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Message : [typo] connotations...

(Thierry Bouche) - Mercredi 26 Septembre 2007
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Subject:    [typo] connotations...
Date:    Wed, 26 Sep 2007 12:34:01 +0200
From:    Thierry Bouche <thierry.bouche@xxxxxxxxxxxxxxx>

Bonjour typographie,

  on parle sur une autre liste de la fameuse _Lettre aux éducateurs_, de Nicolas Sarkozy
  http://media.education.gouv.fr/file/41/3/6413.pdf

  On a déjà souvent dit ici que l'Optima connotait paramédical, espérons
  donc qu'il avaleront la pilule !

  Mais, ce qui m'interloque : deux choses

  1. Adobe Garamond italique avec ligatures historiques : c'est en
  France, et singulièrement dans la population visée, reconnu (à tort !
  Garamond pour Jannon, mais passons) comme la police des préfaces de la
  Pléiade. C'est d'une certaine façon la police la plus ampoulée, la
  plus livresque, même si l'on peut se dire que la référence est celle
  de l'écriture manuscrite de chancellerie vénitienne, donc que l'effet
  recherché est celui de la lettre envoyée personnellement (d'ailleurs
  c'est signé en bleu à la fin, comme dans le marketing direct de La
  Redoute !)

  2. Les guillemets.
    a) ils sont très très gros, traités en fait comme des lettrines
    (mais atténués visuellement par le passage en gris : pourquoi si
    gros si à la fois si gris ?)
    b) ils n'englobent pas « Madame, Monsieur » : est-ce à dire que
    Sarkozy envoie personnellement (c'est lui qui apostrophe, puis
    signe) une lettre dont le contenu est intégralement constitué d'une
    citation dont l'auteur est tenu secret ? À moins qu'il ne s'agisse
    de guillemets de distanciation ? Il envoie ça mais il n'en pense pas
    un mot ?


  Au final, j'ai l'impression que cette mise en pages court après deux
  lièvres contradictoires : l'impression de lettre personnelle
  et manuscrite, contredite par les guillemets ; le discours oral,
  suggéré par les guillemets (et le style relâché du texte), mais mis à
  mal par les affèteries graphiques. Elle les rate tous les deux :
  l'Optima, une incise, fait frontispice gravé dans le marbre, la suite
  gravée au panthéon des Gallimard... il y a même un ISBN !

  Autre analyse possible : l'opérateur indesign a fait un peu trop
  joujou avec les gadgets opentype disponibles sans réaliser qu'il
  mettait en jeu l'image de la nation !
  
  
-- 
Cordialement,
 Thierry