Re: La Vengeance de l'Innommable

["lldemars" <lldemars@xxxxxxxxxx>]

> Pas d'accord, je pense qu'il ne fait aucun doute pour un Juif que le nom
> écrit est Yahveh.

Faites un saut dans une synagogue, et voyez si ça ne fait aucun doute.

> Pour un Juif, le nom ne doit pas être prononcé, mais il est --
> techniquement -- prononçable.

"Le nom apparaît alors comme un trou de langage, comme un silence dans
lequel tous les autres mots puisent leur force de signifier" (M.A. Ouaknin,
"Concerto pour quatre consonnes sans voyelles"); pour une Juif c'est
"par-dessus" le nom que l'on prononce quelque chose, un autre mot (adonaï),
ce mouvement rendant tous les autres mots, en regard, prononçables. C'est
une question de distance, La question "technique" dont vous parlez n'a aucun
sens pour un Juif. Il s'agit  de congédier la possibilité de prendre Dieu
pour un objet.
Le quiproquo qui nous sépare vient sans doute du fait que la graphie ne peut
quitter l'hébreu, que ce n'est pas "YHVH" qu'il faut voir écrit, mais bien
yod-hé-vav-hé (le mot "Juif" - yéhoudha, s'extrait de ce tétragramme par
l'introduction de la porte "Dalet").
Restreignez les possibles, et c'est Dieu que vous tentez de restreindre, il
ne restera plus rien des questions que l'imprononçabilité de son nom nous
pose. C'est parler d'autre chose, c'est parler d'une chose. Tenter de
transcrire cette tension immense entre l'homme et son Dieu dans un choix de
graphie transposée c'est accepter qu'on soit confronté à un problème
dépassant largement les problèmes techniques de traduction pour offrir cette
dimension métaphysique du Livre qui est consubstantielle à la matière même
de son écriture.

L.L.d.M.