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Message : Re: [typo] INHA lettrines [était:Espaceetpoint d'interrogation]

(Pierre Schweitzer) - Dimanche 01 Février 2004
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Subject:    Re: [typo] INHA lettrines [était:Espaceetpoint d'interrogation]
Date:    Sun, 1 Feb 2004 10:29:55 +0100
From:    "Pierre Schweitzer" <pierreSc@xxxxxxx>

Title: Re: [typo] INHA lettrines [était:Espace etpoint d'interrogation]
Bonjour,
 
C'est moi qui n'ai pas été clair sans doute. Je cherchais juste à voir comment les fascicules de Larousse tenaient ensemble puisqu'ils n'étaient ni cousus, ni agrafés...
 
Pierre Schweitzer
 
PS : Je ne suis pas un grand spécialiste de la question mais il me semble quand-même que pour Diderot et d'Alembert, les volumes dont la parution s'est étalée sur une très longue période, effectivement, et ont été financés par souscription, ok, ne résultaient pas pour autant de l'assemblage de fascicules périodiques... Ou bien me gourre-je ? (je ne parle pas des planches d'illustration, hein, mais des volumes ;-)
 
 
 
De : Jean-François Roberts <jean-francois.roberts@xxxxxxxxxx>
Envoyé : dimanche 1 février 2004 05:52
Objet : Re: [typo] INHA lettrines [était:Espaceetpoint d'interrogation]

Pour être clair : ouvrez (si vous en avez chez vous - sinon, ça se trouve en bibliothèque) un de ces in-quarto publiés par Larousse dans les années 1950 ou 1960 (voire avant : mais je ne parle que de ce que j'ai moi-même connu) - par exemple, la grande histoire de l'art en 3 volumes (_L'Art et l'homme_) publiée sous la direction de René Huygue, ou l'_Histoire de France_ en 2 volumes sous la direction de Marcel Reinhard, ou tout autre titre de ce genre.

Ça n'était certes pas du papier journal ! Quant au format, c'était de l'in-quarto standard de l'époque : en  version définive, sous reliure industrielle assez élégante, et jaquette. En vente par fascicule, soit un cahier plié non cousu (ni agrafé) sous couverture portant les mentions légales d'usage, ainsi que divers messages commerciaux, bien entendu. Les publications Larousse (et d'autres éditeurs, ainsi Albin Michel) de ce genre se vendaient par fascicules hebdomaires ou quinzomadaires (en général en librairie). Une fois la série complétée, on la confiait au libraire qui renvoyait le tout à l'éditeur, pour procéder à la reliure après massicotage. Les couvertures de fascicules étaient évidemment sans utilité à ce stade. Les volumes terminés revenaient par le même circuit (Larousse ne proposait pas de reliure système temporaire, à ma connaissance). Et voilà.

Le même système sert toujours pour des ouvrages de longue haleine : ainsi, l'_Encyclopédie de l'Islam_, chez Brill (11 volumes parus depuis 1950, pour la 2e édition). C'est également le système qui a servi pour le monumental _Dictionnaire de théologie catholique_ (20 tomes en 40 volumes, plus 3 tomes de _Tables générales_), publié de 1899 à 1950 (1951 à 1972 pour les tables) chez Letouzey et Ané (grand in-octavo, papier plus courant). Et c'est encore le système qui a présidé à la publication de  l'_Encyclopédie française_, publiée entre les années 1930 et 1950 (et prédécesseur de l'_Encyclopedia universalis_, par sa place dans le paysage intellectuel français, mais aussi, par son esprit et son organisation thématique, de l'_Encyclopédie de la Pléiade_). J'ai moi-même une série complète (ou peu s'en faut) de ladite encyclopédie... dans sa "reliure système" d'origine (c'est-à-dire que les volumes n'ont jamais fait l'aller et retour final chez l'éditeur, même une fois insérés les fascicules complémentaires de mise à jour). (Pour ces ouvrages, les cahiers sont en général livrés massicotés et cousus, éventuellement sous couverture brochée, en attendant la reliure définitive. La périodicité est parfois très... variable.)

