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Message : Re: Fines devant les unitÈs , etc.

(Jacques Melot) - Jeudi 27 Septembre 2001
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Subject:    Re: Fines devant les unitÈs , etc.
Date:    Thu, 27 Sep 2001 10:06:22 +0000
From:    Jacques Melot <jacques.melot@xxxxxxxxx>

 Le 27/09/01, à 11:25 +0200, nous recevions de Jean-Denis :

 >je mets systématiquement des fines (insécables sous Word, que
le maquettiste se débrouille après) devant les unités et devant le signe
pourcentage. Vous êtes d'accord ?

   Bien sûr !


    mais pas « fine » !


En aucun cas l´unité ne doit être séparée du nombre par un
retour à la ligne : « 3 [m » est interdit, ainsi d´ailleurs que « 3
[mètres ». Une insécable s´impose. Le maquettiste se « débrouillera »
(comme tu le dis si  bien) selon le matériel qu´il utilisera.

Et dans le cas des degrés centigrades ?

   Une tradition purement typo (c.-à-d. opposée à celle des dactylos)
faisait écrire, par les premiers « 12 °C » (mais « 12° »), par les secondes
« 12° C » (et « 12° »). Démographiquement minoritaires, nous devions donc
arguer de notre bon droit pendant des heures avec les clients.

      Amicalement__
      ___Jean-Denis


En ce qui concerne les unités, il ne s'agit pas d'un usage des typographes, mais d'une normalisation. Voici ce que j'écrivais ailleurs (dans un forum de traducteurs, le 28 janvier 2001) :


Les degrés des échelles Celsius et Fahrenheit sont représentés par le symbole °C et °F respectivement. Cette convention a été établie en collaboration avec les physiciens et constitue une norme internationale. On écrit donc 18 °C ou 45 °F, avec une espace (insécable) après le nombre, dans toutes les langues, transcendant en cela au besoin les usages typographiques locaux. Le Kelvin, lui, se note K (et non °K, comme cela apparaît, p. 65, dans la dernière édition du Lexique des règles typographiques en usage à l'imprimerie nationale, erreur d'ailleurs rectifiée dans le tableau, à la page 176). La température thermodynamique se mesure, les autres températures se repèrent sur une échelle ; là est la différence.

Avant que cette convention ne soit faite (ce n'est pas récent), en France au moins, on écrivait 18° C, avec une espace entre le symbole de degré à proprement parler (°) et le C, utilisant en cela une notation uniforme pour les degrés angulaires, cartographiques, alcooliques, etc., et de température. Cet usage s'est perpétué dans les domaines où la précision scientifique, avec la rigueur de notation qui va de pair, n'a aucune incidence, par exemple dans les livres de cuisine (je ne suis pas allé vérifier, mais je n'ai aucune peine à le croire) où souvent même on doit seulement utiliser le signe °. Cela ne nuit pas à la compréhension, mais présente tout de même un inconvénient auquel on ne pense pas assez souvent : cet usage constitue un apprentissage à rebours qui perturbe la connaissance de la norme dans le public, en particulier chez ceux chez qui il serait bon qu'elle soit connue (des parents peuvent corriger à mauvais escient leurs enfants, ou les troubler, sous l'influence des livres de cuisine et autres ouvrages où la norme n'est pas suivie).

À l'ère de l'ordinateur et des facilités qu'il procure, on a tendance à laisser composer des ouvrages par des personnes qui n'ont pas de formation particulière en typographie, d'où une dégénérescence nette des usages. [...]

Ce que l'on trouve dans l'écrit imprimé doit donc, plus que jamais, être examiné de manière critique à la lumière des codes typographiques reconnus. Je signale en passant, pendant que j'y pense, que la suppression des espaces entre les initiales des prénoms, pratiquement uniformément appliquée dans les pays anglo-saxons de nos jours, et maintenant, par influence, de plus en plus en France, n'est pas conforme au bon usage (ex. D. A. F. de Sade et non D.A.F. de Sade, et encore moins l'épouvantable D A F de Sade qui constitue un usage de plus en plus répandu en Angleterre, mais qui, Dieu merci !, ne déteint pas ailleurs, du moins pour le moment).

Il peut paraître futile, ennuyeux ou inutile de respecter ces règles. À quoi bon ? dira-t-on. Il faut savoir qu'elles sont le résultat du « long labeur du temps », comme une cuisine évoluée, dans laquelle il est toujours douteux d'improviser à la légère. [...]

   Jacques Melot

P.-S. Au moment d'envoyer mon message cette cochonn... d'Eudora me beugle « Your message may cause offense. Your message to typographie@xxxxxxxx regarding "Re: Fines devant les unitÈs, etc." is the sort of thing that might get your keyboard washed out with soap, if you get my drift. Je me demande si ce message n'est pas en rapport avec les trois piments que je vois apparaître en haut et à droite : je n'ai aucune idée de leur signification et ne vois pas comment ni les insérer ni les supprimer.