Le 29 janv. 09 à 14:26, Jacques Melot a écrit : Le 2009-01-27, à 17:41 -0500, nous recevions de Alexandre Pachot :
Réformons l'orthographe des prénoms, remplaçons les Éric par Heyric et Eric par Heuriqe comme cela tout le monde sera content!
Et ceux qui pensent mordicus qu'il n'y a pas d'accent sur les majuscules, il faudrait : 1) prévenir le Grevisse,
[J. M.] Comme cela est rappelé à l'occasion dans le présent forum, le Grevisse ne constitue pas une référence pour la typographie, en tout cas pas une référence sûre en cas difficulté d'interprétation d'une règle dans ce domaine.
car au chapitre 87 je trouve « Dans un corps donné, on distingue la minuscule (ou lettre du bas de casse ou simplement bas de casse) et les capitales (qui ont un dessin différent, opposé à pensée), qui se subdivisent en grande capitale : PENSÉE, et petite capitale [...] » ; 2) prévenir l'académie française, car sur la première page de leur site ils ont écrit « ACTUALITÉS ». http://www.academie-francaise.fr/
Alexandre Pachot
[J. M.] La remarque faite plus haut pour le Grevisse vaut également ici. Le texte de l'Académie (reproduit in extenso ci-dessous), relativement récent, est manifestement rédigé à la va-vite, sans approfondissement, sous la pression des partisans de l'accentuation systématique (on lit en filigrane que cette question ne fait pas partie des préoccupations habituelles de l'Académie).
Pour ce qui est du manque d'approfondissement, j'en veux pour preuve l'assertion : « En typographie, parfois, certains suppriment tous les accents sur les capitales sous prétexte de modernisme, en fait pour réduire les frais de composition. », assertion complètement déconnectée de la réalité et qui, à elle seule, retire en pratique tout crédit à l'ensemble. Comme tous ici le savent, le modernisme en la matière consiste précisément à mettre systématiquement lesdits accents, à tort selon les uns avec raison selon les autres.
Mais non ! Quand l'Académie parle de modernisme, elle pense aux années 1920... les Arts déco, la coupe à la garçonne, Joséphine Baker, le Bauhaus, pas aux modes typographiques des années 2000-2009. Et ce n'est pas tout : l'auteur de ce texte n'inclut pas le tréma (ni la cédille) parmi les accents, mais oublie de séparer de ces derniers le signe diacritique exprimé par l'accent grave sur le a (de à) et de u (dans où). Cela n'est pas sans conséquence, puisqu'il se permet de rappeler que l'accent sur la majuscule À ne doit pas être oublié, alors même que l'on sait qu'une convention d'accentuation partielle consiste précisément à supprimer ce signe diacritique (qui n'est pas un accent).
Alors qu'il est exact que l'accent a « pleine valeur orthographique », ce n'est nullement la place de le rappeler là et ne constitue donc pas un argument valable : la suppression des accents sur les majuscules résulte d'une convention. Ce n'est pas un aléa, en ce sens qu'elle se fait avec esprit de suite dans chaque marche, selon les règles qui y sont adoptées.
Dernière remarque : le rédacteur se réfère entre autre autres au Lexique des règles typographiques en usage à l'Imprimerie nationale. Or dans cet ouvrage, qui malgré tout reste une des principales références du typographe, sinon même le première, ce qui concerne cette question ne figurait pas dans les anciennes éditions et est d'introduction récente. De plus, cet ajout est de nature notoirement dogmatique : en effet, alors que dans l'ouvrage sont données, conformément au titre de ce dernier, les règles que l'I. N fait sienne, la règle concernant l'accentuation est en rupture d'esprit avec le reste de l'ouvrage, donnant ce que l'homme doit faire - et non ce que l'I. N. fait !
Jacques Melot
Accentuation des majuscules On ne peut que déplorer que l¹usage des accents sur les majuscules soit flottant. On observe dans les textes manuscrits une tendance certaine à l¹omission des accents. En typographie, parfois, certains suppriment tous les accents sur les capitales sous prétexte de modernisme, en fait pour réduire les frais de composition. Il convient cependant d¹observer qu¹en français, l¹accent a pleine valeur orthographique. Son absence ralentit la lecture, fait hésiter sur la prononciation, et peut même induire en erreur. Il en va de même pour le tréma et la cédille. On veille donc, en bonne typographie, à utiliser systématiquement les capitales accentuées, y compris la préposition À, comme le font bien sûr tous les dictionnaires, à commencer par le Dictionnaire de l¹Académie française, ou les grammaires, comme le Bon usage de Grevisse, mais aussi l¹Imprimerie nationale, la Bibliothèque de la Pléiade, etc. Quant aux textes manuscrits ou dactylographiés, il est évident que leurs auteurs, dans un souci de clarté et de correction, auraient tout intérêt à suivre également cette règle.
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