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Message : Re: [typo] guillemets

(Thierry Bouche) - Mercredi 07 Février 2007
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Subject:    Re: [typo] guillemets
Date:    Wed, 7 Feb 2007 14:29:50 +0100
From:    Thierry Bouche <thierry.bouche@xxxxxxxxxxxxxxx>

je persiste à penser que toutes ces expressions « mise en relief »,
« mise en valeur », « mise en exergue » décrivent assez mal ce qu'est le
soulignement. quand on met en italique (dans un contexte romain), on
souligne, c'est tout. Mais bon...

Le mercredi 7 février 2007, vers 12:51:32, Jean-Luc BLARY écrivit :

JL> Malic a écrit :
>>
>> Tiens, voilà une remarque qui m'intéresse au plus haut point.
>> Pourriez-vous m'indiquer quelle autre fonction a l'italique des noms 
>> scientifiques que celle de la mise en relief ?

Je ne me prononcerai pas pour les noms d'espèce, mais il y a en maths
des notations conventionnelles qui par essence sont des invariants : si
par exemple je note « e » la constante d'Euler (e bas-de-casse romain),
eh bien ça restera comme ça partout, une variable _x_ ne passe pas en
romain si l'alinéa est en ital, etc. La raison est que tout est
signifiant dans cette notation, qu'il peut y avoir une variable _e_ ital
dans un texte comportant des exponentielles, il peut même y avoir un
tenseur _e^ij, i=1, j=2_ qu'on ne saurait confondre avec le nombre e^12 !

C'est d'ailleurs pour ça que des « graisses » ou « styles de polices »
distincts font partie d'Unicode pour permettre de conserver la
« sémantique » des expressions mathématiques.

>> Parce que je travaille avec des paléontologues et certains d'entre
>> eux n'admettent pas (mal, pour être précis...) de mettre en romain
>> des noms scientifiques dans du texte en italique, sous prétexte que
>> justement « c'est pas la même chose... ». Moi, je trouve ça aberrant

il n'est pas impossible que, dans l'oeil de ces gens-là, ces noms soient
comme des logos dont la représentation est constante et la
lecture dépend de cette constance. Si l'italique est juste pour
souligner un mot latin, il est évident qu'il passe en romain dans un
contexte italique...

JL> Clairement, ils n'ont pas saisi le principe de la « bascule ». On écrit
JL> généralement en noir sur un support blanc, mais si le support est noir, 
JL> refuseront-ils d'écrire en blanc ?

Oui, le problème avec ce principe, c'est qu'il n'est pas entièrement
valide, et que je n'en ai jamais lu de spécification complète (au sens
où un informaticien pourrait le mettre en oeuvre tout en restant
compatible avec les us et coutumes).

Je prends un exemple très sot : admettons que dans un texte didactique,
je souligne la première occurrence d'un mot lorsque je le définis.
(« On dira d'une oie qu'elle est _gravide_ si... ») ; admettons que l'un
de ces vocables soit un mot étranger dans sa graphie d'origine, que je
souhaite incorporer à mon lexique tel quel, sans gommer cette
particularité. Nous voici dans un cas de double souligné.

On dira d'un dictionnaire qu'il est __gradus__ lorsque...

Pourtant, tout le monde vous dira qu'il n'y a pas « double bascule » :
le lecteur, pour binaire qu'il soit, n'y verrait que du feu ! Et
pourtant, quelque chose s'y perd...

pour parler en termes assez techniques, un basculateur par trop binaire
pourrait être amené à définir une fonction def et une fonction lat qui
toutes deux basculent, mais def{lat{x}} ne devrait pas faire la même
chose que def{x lat{y} z}. Quant à ce qu'il faut faire pour
def{lat{x} y} ou def{x lat{y}}, ça relève du cas de conscience !


Et c'est ainsi, d'ailleurs, que l'on se retrouve avec des ouvrages
didactiques qui emploient du gras, du souligné et toutes ces choses qui
font hurler les typographes obsédés par leur gris parce qu'il faut bien
reconnaître que, parfois, le gris est moins important que la précision
d'un texte... Surtout s'il doit pouvoir servir de référence ne laissant
pas la place à l'interprétation.



 Thierry