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Message : Re: [typo] Convention typographique (Jean-François Roberts) - Mercredi 15 Juin 2005 |
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Subject: | Re: [typo] Convention typographique |
Date: | Wed, 15 Jun 2005 16:23:26 +0200 |
From: | Jean-François Roberts <jean-francois.roberts@xxxxxxxxxx> |
Ne mélangeons quand même pas tout... Les offres d'emploi anglophones (aux USA ou au Royaume-Uni, en particulier) ne mentionnent jamais "homme ou femme" ou "hommes et femmes" (ni un quelconque équivalent en anglais) - et pour cause : les substantifs (noms de métiers, en particulier : mais c'est vrai de tout substantif, en anglais) n'ont, en anglais, *pas de genre* (masculin-féminin). Tout au plus peut-on observer la disparition de désignations "non inclusives", au profit de désignations "inclusives" ("firefighter" pour "fireman", par exemple). Les mêmes offres d'emploi ne mentionnent, bien évidemment, pas plus une liste (exhaustive ?) des races, ethnies, nationalités, religions, orientations sexuelles, capacités mentales et physiques, classes d'âges et/ou socioculturelles pouvant postuler auxdites annonces. Tout ceci serait, bien évidemment, à la fois ubuesque et irréalisable : imputer une telle pratique aux "Anglo-Saxons" (ethnies qui ont disparues depuis un bon millénaire, il est vrai) relève du fantasme pur et simple - fantasme classique, il est vrai, dans ce type de développement pseudo-comparatiste. Ce qu'on voit fréquemment, en revanche, dans ce type d'annonces, c'est la mention (aux USA surtout) : "This [ou : "X"] is an equal opportunity employer" - ce qui couvre tous les cas de figure (et fait d'ailleurs référence à une mesure législative spécifique, imposant la non-discrimination pour les entreprises recevant des fonds d'origine fédérale, aux Etats-Unis). Non : la mention "H/F" (ou "femmes et hommes"), dans les annonces françaises, tient simplement au fait que le français (contrairement à l'anglais) ne connaît que des substantifs ayant un genre (masculin ou féminin). En revanche, un substantif, en français, ne commande aucun autre accord, sinon celui en nombre, qui n'introduit a priori aucune discrimnation possible. Que si, donc, votre annonce indique le recrutement d'"informaticiens" (par exemple), on juge bon de préciser que cela doit s'entendre au sens inclusif, et non exclusif (hommes seuls). Rien dans l'usage du masculin pluriel ne permet de trancher entre les deux interprétations - et le "bon sens" n'est (malheureusement) pas un argument juridique, s'agissant de contrats. En revanche, rien, dans l'usage du masculin pluriel (ou singulier, d'ailleurs), n'indique une quelconque prise d'option quant à la race, l'ethnie, la nationalité, la religion, etc. (voir plus haut) des impétrants. Enfin , la précision "H/F" s'avère tout à fait pertinente - qu'on le regrette ou non -, pour ce qui est des métiers faisant l'objet de stéréotypes tenaces. Considérons les intitulés d'annonces (un jour peu chargé à l'ANPE) suivants : MECANICIEN AUTOMOBILE INFORMATICIEN SECRETAIRE DE DIRECTION GARDE D'ENFANTS/AIDE MENAGERE A votre avis, dans une population mixte (hommes et femmes) de clients de l'agence, lesquels vont s'orienter vers quelles annonces, et lesquelles vers quelles autres ? D'où la préconisation de spécifier le caractère inclusif de telles annonces. V¦u pieu ? sans doute. Mais c'est un militantisme verbal qui me paraît parfaitement bien conçu dans son principe, et à applaudir dans son exécution. D'où les annonces du type : MECANICIEN AUTOMOBILE (H/F) INFORMATICIEN (H/F) SECRETAIRE DE DIRECTION (H/F) GARDE D'ENFANTS/AIDE MENAGERE (H/F) (Reste à savoir la tête du patron recevant son futur secrétaire de direction...) > De : Olivier Randier <olivier.randier@xxxxxxx> > Répondre à : typographie@xxxxxxxxxxxxxxx > Date : Wed, 15 Jun 2005 09:55:29 +0200 > À : typographie@xxxxxxxxxxxxxxx > Objet : Re: [typo] Convention typographique > >> Bonjour, >> >> Le 14 juin 2005, echamontin@xxxxxxx a écrit: >> > [...] Il a choisi ouvrier(e) fraiseur(euse)ce qui est nul à >>> cause de l'accent qui manque... >> >> Par un hasard pas trop à mon goût, je reçois des annonces ANPE. >> Le problème est réglé avec : >> - un développeur (H/F). > > Là, on en arrive à un problème politique, et non plus typographique. > Personnellement, je trouve cette pratique extrêmement dangereuse. En > France, la discrimination (sexuelle, raciale) est censée être > réprimée par la loi, en vertu de l'article 1 du préambule de la > Constitution. La précision (H/F) devrait donc être inutile. Pire, la > préconiser, c'est ouvrir la porte à d'autres « précisions » qui font > frémir. Verra-t-on bientôt surgir des petites annonces du genre : > -- un développeur (Bl/N/Ar -- Blanc, Noir ou Arabe) ; > -- un développeur (H/H -- Homo/Hétéro) ; > -- ... ? > La dérive résulte d'une lecture du droit orientée par des influences > anglo-saxonnes. On sait que le droit français et le droit anglais > sont fondamentalement différents (pour simplifier outrageusement, le > droit français repose sur des principes généraux qui peuvent être > aménagés par la jurisprudence, le droit anglais sur une jurisprudence > d'où découle des principes généraux). Dans le droit anglais, la > précision H/F se justifie et permet d'avancer. Dans le droit > français, elle crée un précédent dangereux. En effet, en droit > français, normalement, aucun employeur ne devrait pouvoir se > prévaloir de l'imprécision de la formulation pour justifier une > discrimination. Qu'on estime la précision nécessaire montre donc > assez les dérives de notre société. > Ce que je veux dire, c'est que l'enjeu de cette bataille ne devrait > pas être d'imposer la précision, mais de la rendre inutile. > Maintenant, il y a quelques années, j'aurais défendu mordicus cette > position. Après le premier tour de la dernière élection > présidentielle, je serais plus réservé. Certes, l'_affirmative > action_ a montré ses limites aux États-Unis, mais la France n'est pas > (plus ?) non plus un modèle de réussite en matière d'intégration. > (\pub on) Mon éditeur a publié un petit opuscule d'Éric Keslassy, _De > la discrimination positive_, où celui-ci explique assez bien comment > le principe d'égalité a pu être perverti de fin (à atteindre) en > moyen (de maintenir une situation inégalitaire). (\pub off) > -- > Olivier Randier >
- Re: [typo] Convention typographique, (continued)
- Re: [typo] Convention typographique, Jacques Melot (15/06/2005)
- Re: [typo] Convention typographique, Olivier Randier (15/06/2005)
- RE: [typo] Convention typographique, Jef Tombeur (15/06/2005)
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- Re: [typo] Convention typographique, Serge Paccalin (15/06/2005)
- Re: [typo] Convention typographique, Pierre Duhem (16/06/2005)