Re: CÈsure

[Jacques Melot <jacques.melot@xxxxxxxxx>]

 Le 1/11/01, à 21:49 +0100, nous recevions de jeanluctomasi@xxxxxxxx :

> Bonjour à tous,
>
> Je suis nouveau sur cette liste. Je me présente en quelques mots : 
> je suis étudiant de second cycle en philologie romane à l'Université 
> libre de Bruxelles (U.L.B.). La compostion et la typographie sont 
> des domaines qui m'ont toujours intéressé depuis que j'ai découvert 
> les joies du traitement de textes.
>
> Aujourd'hui, je me pose une question qui m'intrigue. La césure des 
> mots est censée être syllabique. Qu'en est-il lorsque le mot se 
> termine par un "-e" muet ? Par exemple, le découpage de "mora-le", 
> "vien-nent", "messa-ge" est tout à fait acceptable théoriquement; 
> personnellement, voir ainsi rejeté des parties comme "-le", "-nent" 
> ou "-ge" me déconcertent grandement. Ai-je tort ou non de m'en 
> offusquer ? Le découpage selon l'orthographe prévaut-il sur celui de 
> la prononciation ?
>
> Merci de vos réflexions.
>
> Jean-Luc


   Soyez le bienvenu parmi nous !

   On s'efforce, dans toute la mesure du possible de ne pas faire une 
telle coupure ! (Le terme « césure », à strictement parler, est 
réservé à la versification.) En effet, par définition même, une 
syllabe est un son ou un groupe de sons que l'on prononce par une 
seule émission de voix. Ainsi, « porte » se termine par un e muet ce 
qui veut dire, là encore par définition, que ce mot se prononce en 
fait « port », en une seule émission de voix où l'on entend le r et 
le t.
   C'est effectivement la prononciation qui guide la coupure dans la 
plupart des langues, sauf en français où l'étymologie intervient dans 
une certaine mesure. Ainsi à la coupure subs-tan-tif on peut préférer 
sub-stan-tif. Cf. aussi sub-tro-pi-cal, plutôt que subt-ropical, qui 
serait encore plus choquant. L'étymologie n'autorise en aucun cas de 
faire les coupures contre nature sur lesquelles vous vous interrogez. 
Hormis dans les productions soignées, on les rencontre assez souvent, 
ne serait-ce que parce que leur évitement finit par prendre du temps 
et qu'à notre époque...

   Jacques Melot