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Message : Re: [TLSFRM] Humour (était : « Féminisation », Québec)

(Jacques Melot) - Lundi 08 Novembre 2004
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Subject:    Re: [TLSFRM] Humour (était : « Féminisation », Québec)
Date:    Mon, 8 Nov 2004 20:36:54 +0000
From:    Jacques Melot <jacques.melot@xxxxxxxxx>

Title: Re: [TLSFRM] Humour (était : « Féminisation », Québec)
 Le 08-11-2004, à 18:25 +0100, nous recevions de Sprachservice :

Bonsoir Jacques et Jef :-)
 
une petite devinette, histoire de rire jaune...
 
Un homme accompagne son fils grièvement blessé à l'hôpital. Une fois dans la salle d'opération, le chirurgien, voyant l'enfant s'écrie : "C'est mon fils !"
 
Comment est-ce possible ?
 
(réponse tout en bas de ce message)

[...]

et bien, c'est simple, le chirurgien est une femme. Seulement voilà, l'esprit s'arrête toujours aux choses les plus simples et ne va pas chercher midi à 14 heures. Raison pour laquelle, lorsque l'on ne féminise pas la langue, la moitié de l'humanité est tout simplement gommée et n'existe plus.



   Et là commence le sophisme...

   En effet, la blague en question n'est visiblement qu'une construction ad hoc comme on pourrait en produire tant et plus en français avec l'adjectif possessif à la troisième personne du singulier et l'ambiguïté qui l'accompagne (son chapeau : le sien ou celui d'un autre ?) ou encore avec la conjonction « ou ».

   Il n'y a là que curiosités formées d'un mélange de particularités de la langue et de contexte soigneusement préparé.

   Il faut bien se dire que si la langue, la nôtre, était à ce point défectueuse on s'en serait aperçu bien avant : il faut une bonne dose de présomption pour arriver le bec enfariné après tous les auteurs d'une littérature millénaire - plus que demi-millénaire si l'on veut repartir à la Renaissance ou laisser de côté le moyen français - et penser détecter là des imperfections qui le leur auraient échappé ! Tout l'art littéraire consiste s'exprimer avec précision sentiments et situations et la langue s'est formée en même temps que l'art s'est accompli. Celui qui, de bonne foi, veut insérer dans un récit un passage comme celui relaté dans la blague-artifice que vous rapportez, d'instinct évitera ce qui ici, au contraire, a été recherché.



Evidemment, cela ne va pas empêcher le tapeur de taper sa femme, mais cela donnera plus de bâtons dans les roues des prochaines générations qui auront envie de le faire.



  Affirmation purement gratuite.



Car dans leur cerveau déjà, les femmes seront des êtres à part entière et c'est toujours plus difficile de s'en prendre à son égale qu'à une ombre même pas citée.



   Comme je l'écrivais tout à l'heure dans un autre forum, cette remarque montre d'emblée que vous n'avez pas compris, ou pas vraiment, la différence qui existe entre genre grammatical et sexe des personnes. Les excès que je dénonce exploitent précisément cette confusion courante.


   Et j'ajoutais (version légèrement modifiée ici) :

   Les féministes islandaises sont - dans l'ensemble - autrement plus virulentes que les françaises (on connaît même ici, en Islande, une femme pasteur, homosexuelle, féministe et qui dans ses sermonts parle de Dieu en employant le genre féminin), mais, du fait de la structure même de leur langue, l'islandais (langue indo-européenne comme la nôtre), elles savent parfaitement qu'elles ne peuvent exploiter ce filon du genre féminin tantôt sexuel tantôt grammatical, tant cela deviendrait évident d'absurdité. L'islandais a au moins l'heur de leur donner le sens grammatical du genre sous son jour le plus critallin. Il en résulte que dans les mêmes cercles le même argument technique - scientifique même, puisqu'il s'agit de linguistique - est vrai en deça (en France, par exemple) et faux au-delà, si l'on peut dire.




Et si vous ne me croyez toujours pas - en ce qui concerne la simplicité de l'esprit - avez-vous déjà essayé ce petit test :
 
Surtout ne pensez pas à la couleur rouge !

Et bien, à quoi pensez-vous ?
 
et oui, au rouge, évidemment... Même les négations sont trop compliquées pour notre esprit...
 
Ceci dit, Jacques, je vous incite à lire le livre "Die Töchter Egalias" de Gerd Brandenberg. Je suis sûre qu'il plaiera aussi à Jef :-))
 
"Die Töchter Egalias von Gerd Brantenberg und Schöne verkehrte Welt oder Die Zeitmaschine meiner Urgroßmutter von Ulla Hagenau-Stoewer
In Die Töchter Egalias werden die Gesellschaftsverhältnisse, wie wir sie kennen, auf den Kopf gestellt. PHs statt BHs, Väter, die für Haushalt und Kindererziehung zuständig sind, schließlich müssen die Frauen das Geld verdienen, Männer, die - wie jede weiß - schwächer sind als Frauen und sich vor Vergewaltigungen in acht nehmen müssen, usw. Ein herrlicher Spaß, der zu denken gibt. Weniger bekannt als Gerd Brantenbergs Roman ist der Roman Schöne verkehrte Welt oder Die Zeitmaschine meiner Urgroßmutter von Ulla Hagenau-Stoewer, der fast zur gleichen Zeit wie die deutsche Übersetzung von Die Töchter Egalias herauskam und ebenfalls eine rollen-"verkehrte" Gesellschaft beschreibt. Schöne verkehrte Welt ist vielleicht nicht so witzig wie Die Töchter Egalias, aber da er in Deutschland spielt und oftmals Bezug auf die deutsche Frauenbewegung der 70er Jahre nimmt, hat dieser Roman noch einen ganz eigenen Reiz. "
 
aus: http://www.feministische-sf.de/empfehlungen/fsf_vorschlag.html
 
Bien du plaisir :-)



   Cela à l'air d'une curiosité logique plus que d'autre chose. Enfin, je suis prévenu de son existence et, à l'occasion...

   Bonne soirée,

   Jacques Melot


Avec tout mon respect
 
Ilse Arnauld des Lions