n'est pas notre
problème...). Rares sont ceux qui liront ET prononceront « id est » et
« exempli gratia ». Nous avons donc affaire à d'étranges symboles (au
mieux... quand le « sens » est perçu...), ou à des sigles insensés (hiheu,
eugé...), ou à des ognis (objets graphiques non identifiés). Deuzio, les
anglophones composent ces deux abréviations en romain (alors qu'il composent
-- les bons, parce qu'il y a aussi des mauvais chez eux, et en nombre... --,
par exemple et comme nous, « et al. » ou « op. cit. » en ital... mais, là
encore, c'est leur problème) et sans espace entre les éléments. Or, dans les
textes composés en français, l'emploi de plus en plus fréquent de ces
fausses abréviations tient plus au mimétisme irréfléchi qu'à autre chose...
Donc, quitte à se conformer au modèle que l'on a « choisi » en connaissance
de cause, autant s'y conformer jusqu'au bout... Dans ce secteur, je suis pour
la politique du pire... (Plus sérieusement... je vous conseille quand même
l'ital...) Troizio et en conclusiondo, rien ne vaut « c.-à-d. » et
« p. ex. », que tout lecteur francophone comprendra sans peine, mais qui, il
est vrai ET par ce simple fait, sont infiniment moins classieux...
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> Pour qu'un document soit homogéne, faut il donc que toutes ces expressions
> soient en abrégé systématiquement ou est-ce au bon gout de chacun ?

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« Chacun » a le plus souvent mauvais goût... donc, ne pas s'y fier.
Le principe (ça faisait longtemps...) est le suivant : si l'on emploie une
forme abrégée dans une CIRCONSTANCE donnée, elle devra être systématiquement
et obligatoirement employée dans toutes les circonstances SIMILAIRES. C'est
une des « règles » les plus motivées de l'orthotypographie ! Elle aide
grandement le lecteur et, contrairement aux apparences, elle est très peu
contraignante, pour peu que l'on ait en permanence à l'esprit la notion de
« circonstance similaire ».
(Ceci n'est évidemment pas valable pour « etc. » et pour quelques autres
abrév. entrées dans l'usage courant... Il n'est pas né celui qui nous
interdira d'écrire, à l'occasion, pour rire ou pour pontifier, un petit « et
cætera » impromptu...)
Cordialement,
Jean-Pierre Lacroux
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Bibliographies, citations (langue française, typographie) :
http://users.skynet.be/typographie
Mise à jour : 18 octobre 2000