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Message : Re: [typo] a priori, et alii

(Jacques Melot) - Lundi 29 Décembre 2008
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Subject:    Re: [typo] a priori, et alii
Date:    Mon, 29 Dec 2008 14:16:08 +0000
From:    Jacques Melot <jacques.melot@xxxxxxxxx>

Title: Re: [typo] a priori, et alii
 Le 2008-12-23, à 20:38 +0100, nous recevions de Laurent :

Arrêtez de vous prendre la tête, ça devient pénible. Les ouvrages traitant de bibliographie proposent, s'il y a plus de quatre auteurs (le nombre peut varier) de citer les trois (variable) premiers auteurs puis de mettre et alii ou et al. Et tout le monde s'accorde à utiliser et al. car valable dans la majorité des langues.


[J. M.]   Très, très mauvais argument, puisqu'il revient, une fois de plus -- systématiquement en fait -- à favoriser le monde anglo-saxon, qui plus est en prenant à témoin « tout le monde » et après avoir appelé à ne pas « se prendre la tête », comme si tout cela était maintenant la voix de la raison, du bon sens.

   Cette uniformisation du vocabulaire ou des notations, se ferait-elle même sur le français, n'a absolument rien de nécessaire et le croire trahirait un manque de réflexion. La diversité des langues est indissociable de la diversité du vocabulaire, lequel, lorsqu'il est endogène reflète et tout en même temps constitue une part de la culture de ceux qui la parlent. En féroïen, par exemple, le liquide de correction pour frappe à la machine connu dans bien des pays (« de tout le monde », diraient sans doute beaucoup) sous le nom commercial Tipex s'appelle englabloð (soit, littéralement, « sang d'ange »). Iriez-vous dire aux Féroïens qu'ils devraient, sur ce point, donc potentiellement aussi sur bien d'autres, étouffer leur culture pour adopter à la place un équivalent que « tout la monde s'accorde à utiliser » ? C'est encore la même menace qui pèse sur le français « kinésithérapie » (et ses dérivés) sous prétexte que « tout le monde » s'accorde à utiliser physiotherapy (francisé alors en physiothérapie) dans les autres langues (sous-entendu : celles qui comptent, c'est-à-dire l'anglais et celle des cultures vassalisées au monde anglo-saxon). Ici, la question est encore plus cruciale, car ce qu'on entend par physiothérapie « à l'étranger » est un concept en partie différent de la kinésithérapie. De plus, l'aliénation, en français, de kinésithérapie par physiothérapie, entraînerait également celle de physiothérapie, cette fois au sens français du terme, qui correspond à un concept encore différent.

   Changer un terme d'une langue sous prétexte d'usage international, c'est releguer au second rang la culture de ses locuteurs dans l'exercice même de leur langue et dans son intimité.

   Dans la mesure où l'on publie dans une langue et que cette langue peut, comme cela n'est pas rare, différer du tout au tout d'une autre langue, on ne voit pas ce qu'il y aurait de sensé à adopter un mot ou une abréviation étrangère sous prétexte qu'elle est déjà utilisée dans un grand nombre d'autres langues. C'est au mieux une goutte dans l'océan. Et quand bien même cela représenterait un nombre considérable de mots, qu'il n'y aurait là toujours rien d'anormal : une langue étrangère c'est cela, c'est constitué de mots incompréhensibles tant qu'on ne les a pas appris, et la comprendre, la lire, l'écrire, en un mot l'utiliser, nécessite des efforts d'apprentissage incontournables. De plus, ce qui est écrit dans une langue est - faut-il vraiment le rappeler ? - implicitement destiné à ceux qui lisent cette langue.

   Jacques Melot


L. Tournier

diconoma a écrit :

Bonjour !

>> Donc on les cite in extenso si on les connaît et on évite de se poser des problèmes inutiles quand on ignore. "Et autres" me semble descriptif de l'ignorance où on tient les auteurs d'un ouvrage collectif de celui qui a le culot de donner son nom et pas celui des autres. C'est très informatif sur le narcissisme de celle ou celui qui met l'ouvrage sous son nom et, donc, très recommandable.

? Je suggérais au rédacteur d¹une bibliographie de ne pas, en citant seulement le nom du haut de l¹affiche, plonger dans l¹obscurité? les autres ; ces collaborateurs attendent peut-être de leur participation, sous la direction d¹un maître d¹ouvrage (sous la dir. de?), une reconnaissance ou une notoriété qui serviront leur carrière.

