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Message : Re : Typographie du Gaffiot

(Oudin-Shannon) - Dimanche 11 Mars 2001
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Subject:    Re : Typographie du Gaffiot
Date:    Sun, 11 Mar 2001 22:06:07 +0100
From:    "Oudin-Shannon" <liberman@xxxxxxxxxxxxx>

>Ce qui m'intrigue dans ce récit, c'est pourquoi un typographe comme celui de
>Libération peut-il choisir un corps 9,9 plutôt que 10 ?


Sur la question du corps c'est encore la confusion.
Vous pouvez composer un texte en corps 10 interligné 10 sans vous poser de
question.
Si vous cherchez à en savoir plus vous allez vous rendre compte que
l'interlignege est bien 10 mais que le corps n'est pas toujours du 10
suivant la typo.

Faites l'expérience avec Illustrator :
Composez « p » sur la première ligne et « A » sur la seconde en corps 10
interligné 10.
Si vous chosisez du Times New Roman l'écart des talus en pied pour le « p »
et en tête pour le « A » totalise un écart de 1,1 pt entre le bas du « p »
et le haut du « A ».

Maintenant composez les mêmes lignes en Didot :
En corps 10 interligné 10 le haut du « A » en Didot rentre dans le bas du «
p » !
Si vous voulez mettre un talus équivalent au Times, il faut interligner le
corps 10 du Didot à 11,2 ce qui veut dire que quand vous affichez dans
n'importe quel logiciel un Didot en corps 10 c'est en réalité du corps
11,2...
Si vous voulez un « vrai » corps 10 en Didot il faut afficher 8,8...
Vous aurez alors sur l'interlignage 10 un écart des talus de pied et de tête
d'environ 1,1 pt comme pour le Times.

Retournons au Times et composons les même lignes en corps 36 interligné 36.
Nous avons alors un écart des talus de pied et de tête d'environ 4 pt...
Si nous voulos revenir à un écart des taluts de 1,1 pt en corps 36 il faut
afficher le Times en corps 39,2 interligné 36...

Faites l'expérience avec différentes polices et vous constaterez que presque
tous les corps sont faux.

L'erreur est de partir d'un dogme : l'interlignage, est indépendant de la
force de corps.

C'est vrai mais cela peut induire en erreur :
Le seul moyen de connaître le corps réel d'une lettre c'est de ce baser sur
l'interlignage et non pas le corps affiché dans le logiciel.
Le corps 10 c'est ce qui rentre dans un interlignage 10 avec un talus entre
le haut et le bas des lettres.

Avec les polices immatérielles on peut avoir du sous-interlignage et des
lettres qui se rentre les unes dans les autres ce qui était impossible avec
le plomb et qui donne des corps abérants.

En conclusion :
Je suis un « charlot » qui met un Didot en corps 8,8 interligné 10 en
sachant qu'en réalité cela correspond à du corps 10 interligné 10.
Vous pouvez persister à afficher le Didot en corps 10 en moquant les «
rigolos » qui viennent certainement de la publicité, mais vous serez obligé
d'interligné au minimum à 11,2 pt.

Vous pouvez vous dire que tout cela est du pinaillage et que vous
continuerez à afficher des corps « ronds » (mais faux) et que vous jouerez
sur l'interlignage. Cela pose quelques petits prolèmes dans certains cas :

Si dans un même document vous voulez du Didot et du Times composé en corps
10 interligné 10 (ce qui sera certainement laid, mais la question n'est pas
là) comment faites vous ?

Dans un document comprenant des éléments de différents corps et
interlignages comment faites vous ?

Personnellement je cherche trés vite l'interlignage de base :

Si pour l'essentiel du texte l'interlignage est 12, je vais établir une
grille de 3 points.
Je vais avoir alors la possibilité d'établir l'interlignage 6, 9, 12, 15,
18, 21, 24, etc.
J'ajuste ensuite le corps des titres, accroches et autres éléments en
partant d'un interlignage.

Ce qui donne comme conclusion :
Je regarde au début le corps.
Du corps 3, quelque soit l'interlignage je n'arrive pas à lire.
Je construit le document sur l'interlignage.

Jérôme Oudin-Libermann