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Message : Re: RE : [typo] Pluriel des nombres ecrits en chiffres : les 1590's

(Jacques Melot) - Samedi 18 Septembre 2004
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Subject:    Re: RE : [typo] Pluriel des nombres ecrits en chiffres : les 1590's
Date:    Sat, 18 Sep 2004 20:01:02 +0000
From:    Jacques Melot <jacques.melot@xxxxxxxxx>

Title: Re: RE : [typo] Pluriel des nombres ecrits en chiffres : l
 Le 18-09-2004, à 9:48 -0400, nous recevions de Patrick Andries :

Dominique Lemarchand a écrit :
Cela semble plutôt un anglicisme, le s n'étant pas celui du pluriel mais
celui du génitif saxon, d'où l'apostrophe ("les années de [la décennie]
1590").


J'ai été assez (désagréablement) surpris de lire dans le dernier Emmanuel Le Roy Ladurie (Histoire humaine et comparée du climat, tome I) publié chez Fayard des pluriels de nombre qui me paraissent fautifs.

Page 11 : «  En revanche, le réchauffement (antérieur) qui coïncide avec l'âge des Lumières au temps du jeune Louis XV, disons à la fin la décennie 1710 [manque pas un de ?]  et au cours des 1720's puis des 1730's, ce réchauffement-là vaut aussi, non sans à-coups, pour l'hiver comme pour l'été de la décennie 1730. »

Je dois avouer que je me suis demandé en lisant ceci si une maison comme Fayard révisait et corrigeait les textes avant de les publier.

P. Andries

On écrit pourtant « the fifties » et non les « the fifty's » pour les années cinquante.
Quid de la préposition qui manque dans « à la fin la décennie 1710 » ? En lisant le texte de Ladurie j'ai l'impression qu'il l'a dicté et qu'on l'a composé ensuite sans qu'il y  ait eu grande révision. Le style est très oral.



   Comme dans toutes ces questions d'influence inconsciente, les choses se font un peu au petit bonheur, sans logique apparente. Ici, par exemple, si l'on peut admettre une influence de l'anglais, on remarquera qu'il n'a pas été fait usage de « décade » à la place de « décennie », comme on pourrait pourtant s'y attendre chez un auteur cédant avec esprit de suite à l'anglomanie.

   Pour en revenir au texte lui-même :

«  En revanche, le réchauffement (antérieur) qui coïncide avec l'âge des Lumières au temps du jeune Louis XV, disons à la fin la décennie 1710 [manque pas un de ?]  et au cours des 1720's puis des 1730's, ce réchauffement-là vaut aussi, non sans à-coups, pour l'hiver comme pour l'été de la décennie 1730. »

ce « décennie 1710 » est, je pense, un pure et simple calque de l'anglais (tapez par exemple « decade 1970 » dans Google et vous verrez) que l'ajout d'une préposition, pour répondre à la suggestion de Patrick Andries, ne corrige ou n'améliore pas, et ces « 1720's » et « 1730's » sont même un emprunt direct qui d'emblée n'a rien de français. Il est en effet franchement étonnant qu'on ait laissé passé une chose pareille.

   Sauf erreur de ma part, en français, « décennie » ne peut pas être suivi d'un nombre, sauf s'il s'agit d'un intervalle de dix ans explicité (« la décennie 1991-2000 »), et ce, même si Google nous fournit à la pelle d'apparents contre-exemples. L'usage correct prend la forme : « au cours de la prochaine décennie », « pendant deux ou trois décennies », etc.

   Jacques Melot



Pas de relecteur ou de correcteur chez Fayard ?

P. A.