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Message : Re: [typo] Éric

(André Bellaïche) - Jeudi 29 Janvier 2009
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Subject:    Re: [typo] Éric
Date:    Thu, 29 Jan 2009 19:55:30 +0100
From:    André Bellaïche <abellaic@xxxxxxxxxxxxxxx>


Le 29 janv. 09 à 14:17, Jacques Melot a écrit :

Ainsi, cette discussion concernant l'accentuation des majuscules continue (avec confusion entre majuscules et capitales). La manière même dont tout cela se passe, envers et contre toute approche rationnelle, montre que, chez certains, cet acharnement tient plus de la foi religieuse ou de ses substituts que de la recherche sereine de la vérité.

En fait, tout cela est le résultat de l'intrusion par osmose de la pensée du monde réformé qui, par le biais de l'anglais, tantôt induit, tantôt renforce une compulsion puriste (ordre, propreté, symétrie, et ce qui y correspond après transposition dans tous les domaines, dont la typographie). Ce n'est pas un hasard, que les Canadiens francophones, qui sont aux premières loges pour ce qui est de la « pression osmotique » du monde anglo-saxon, soient aussi les champions de l'accentuation des majuscules !

   Jacques Melot

Tant qu'a être hors-sujet, soyons-le carrément.

Je pense, moi aussi, que c'est à cause de leur cohabitation avec les Anglais que les Canadiens français sont si "fans" des majuscules accentuées, mais pas du tout pour la raison que donne Jacques Melot.

Humiliés par les Anglais pendant 200 ans, forcés par leur patrons anglais de se servir de claviers qwerty sans accents, ils célèbrent leur fierté retrouvée par une orgie d'accents.

C'est avec la même fierté qu'ils ont recours à la féminisation des noms de métiers, qui est possible en français, mais pas en anglais. Même si on doit dans ce domaine reconnaître une concession faite à l'Anglais. Les Québécois ont créé des féminins qui font que certains noms de métiers s'écrivent différemment pour les deux genres, comme en français, mais qui se prononcent de la même façon, comme en anglais : chercheure, auteure. Alors que si cette invention avait été faite de ce côté-ci de l'Atlantique, on dirait chercheuse et autrice (comme actrice, aviatrice, conductrice).

Comme quoi... sans recherche sérieuse, on peut prétendre vraiment n'importe quoi dans ces domaines.

Il faut aussi relever la confusion ou plutôt le glissement volontaire que fait Jacques Melot du mot "puritanisme" au mot "purisme". Les réformés sont certes puritains, mais ils encouragent chacun (c'est-à- dire chaque chef de famille) à se lire la Bible et à se forger sa propre morale. Cela me semble aller de pair, non avec le purisme, mais avec le pragmatisme anglo-saxon. Tandis que nous, nous serions plutôt cartésiens (laissons de côté la contre-réforme).

La preuve en orthographe/typographie. Ce n'est qu'aux États-Unis que le même prénom peut être orthographié Abagail, Abbigail, Abigail, Abigale, Abigayle ou bien Jackeline, Jaclyn, Jacqueline, Jacquelyn, Jaquelin, Jaqueline. Autre anecdote. Comme je m'excusais auprès d'un directeur de Cambridge University Press de ne devoir utiliser la mention "Imprimé en G.-B. par Cambridge University Press" au lieu d'écrire, comme ils le font, "Imprimé à Cambridge sur les presses de l'Université", il me répondit avec un sourire qui disait bien sur ce qu'il pensait des idées saugrenues des Français : "We're not fussy."

André Bellaïche

P.S. Si on dit "majuscules" au lieu de "capitales", c'est tout simplement pour être compris de nos auteurs !