A signaler que certaines encyclopédies (médicales, ou des sciences de l'ingénieur, par exemple) sont conçues pour être utilisées en permanence sous cette forme (fascicules réunis sous reliure système), ce qui permet les remises à jour successives des volumes, par simple remplacement des fascicules concernés. En ce cas, la vente se fait en général sous forme d'abonnement, donnant droit aux mises à jour pendant la période considérée.

En bref : les éditions Atlas, en France, ou De Agostini en Italie, ne font que perpétuer, dans le secteur "ouvrages encyclopédiques populaires", un format (et une pratique) bien ancré dans le monde de l'édition d'ouvrages de synthèse sur un domaine, ou d'encyclopédies. On sait que c'est d'ailleurs ainsi que fut publiée la grande _Encyclopédie_ de Diderot et d'Alembert.


De : "Pierre Schweitzer" <pierreSc@xxxxxxx>
Répondre à : typographie@xxxxxxxx
Date : Sat, 31 Jan 2004 18:33:45 +0100
À : <typographie@xxxxxxxx>
Objet : Re: [typo] INHA lettrines [était:Espace etpoint d'interrogation]


Cher J.-F. R., cher Ch. L.-S.

J'aimerais bien en savoir plus sur ces cahiers ni agrafés, ni cousus... C'était du Tabloïd ou du Berlinois en papier journal ?

En tout cas, la pratique populaire des roman-feuilleton cousus main dans la presse du XIXème et du début du XXème, me semble-t-il, n'avait besoin ni de mode d'emploi, ni de relieur(e) ;-)

Pierre Schweitzer



----- Message d'origine -----
De : Jean-François Roberts <mailto:jean-francois.roberts@xxxxxxxxxx>  
À : typographie@xxxxxxxx
Envoyé : samedi 31 janvier 2004 16:42
Objet : Re: [typo] INHA lettrines [était:Espace etpoint d'interrogation]

On a souvent le choix, justement : reliure "à système" ou "vraie reliure" après retour chez l'éditeur. Les grands in-quarto Larousse ont tous été publiés selon ce système dans les années 1950 et 1960 (mais sans "reliure à système", il est vrai)...  Les cahiers n'étaient d'ailleurs ni agarphés ni cousus, si je me souviens bien. Mais il y avait (bien sûr) une couverture pour chaque fascicule (ne serait-ce que pour en protéger le contenu). A part ça, que la reliure soit moche ou pas, ou que ça soit vendu en librairie ou chez le marchand de journaux ne change rien à l'objet (périodique à sa parution, de toute façon, en  effet ; mais qui ne saurait se lire *comme* un périodique, justement, dans la plupart des cas - ne serait-ce que parce que les fins de fascicule ne correspondent souvent pas à une fin de phrase, ou d'article).


De : "Christian Laucou-Soulignac" <fornax@xxxxxxxxxxx>
Répondre à : typographie@xxxxxxxx
Date : Sat, 31 Jan 2004 15:45:15 +0100
À : <typographie@xxxxxxxx>
Objet : Re: [typo] Re: Re:  INHA lettrines [était:Espace et point d'interrogation]


De : Jean-François Roberts <mailto:jean-francois.roberts@xxxxxxxxxx>  
To: typographie@xxxxxxxx
Sent: Friday, January 30, 2004 3:01 PM
Subject: Re: [typo] Re: Re: INHA lettrines [était:Espace et point d'interrogation]

En fait (si on veut bien regarder ce qui se passe aujourd'hui même), la pratique n'a... jamais cessé : c'est très exactement le principe des encyclopédies, atlas, etc. vendus en fascicules hebdomadaires chez tous les marchands de journaux. Vous pouvez acheter une reliure "mobile", ou (dans les meilleurs cas) confier vos fascicules à l'éditeur pour les faire relier sous reliure "fixe"... Dans les années 1950 et 1960, Larousse en faisait autant. Et ça n'était certes pas de la bibliophilie !


Je ne suis pas tout à fait d'accord. Ces exemples que vous citez et que nul ne peut méconnaître, s'apparentent aux périodiques et sont vendus comme tels : agrafés et sous couverture. Bien sûr, ils est prévu, dès le départ, qu'ils soient réunis en un ou plusieurs volume(s), sous une "reliure" à système généralement assez moche. La périodicité et le mode de "conditionnement", c'est cela qui fait la grande différence.

Christian Laucou.