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Message : Re: Anglomachie (etait Re: [TLSFRM] Re: Un petit mot)

(Olivier RANDIER) - Mercredi 14 Février 2001
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Subject:    Re: Anglomachie (etait Re: [TLSFRM] Re: Un petit mot)
Date:    Wed, 14 Feb 2001 02:09:47 +0100
From:    Olivier RANDIER <orandier@xxxxxxxxxxx>

>Jacques Melot a écrit :
>
>>     Si l'influence de l'anglais ne se faisait pas sentir, le génie de
>> la langue nous aurait donné un mot... « coupeur » ou un autre
>
>----
>Ce mot existe, depuis longtemps : tranchet.
>Il me rappelle ma jeunesse et des cours de géométrie descriptive suivis
>dans une
>officine de la rue du Dragon où, lassé du droit civil et de la rue d'Assas
>pré-soixante-huitarde, je préparais l'entrée aux Arts Déco... Le prof nous
>disait : « Prenez vos tranchets. » Nous étions jeunes, beaux et cons,
>alors nous
>nous gaussions du pédant dinosaure et sortions nos cutters. Nous avions
>tort...
>maintenant que je suis vieux et con, je le sais... mais il est bien tard...

Et, ce matin, je me suis rappelé que, si on cherche un ustensile dont le
nom serait formé sur « couper », il en existe déjà un, et dans le
vocabulaire (ancien, certes) de notre profession, qui plus est :
Coupoir. -- en fonderie, c'est une espèce d'étau, dont les machoires
permettent de serrer une grande quantité de plomb, pour rabotre le dessus
de ceux-ci et retirer les aspérités résultant du bris de la rompure.
-- coupoir biseautier, outil qui sert à couper avec une grande rapidité les
interlignes, les filets, etc., que les compositeurs utilisent pour mettre
interlignes et filets à bonne longueur.
-- instrument pour couper le tissu. Voir Dérompoir.
		Chr. PAPUT, _Vocabulaire des arts graphiques,
		de la communication, de la PAO, etc._

Il y a aussi, dans un autre domaine, couperet, évidemment.

Ce qui me fait penser que ce qui m'a géné dans « coupeur », c'est surtout
la désinence. En anglais, pour transformer un verbe en substantif, on n'a
guère d'autre choix que -er.
Le français au contraire dispose d'un grand nombre de désinences possibles,
chacune avec sa nuance. Il me semble que la désinence en -eur est
généralement réservé aux professions, aux personnes. C'est en cela qu'elle
me gênait, pas à cause de la polysémie.
Transcrire systématiquement -er en -eur pour former des mots montre, pour
apporter de l'eau au moulin de Jacques, qui n'en a pas besoin, combien les
catégories de l'anglais nous contaminent.

Olivier RANDIER -- Experluette		mailto:orandier@xxxxxxxxxxx
	http://technopole.le-village.com/Experluette/index.html
Experluette : typographie et technologie de composition. L'Hypercasse
(projet de base de données typographique), l'Outil (ouvroir de typographie
illustrative).