Re: Raymond Gid

[Alain Hurtig <alain@xxxxxxxxxxxxxxxxxx>]

> At 8:27 +0100 22/11/00, Jacques Andre wrote:
> Sous la plume de Jean-François Porchez, Le Monde d'hier soir publie
> une nécrologie de Raymond Gid décédé il y a déjà qq jours.
Je recopie l'article un peu plus bas.

> Il n'a jamais dessiné de caractère je crois,
Il a participé à l'aventure de Messidor (une des plus belles erreurs 
de la typographie française...) Il a dessiné le Pax (qui ressemble à 
l'Optima)

> En 1998 l'Imprimerie
> nationale avait publié un livre, _Typographies_, de lui.
Un livre marrant et curieux, qui rassemble certains de ses travaux. 
Un mélange bizarre de trucs mal aboutis (à mon avis) et de 
fulgurances géniales (toujours à mon avis). Il appelait ça la 
« typoésie ». Le livre est préfacé par Blanchard.

Raymond Gid mérite certainement qu'on lui tire son chapeau.

Et puis il aimait Raymond Lulle : ça pardonne tout, un tel amour...

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Raymond Gid, affichiste et typographe



Mis à jour le mardi 21 novembre 2000

RAYMOND GID est mort, dimanche 12 novembre, à Paris. Né le 
25 novembre 1905, Raymond Gid s'est d'abord fait connaître par ses 
affiches après des études aux Beaux-Arts. Cinéphile, il en conçoit 
pour de nombreux films, dont Vampyr de Dreyer (photomontage, 1932), 
Le Silence de la mer de Melville (1949), Les Diaboliques de Clouzot 
(1955).

Mais la rencontre de Guy Levis Mano (éditions GLM), éditeur 
ettypographe, oriente bientôt Gid vers le livre. En 1935, il publie 
avec le photographe Pierre Jahan le Dévot Christ de Perpignan et 
Chats, Chiens de Ylla. Période intense : il côtoie Dufy, 
Le Corbusier, Colin, Lurçat et reçoit la médaille d'or de l'affiche 
lors de l'Exposition internationale de Paris (1937). Il réagit à la 
guerre d'Espagne par une affiche « de secours aux populations 
civiles ».

Avec le père Carré, la « bête-à-bon-Dieu » de la Résistance, Raymond 
Gid aborde la mise en page de textes liturgiques. Apocalypse Six (un 
extrait du texte biblique de saint Jean) paraît après la guerre. Il 
s'agit d'une de ses oeuvres majeures, un travail sur la lenteur et le 
découpage du texte composé en Peignot - caractère conçu par Cassandre 
en 1937. Il signe plusieurs affiches d'après-guerre, dont « semaine 
de l'absent », une simple croix de Lorraine croisant ses fers 
barbelés se détachant sur un fond morne.

Dès les premières rencontres de Lure (1954), en Provence, Raymond Gid 
participe aux réflexions sur la typographie, où se côtoient notamment 
Maximilen Vox, Charles Peignot, Roger Excoffon. Raymond Gid met en 
page et illustre Dialogues des Carmélites de Bernanos (1954), puis 
quelques pages dans Caractère Noël 1955 dédié à son ami, le créateur 
de caractères néerlandais Jan van Krimpen. Il joue avec la 
respiration du texte, à la manière de Mallarmé, comme dans son Livre 
d'heures (1959) ou son Apocalypse (1964) avec lequel il remet au goût 
du jour les gloses du Moyen Age. Il conçoit aussi des affiches comme 
celles pour le Club Méditerranée (1961), Bally (1976) ou, plus 
graves, comme celle d'Amnesty International (1973).

Toute sa vie, Raymond Gid restera aussi attaché à l'art 
typographique. Il aime essayer de nouveaux caractères dans ses 
compositions, les mélangeant à ses dessins très libres, comme dans ce 
spécimen du Messidor publié par l'Imprimerie nationale (1989).
Jean-François Porchez, créateur de caractères typographiques
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Alain Hurtig 
mailto:alain@xxxxxxxxxxxxxxxxxx
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Or ça, salopins, serre-argent, palotins, hommes de finances, larbins
chimiques, approchez ici. Qu'avez-vous à m'apprendre ?
   Alfred Jarry, _Ubu cocu_