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Message : RE : [typo] Re: Re: INHA lettrines [était: Espace et point d'interrogation]

(Jean-Michel Pochet ) - Vendredi 30 Janvier 2004
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Subject:    RE : [typo] Re: Re: INHA lettrines [était: Espace et point d'interrogation]
Date:    Fri, 30 Jan 2004 15:18:36 +0100
From:    "Jean-Michel Pochet " <jean.michel.pochet@xxxxxxxxx>

Title: Message
Je suis très fier de posséder un Pléiade non relié (Queneau, Poèmes complets, éd. 2003) que l'on appelle "mousseline" du nom de la "toile de coton claire, fine et légère, généralement apprètée" (Gd Robert)  qui est collée au dos, en attente du cuir. Je l'ai précieusement portée à ma relieuse, car le  papier bible allait se froisser. Elle m'a proposé de le relier ! Alors qu'une boite ou un etui s'impose pour conserver cet ephemeria.
Cette mousseline est parait-il classique, et sert à recevoir les dernières corrections avant de lancer le tirage.
-----Message d'origine-----
De : Christian Laucou-Soulignac [mailto:fornax@xxxxxxxxxxx]
Envoyé : vendredi 30 janvier 2004 2:03
À : typographie@xxxxxxxx
Objet : Re: [typo] Re: Re: INHA lettrines [était: Espace et point d'interrogation]

Sent: Thursday, January 29, 2004 9:09 PM
Subject: Re: [typo] Re: Re: INHA lettrines [était: Espace et point d'interrogation]

 
Est-ce que des livres nous sont arrivés, qui n'étaient pas encore des livres (c'est à dire pas encore reliés, il me semble que le papier imprimé voyageait parfois dans cet état et que la reliure était à la charge du libraire). Bon, c'est sûrement pas dans les bibliothèques qu'on aurait conservé ce genre de choses...
 
Pierre Schweitzer
 
Non, ce n'est pas tout à fait ce que je voulais dire.
Plusieurs choses dans votre question. Tout d'abord, un texte, dès qu'il est imprimé, est déjà un livre même s'il n'a pas encore pris sa forme de codex que nous connaissons bien. Il n'est pas impossible que vous ayez raison et que du papier imprimé ait voyagé "brut d'impression" si je puis m'exprimer ainsi. Je ne saurais ni vous contredire ni abonder dans votre sens : je n'en sais rien. Ce que je sais, c'est que les livres n'étaient pas forcément vendus reliés et ce jusqu'au début du 19e siècle où cette pratique s'est généralisée avec l'apparition de la couverture imprimée et du livre broché. Le lecteur avait donc, jusqu'à la fin du 18e siècle, quand il allait chez son libraire, la possibilité d'acheter un livre déjà relié par les soins d'un relieur employé par le libraire ou de l'acheter simplement dans une brochure d'attente. Le livre était constitué de l'ensemble des cahiers pliés, sommairement cousus à plat et protégés d'une couverture muette le plus souvent constituée d'une feuille de papier marbré ou d'une macule. Il pouvait alors se rendre chez son propre relieur pour se le faire relier à son chiffre ou à ses armes... ou, s'il était trop pauvre pour cela, le conserver ainsi. J'en ai quelques exemples dans ma bibliothèque (du 18e, pas du 15e ni du 16e, hélas !).
Mais revenons-en à la petite lettre imprimée en attente d'enluminure. Nous nous cantonnons-là au 15e et au début du 16e siècle, après cette pratique issue du manuscrit disparut peu à peu quand le livre imprimé ne chercha plus à imiter le manuscrit. Le livre imprimé était constitué (plié, cousu, relié) ne comportant que l'impression. Il était ainsi utilisable car le texte était complet et bon nombre de possesseurs de ces ouvrages n'ont pas pris la peine d'aller voir un enlumineur (c'était s'occasionner des frais supplémentaires) pour le faire décorer. Voilà tout.
 
Bien à vous,
Christian Laucou.