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Message : Re: Marche du Monde

(Olivier RANDIER) - Dimanche 13 Janvier 2002
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Subject:    Re: Marche du Monde
Date:    Sun, 13 Jan 2002 03:29:34 +0100
From:    Olivier RANDIER <orandier@xxxxxxxxxxxx>

>Olivier RANDIER a écrit :
>
>> Si, moi, mais il faudrait d'abord que tu me montres ce dont tu parles.
>
>Ben Sabon linotype doit se trouver qqpart dans ton ordinateur, la
>présentation idéologique de Sabon par Vox se trouve qqpart sur un site
>de M. Loubet del Bayle (j'espère que je n'écorche pas trop), les dessins
>originaux de T se trouvent qqpart dans un livre sur lui paru en
>Allemagne.

C'est vague, tout ça. Bon, je vais chercher, mais pas tout de suite, hein ?

>Il y a dans cette affaire Sabon des tas d'aspects intéressants :
>pourquoi Vox chante-t-il les louanges de Sabon comme s'il s'agissait de
>la renaissance ou la reconnaissance de la typo française ? pourquoi
>Cazaux en parle comme d'une garalde alors que c'est plutôt une pocharde
>? pourquoi les amis de Lures, et Perrousseaux en premier, semblent
>l'arborer comme l'emblême d'une certaine identité (sensuelle & latine,
>comme il va de soi) alors qu'il y a tant de vraies & meilleures & mieux
>faites garaldes numériques ? Pourquoi le livre de T traduit en français
>chez Allia utilise-t-il une garalde qui pourrait être Sabon tel qu'il
>aurait dû être s'il avait été numérisé par quelqu'un d'autre que
>linotype ?

Ben heu...

>> Il
>> me semble d'ailleurs que je t'avais répondu, à l'époque, sur certains
>> points de détail à propos des fins de ductus de descendantes d'italiques.
>
>En un mot, tu m'avais répondu sur le f ital, et le fait que sa
>terminaison castratrice n'était pas nécessairement imposée par la chasse
>du f romain, mais pouvait être un choix du dessinateur, ce dont je ne
>crois pas un mot.

Je n'ai pas dit que le dessinateur avait eu raison de faire comme ça, je
pense comme Lacroux que les types de labeur doivent être débarrassés
d'affèteries calligraphiques. Pour autant, je dis que cette forme est
justifiable par rapport à l'arrière-plan stylistique des humanistiques. Je
n'aurais pas fait comme ça, mais ce n'est pour moi ni une faute de goût ni
un anachronisme.
Qu'on ait utilisé cet artifice pour intégrer des contraintes techniques, je
ne dis pas le contraire, mais ce n'est pas forcément un péché. Par exemple,
j'ai sciemment émasculé la hampe du f du Moretus après avoir considéré les
arguments de JiPé sur les ligatures "qui nous emmerdent". Pour plein de
raisons techniques (problèmes des diacritiques après f, etc.) qui me
conduisent à un choix esthétique que je revendique.

Et j'attends toujours une analyse détaillée du
>pourquoi du demi empattement manquant du p et pas du q !...

C'est un peu difficile à expliquer, parce que c'est du ressenti de
calligraphe (je ne suis pas moi-même calligraphe, mais j'ai beaucoup lu et
regardé sur le sujet, forcément). On constate, en calligraphie
humanistique, que l'empattement du q est souvent plus "jeté" que celui du
p. À cela, je vois deux raisons :
-- l'empattement du q est une finale, la main est naturellement encline à
se relâcher en fin d'effort, alors que celui du p doit être posé pour
enchaîner le tracé de la panse.
-- l'empattement du p est plus long sous la panse, pour éviter l'impression
de déséquilibre du côté "lourd". Ça, c'est une compensation optique
normale, qu'on retrouve fréquemment. En toute logique, ce devrait pareil à
l'envers pour le q. Sauf que la main trace naturellement vers la droite. On
peut donc dire là que le calligraphe astiquait son ... et que le serif est
parti tout seul. :)
Que le typographe reproduise les imperfections du calligraphe peut se
justifier ou pas, je suis d'accord. Mais on ne peut pas dire que cette
imperfection est hors contexte.

Olivier RANDIER -- Experluette		mailto:orandier@xxxxxxxxxxx
	http://technopole.le-village.com/Experluette/index.html
Experluette : typographie et technologie de composition. L'Hypercasse
(projet de base de données typographique), l'Outil (ouvroir de typographie
illustrative).