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Message : Re: Césure et tiret

(Thierry Bouche) - Vendredi 27 Avril 2001
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Subject:    Re: Césure et tiret
Date:    Fri, 27 Apr 2001 15:36:12 +0200 (MET DST)
From:    Thierry Bouche <Thierry.Bouche@xxxxxxxxxxxxxxx>

» En tant que préparateur de copie, ce que je fais,  pour les tirets que je
» ne traduis pas en virgules ou en parenthèses, c'est-à-dire ceux qui
» encadrent une digression,même brève c'est : une insécable après l'ouvrant,
» et une insécable avant le fermant. Ça implique que je traite les tirets
» longs comme les parenthèses, qui appartiennent au syntagme qu'elles
» encadrent, et non au texte-contexte. Ce qui implique donc que mes tirets
» fermants ont peu de chances de se retrouver en début de ligne suivante.
» Encore une fois, ce n'est pas vraiment de la typographie, c'est de la
» préparation à l'aide d'un traitement de texte. Ça prépare, quoi.

Oui, si je comprends bien, il serait préférable de ne pas couper là,
mais pas au prix d'une ligne ratée, sauf dans le cas --, qui est
inacceptable en début de ligne. C'est un truc qu'on pourrait assez
bien formuler en Tex (mettre une pénalité à cet endroit-là), mais
j'imagine que dans la plupart des logiciels, il faudra se résoudre à
enlever l'insécable si vraiment on ne trouve pas d'autre solution. 

J'ai en tête une phrase (une citation de Blanchot, mais je ne sais
plus si c'est la phrase originale, ou la citation, qui use de cet
artifice) dans laquelle on _ne sait pas_ si le deuxième tiret ouvre
une seconde digression ou ferme la première : de quel côté mettre
l'insécable ? (La beauté de la phrase vient de cette indécision.)

Je pense aussi qu'on abuse vite des insécables, si on veut que les
lignes collent à la pensée : à force d'en mettre entre une quantité et
son unité, devant des symboles mathématiques, je me découvre une
tendance à vouloir en mettre entre un verbe et son complément, après
un À initial... Ça me rappelle la houleuse conversation avec
C. Scalabre chez Jean-Pierre : « La typographie gère du sens, chaque
coupe en porte, etc. » Mais on ne lit pas ainsi, le texte est coulé
dans un pavé, et ça ne gêne pas le lecteur compétent, au
contraire. J'en viens à me dire que ce qu'on fait pour le lecteur
scientifique est un peu similaire à ce qu'on ferait pour un enfant de
huit ans, qui perdrait facilement le sens au hasard d'une coupe. Pour
revenir à cette histoire de tiret, et peut-être finir cette digression
dont j'ai perdu le fil, je me demande si ça facilite vraiment la
lecture ou l'appréhension du texte, de le forcer d'un côté plutôt que
de l'autre d'une coupe.

Évidemment, dans le cas d'une compo non justifiée à droite, il faut
coller au sens, donc multiplier les insécables.


Th. B.