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Message : Re: typo des années 1950

(Bernard Déchanez) - Mercredi 04 Septembre 2002
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Subject:    Re: typo des années 1950
Date:    Wed, 04 Sep 2002 16:40:02 +0200
From:    Bernard Déchanez <bernard.dechanez@xxxxxxxx>

Le 4.9.2002 14:30, « Olivier Randier » <orandier@xxxxxxxxxxxx> a écrit :

> Ça, à mon avis, c'est une rumeur à la Jean-Denis. Ça a pu être vrai à la
> Linotype, où le corps, me semble-t-il, avait une définition plus restreinte
> (voir à ce sujet le fichier Cadratin_lino.pdf, dans le dossier Fines des
> archives), ce qui peut avoir impliqué que les accents étaient crénés
> (Jean-Denis, tu pourrais confirmer ?), mais au plomb, dans ce que j'ai pu
> voir, les accents ne l'étaient pas, ils étaient fermement moulés dans le
> plomb.

Moulés certes, mais dépassant la valeur du corps et pas seulement pour les
accents. Certaines lettres « f, j, y, F, J, V, W, etc. » en italique par
exemple (Garamond, Caslon, Baskerville) étaient très délicates à la pression
des presses typographiques. Les conducteurs étaient rendus attentifs au
phénomène et avaient l'obligation de rester très vigilants lors de
l'impression. Les remplacements de lettres cassées en cours de tirage
étaient souvent nécessaires. Je souligne qu'il s'agissait de composition et
d'impression de travaux d'édition de haute qualité réalisés en caractères
mobiles (composition monotype) et non de composition en lignes-blocs
produites par la linotype.

> Par contre, ce qui est avéré, c'est que la casse parisienne ne comportait
> que les accents des E (et le Ç, quand même). Le À était dans un casseau à
> part, quand il existait. D'où son absence fréquente : économie ou paresse.

Les deux. L'économie parce que les caractères mobiles s'achetaient au poids
auprès des fonderies. L'imprimeur préférait disposer d'un plus grand nombre
de lettres capitales non accentuées, plutôt que de ces satanées lettres avec
accents débordants et condamnées à la première impression. La paresse
certainement aussi. C'est la conviction de Jean Méron : « Certains
typographes auraient eu un poil dans la main. »

Bernard Déchanez