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Message : Re: Point de phrase et [...]

(Didier Pemerle) - Vendredi 10 Mai 2002
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Subject:    Re: Point de phrase et [...]
Date:    Fri, 10 May 2002 09:58:25 +0200
From:    Didier Pemerle <didpem@xxxxxxxxxxx>

de Jean Fontaine, le 14:45 -0400
(9/05/02), subject (Re: Point de phrase et [...]), time (14:45 -0400)
Didier Pemerle a écrit :

 Ceci est le début de la première phrase [...]. Ceci est la deuxième phrase.
 Ceci est le début de la première phrase [...]. Ceci est la
troisième phrase.

 Le premier exemple que vous ne jugez pas absurde et le premier que
 vous jugez absurde sont parfaits du point de vue de
 l'orthotypographie.

Supposons que, dans le deuxième exemple, la deuxième phrase, tronquée, se
termine par un point d'interrogation. Si on garde la ponctuation qui suit la
troncation, on obtiendrait :

  Ceci est le début de la première phrase [...] ? Ceci est la troisième
phrase.

C'est cela qui me paraît absurde. À quoi bon ne conserver que la ponctuation
finale d'une phrase ?

J'ai sans doute répondu un peu vite en n'imaginant pas tout. Mais,
normalement, la partie qu'on conserve d'une citation est celle qui
est importante par son sens. J'imagine mal qu'on cite une phrase
interrogative amputée de ce qui, grammaticalement, sémantiquement, la
définit comme interrogative et donc se terminant, même après
amputation, par un point d'interrogation.


 Le point final marque la fin de l'ellipse. Une troncation, un point.

Si je vous suis bien, vous remplaceriez alors le point d'interrogation du
texte original par un point final :

  Ceci est le début de la première phrase [...]. Ceci est la troisième
phrase.

Non, je ne ferais pas ça, pour la raison que je donne plus haut.


Puisque ce point final qui précède la troisième phrase n'appartient pas au
texte original, ne faudrait-il pas le mettre lui aussi entre crochets ?

Mais non, si ce n'est pas celui de la première phrase, c'est
nécessairement celui de la deuxième. Et si la phrase est
interrogative, voir plus haut. Tout en vous répondant, j'ai
l'impression que quelque chose de vos questions m'échappe.


  Ceci est le début de la première phrase [...] [.] Ceci est la troisième
phrase.

Ça me paraît inélégant. Si vous voulez dire que le point représente en fait
le point final de la première phrase, ne devrait-on pas avoir alors :

  Ceci est le début de la première phrase [...]. [...] Ceci est la troisième
phrase.

Ça me paraît bien lourd. Dans un cas comme celui-là, ne pas mettre de
ponctuation me paraît un moindre mal :

  Ceci est le début de la première phrase [...] Ceci est la troisième
phrase.

La majuscule qui suit la troncation suffit a montrer que la troncation
s'achève à la fin d'une phrase.
Le seul problème que je pourrais voir, c'est
le cas où la phrase suivant la troncation commence par un nom propre :

  Ceci est le début de la première phrase [...] Paul fait partie de la
troisième phrase.

À cause de la double fonction de la majuscule (début de phrase, début de nom
propre) le lecteur ne peut pas savoir si « Paul » est bien le premier mot de
la phrase. Mais a-t-il à le savoir ? Si on a tronqué, c'est justement parce
que ce n'est pas pertinent, non ?


Non, non. Partons du principe que, quand on coupe dans du texte, on
le coupe jusqu'à un certain point. Ce n'est pas un jeu de mots.
"Normalement", une phrase n'en suit une autre qu'après un point
final, ou interrogatif, ou d'exclamation. Une capitale suit soit un
point, disons de fin de phrase, soit un guillemet ouvrant sur une
phrase autonome. Si c'est aussi une majuscule, tant mieux, tant pis,
mais ça n'a rien à voir.
Et puis, il y a quand même une contrainte bien simple, qui est de
caviarder à bon escient, en évitant les problèmes insolubles, et
c'est presque aussi difficile que d'écrire correctement. Cela revient
à "écrire par soustraction", pour paraphraser Picasso (ou ce qu'un
critique a dit de lui).
Franchement, ou bien je suis complètement bouché, ou bien vous vous
compliquez inutilement le travail. Ou bien vous évoquez des
situations de texte qont je n'arrive pas à percevoir la réalité, même
dans vos exemples. Remarquez, moi qui croyais avoir tout vu, ça me
requinque.
Cordialement.
Didier pemerle