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Message : Re: Question aux maquettistes

(Alain Hurtig) - Jeudi 11 Janvier 2001
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Subject:    Re: Question aux maquettistes
Date:    Thu, 11 Jan 2001 06:16:49 +0100
From:    Alain Hurtig <alain@xxxxxxxxxxxxxxxxxx>

At 13:59 +0100 10/01/01, Thierry Bouche wrote:
Quels sont les paramètres qui définissent une maquette,

Je suppose qu'il s'agit de maquette de livre. L'expérience montre que pour les plaquettes, les tracts, la publicité, le seul paramètre est la diminution maximale des marges, jusqu'à leur effacement total !

y a-t-il une sorte d'arbre logique dans
les décisions à prendre ?

À mon avis, il y a un arbre, mais il est illogique - ou comme tu le dis dans ton mail suivant, il « boucle ». C'est un aller-et-retour permanent, et je dirais : c'est d'autant plus un aller-et-retour qu'on veut peaufiner les choses, les finaliser, les bloquer dans un principe qui ne se casse pas la figure au premier problème.

par exemple, admettons que l'ordre soit :
1. format de la page (papier),

Ça ne relève pas du programme de travail du maquettiste, et encore moins d'un programme informatique. Ça relève du programme commercial et des possibilités financières de l'éditeur : en fonction du type de livre et du public visé, il va estimer un coût pour tel et tel format - trivialement : une collection de poche sera plus petite qu'un album cartonné de bandes dessinées.

Son imprimeur favori va lui faire un devis (dépend de la laize de ses machines, du prix du papier en ce moment, etc.) Si le maquettiste est une grande star, l'éditeur va lui laisser le choix entre trois ou quatre formats possible, au maximum. Mais l'impératif ici n'est pas esthétique mais commercial. Sans compter qu'il faut éviter la rogne, donc la gâche.

2. empagement (tracés régulateurs, tout ce que vous voulez)

C'est pour moi le numéro deux, en effet. Ici, un programme informatique serait utile : j'en ai marre de dessiner des tracés régulateurs à la règle et au compas à chaque fois que je me lance dans un nouveau travail.

  2a. sous question : considérez-vous que les entêtes font partie de
  l'empagement ?

Pour moi, non, mais leur emplacement est déterminé par les tracés régulateurs.

3. choix d'une police et d'un interligne.

Mais la justif a des incidences sur le corps,

Et, en principe, pas l'inverse.

puisqu'il ne faut pas
dépasser un certain nombre de caractères par lignes ; le corps a des
incidences sur l'interligne ; l'interligne dépend aussi de la justif ;
et la hauteur de texte devrait être un nombre entier de lignes...

Et le tout dépend de la couleur que l'on veut donner au livre...

Alors que penseriez-vous d'un programme à qui on donne une police, un
corps, un interligne un format de papier et qui calcule un empagement
aux proportions aurifères (orifiques ?) d'un justif moyenne de 66 cars
et d'une hauteur entière en lignes, placée sur la page selon la règle
des tiers...

Pourquoi 66 caractères ?

Mais j'en penserais du mal, car le programme ferait tout à l'envers (il n'y a que moi qui aie le droit de faire ça, et encore je ne l'ai fait qu'une fois !)

Mais ferait-il l'inverse que j'en penserais du mal aussi. Parce qu'une fois que tout est calé selon les règles, on s'aperçoit que ça ne va pas, qu'il faut changer tel ou tel paramètre pour des raisons esthétiques ou autres.

Quand j'étudie un gris typographique, je mets beaucoup de temps, je fais des tas d'essais. J'empile des feuilles (tirage laser) et je les étudie le lendemain, pour avoir un oeil neuf et frais. Parfois, un tout petit décalage d'interlignage ou d'approche donne des résultats tout à fait différents. Ce programme saurait faire ça ?

Autre problème : l'éditeur décide, au vu des roughs, de changer la police, parce qu'elle ne lui plaît pas. On va changer l'empagement, qui lui plaît ? Comment le justifier, l'expliquer ? Et si à l'inverse il veut réduire les marges mais garder la police et la force de corps ? On fait comment ?

Dernière énigme : qu'est-ce que l'« empagement » : le rectangle
visuellement gris sur chaque page pleine (donc en fait ça commence un
x au-dessus de la première ligne de base et ça finit avec la dernière)
ou la « boundingbox » du bloc de texte (une ligne de base au-dessus
de la première, ou un À au-dessus..., jusqu'aux descendantes de la
dernière ligne) ?

Pour moi, la première réponse est la bonne - mais ça n'engage que moi... À noter que je triche volontiers avec le rectangle d'empagement : j'ajuste, en fonction de la police et de l'interlignage. L'empagement est pour moi un guide, pas un carcan.
--
Alain Hurtig mailto:alain@xxxxxxxxxxxxxxxxxx
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