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Message : Re : [typo] Règles typo pour le latin

(Jacques Melot) - Jeudi 29 Mai 2003
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Subject:    Re : [typo] Règles typo pour le latin
Date:    Thu, 29 May 2003 10:26:50 +0000
From:    Jacques Melot <jacques.melot@xxxxxxxxx>

 Le 29/05/03, à 10:50 +0200, nous recevions de Didier Pemerle :

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 >De : Jean Fontaine <jfontaine@xxxxxxxxxx>
[...]
 > - Dans les quelques emprunts latins du français courant où le problème se
 pose, l'usage semble hésiter : le Petit Robert écrit « curriculum vitæ » et
 « ex æquo », alors que le Petit Larousse écrit ces expressions sans
 ligature, bien qu'il la maintienne dans des termes plus scientifiques comme
 « cæcum, cæcal » et « cæsium » (cette dernière graphie perd d'ailleurs du
 terrain devant la forme « césium», qui règle le problème). Votre marche
 perso ?
Ex aequo, curriculum vitae, mais cæcum, f¦tus. On hésite, on aura hésité,
mais il faut toujours se décider. Evidemment, la ligature _semble_ indiquer
que le terme est lexicalisé en français, et la non-ligature que le terme est
une importation latine (cf. discussion sur "a priori").



Je dirais exactement le contraire. La ligature æ renvoie au latin tel qu'on l'écrit habituellement (faisant abstraction du retour aux sources à la mode ces derniers temps qui consiste à y supprimer les ligatures æ et ¦), alors que l'absence de ligature, dont on pourrait dire qu'il indique un retour à la graphie classique du latin, est en fait conçu comme une francisation plus complète de ces expressions, la ligature æ n'appartenant pas au système des caractères du français (et ce n'est pas « cæcum » qui vient apporter un démenti à ceci !). J'en veux pour preuve que le Petit Larousse d'une part admet « cæcum » (avec la ligature), mais écrit « curriculum vitae » (donc sans ligature æ) et je ne peux croire qu'il ne s'agit pas d'une décision mûrement réfléchie.



Or, visiblement,
"curriculum vitae" et "ex aequo" sont lexicalisés en français et
considérablement plus fréquents que "cæecum" ou "f¦tus". En même temps, la
lexicalisation n'implique pas nécessairement une modification de la graphie.



Graphie et lexicalisation sont dans une large mesure indépendantes, l'évolution de la graphie, en particulier la francisation, continuant après lexicalisation ; « cæsium », d'abord lexicalisé ainsi (Littré), passe peu à peu à « césium », par exemple ; cf. aussi ægagrophile-égagrophile, ægosome-égosome, æpyornis-épyornis, æthuse-éthuse, en revanche cæcum, mais pas « cécum » dans le Petit Robert, mais on commence à le rencontrer ; l'anglais américain nous a devancé, « cecum ». On note encore chamérops-chamærops, éléis-élæis, mélæna-méléna, présidium-præsidum, ténia-tænia, taekwondo-karat... hum !...



Je supporte ce genre d'incohérence.



Cela devient une qualité rare, nombreux étant ceux qui, de nos jours, montrent une flexibilité de verre de lampe.

   Jacques Melot



On est libre aussi d'écrire "à égalité",
"résumé de carrière", "embryon", mais "intestin aveugle" risque d'être
incompris.