 
Cordialement.

 
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*De :* didpem@xxxxxxx [mailto:didpem@xxxxxxx]
*Envoyé :* mardi 23 décembre 2008 18:29
*À :* typographie@xxxxxxxxxxxxxxx
*Objet :* Re: [typo] a priori, et alii

 
 
Le 22 déc. 08 à 19:37, diconoma a écrit :



Bonjour !

>> comment doit on écrire a priori ?

? Ð Doit-on ð laisse supposer une obligation à laquelle il faudrait impérativement se plier. Voyez les dictionnaires (Académie française, Hachette, Larousse, Robert, Littré (édition actuelle), puis demandez-nous ensuite quelle est notre pratique personnelle, et tirez-en enfin les conclusions qui vous conviendront.

Ben mon gars on a le temps de crever de faim. Et, cf. "se plier", de devenir des champions du yoga origamique. Crevant de faim, bien sûr.

         Si vous jugez bon d¹écrire la locution adverbiale Ð a priori ð en latin, choisissez l¹italique ou le romain, selon que vous êtes plus ou moins conservateur ou novateur. ­­ Si vous préférez sa francisation, n¹utilisez que le romain avec ou sans accent sur le Ð à ð : le diacritique ne semble pas donner à l¹_expression_ un sens différent = a priori, à priori.

On verra ce qu'on juge bon vers le 26 ou le 27 (histoire d'avoir la paix le 24 et le 25, puisque je ne fête pas Noël). De toute façon, si tout le monde comprend l'une et l'autre graphie, c'est que la graphie d'a pas d'importance sémantique. Il est de bon ton , distingué, joli, bien vu, élégant, d'écrire "a priori" sans accent en en roùmain comme Lacroux. Adoptons cette forme gratifiante socialement et fichons-nous la paix entre gens distingués.

         Le passage au substantif suit l¹évolution fréquente des syntagmes : mots séparés, mots unis par un trait, mots fusionnés, s¹accompagnant de leur accord syntaxique = un a priori, un a-priori, un apriori, des aprioris.

Jamais vu ces choses-là et dieu sait si ?

         Chaque scripteur prend position à un stade ou l¹autre de la transformation ; certains tentent de l¹entraîner.

 
>> Auteur et alii] est-il correct en français ? Ne doit-on pas utiliser [Auteur /et al/.] plutôt ?

? Ð et alii ð, Ð et aliae ð ou Ð et alia ð, abrégés en Ð et al. ð reste encore très latin

Ah c'est sûr c'est pas scythe ni thrace ni osque ni ombrien. Vous avez quelque chose de personnel contre le latin ? La plupart du temps, si on observe les ouvrages en question, on s'aperçoit que l'auteur n'est, en fait, que le coordinateur (habituellemet, "editor" en anglais, abrégé en "ed."). Donc, c'est vrai, dans ce cas "et al." est une fausse-dercherie. Il faudrait mentionner l'auteur de l'article, le titre de l'article en rom et entre guilles, etc. D'autant qu'une référence exacte renvoie non pas à l'ouvrage collectif entier, mais à un des articles qui le composent -- ou alors, je ne sais plus ce qu'est une référence.

et à ce titre peut mériter l¹italique (voir ci-dessus).

Allez, arrêtez avec vos "mériter l'italique". C'est quand même pas une promotion.

N¹est-il pas plus simple de parler en bon français et de préférer Ð et collaborateurs ð, abrégé en Ð et collab. ð (compte tenu de sa proximité avec le nom de l¹auteur, Ð coll. ð serait possible sans créer de confusion avec coll. = collection). ­­ L¹une et l¹autre _expression_ ont le grand défaut de faire tomber, de manière assez désinvolte,  nombre de participants dans l¹anonymat. À éviter donc quand on rédige une bibliographie.

Donc on les cite in extenso si on les connaît et on évite de se poser des problèmes inutiles quand on ignore. "Et autres" me semble descriptif de l'ignorance où on tient les auteurs d'un ouvrage collectif de celui qui a le culot de donner son nom et pas celui des autres. C'est très informatif sur le narcissisme de celle ou celui qui met l'ouvrage sous son nom et, donc, très recommandable.

D.