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Message : Re[2]: OpenType, version 2002-01-24

(Michel Bovani) - Mardi 29 Janvier 2002
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Subject:    Re[2]: OpenType, version 2002-01-24
Date:    Tue, 29 Jan 2002 22:45:35 +0100
From:    Michel Bovani <michel.bovani@xxxxxxxxxx>

Le 29/01/02 à 21:17 +0100 Thierry Bouche a écrit :
Hello Paul,

Monday, January 28, 2002, 5:40:24 PM, you wrote:


PP> Ceci dit, dans quel sens utilises-tu le terme "calligraphique" ? En effet,
PP> les garaldes sont certainement les plus calligraphiques des polices, mais
PP> une calligraphie d'il y a 500 ans, et qui a finalement très peu vécue,
PP> phagocyté par l'imprimeire. Aujourd'hui, quand on parle de calligraphie on a
PP> souvent à l'esprit des caractères du genre poetica et al. C'est-à-dire
PP> "foundational hand" plutôt que minuscule humanistique, pour reprendre la
PP> terminologie de "l'abc du calligraphe" que j'ai sous les yeux.

calligraphique au sens pinceau plus que calame. Dans mon souvenir, c'est
la queue du Q qui a vraiment une touche façon pinceau, un peu à la façon
de celle du didot de Frutiger.

Je vois les choses un peu autrement... Je dirais qu'une fonte comme Poetica est évidemment calligraphique, comme toutes les Chancelleries. Maintenant si l'on regarde le Palatino ital, il a un côté chancellerie (a fortiori calligraphique) très prononcé. Le romain du même Palatino n'a rien d'une police de chancellerie (forcément c'est un romain, sout fous ces) mais parvient à maintenir une forte identité avec son ital. À y regarder de près, on se rend compte que les contours sont très ciselés (s'il fallait préciser je dirais qu'ils présentent des variations de courbures brutales). Je dirais que cette ouverture aux variations de courbures brutales dans les contours est en quelque sorte la marque du caractère calligraphique. Une chose que l'on obtient pas avec un programme (qui aura naturellement tendance à régulariser les courbures).

Le mieux c'est que ça n'a rien à voir avec le côté précieux de la fonte. Si l'on regarde Warnock et Utopia (du même...) on a deux fontes d'apparence robuste, assez tout terrain, prêtes pour le labeur (Adobe leur a d'ailleurs donné tout ce qu'il faut pour, jusqu'aux corps optiques pour Warnock). Cependant Warnock garde un côté calligraphique indéniable, complètement étranger à Utopia (suffit de mater les contours pour s'en persuader). Bref les deux fontes ont le même papa, la même lisibilité dans les petits corps, le même côte « robuste », mais elles sont totalement différentes dans leur dessin intime. L'une est très informatique (mais avec beaucoup de charme), l'autre est très (calli)graphique (mais avec une certaine froideur).
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Michel Bovani