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Message : Re: [typo] Graphie d'un titre commençant par un article défini et comprenant un mot composé

(Didier Pemerle) - Dimanche 05 Avril 2009
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Subject:    Re: [typo] Graphie d'un titre commençant par un article défini et comprenant un mot composé
Date:    Sun, 5 Apr 2009 16:22:12 +0200
From:    Didier Pemerle <didpem@xxxxxxx>


Le 5 avr. 09 à 15:30, Jean-Claude Le Gouaille a écrit :

    D'accord avec un précédent message de Gilles. Le tout bête lexique de l'IN donne une règle, celle qui semble avoir été appliquée par les rédacteurs du /Rouge et le Blanc/, page 170 :
 
    ... dans les titres [...] d'articles de journaux ou de revues :
    .................................................
    « Le métier de sociologue », /Revue française des Affaires sociales/, n° 45.
 
Par ailleurs, un intervenant

C'est moi.

précédent émet l'idée que faux-monnayeur forme un nom et un seul, et que seule l'initiale devrait être "capitalisée" : /Les Faux-monnayeurs/. Cela me paraît sensé.

Ben oui, hein.

Comme d'habitude, Larousse et Robert ne sont pas d'accord, le premier donnant /Les Faux-Monnayeurs/, le second /Les Faux-monnayeurs/. J'aurais plutôt tendance, d'habitude, à faire confiance au premier, mais, pour cette fois, c'est le second qui conforte mon point de vue ;-)).

Je viens d'aller regarder dans le dictionnaire des oeuvres littéraire de Beaumarchais et Couty, chez Bordas : il y a aussi la cap à "Monnayeurs". L'ennui, c'est que j'ai participé à la correction de cet ouvrage, il y a une quinzaine d'années. Je suppose que je n'ai pas voulu contredire le préparateur (pas impossible — c'était un vieux confrère que j'aimais bien — mais peu probable) ou bien que les auteurs ont fait rétablir cette graphie après mon passage. À moins que je n'aie rien vu, mais, comme c'est aussi le titre de l'entrée, c'est un peu trop gros pour passer inaperçu même si ce jour-là un trente-sixième dessous m'avait donné un regard de taupe.

Correcteur en fin de parcours, je m'interroge par ailleurs sur la pratique qui a de plus en plus cours de ne mettre une capitale qu'au premier mot des titres d'œuvre, qu'ils commencent par un article défini ou non. On voit de plus en plus souvent (dans la presse, en tout cas) : /La deuxième vie de Stanislas/, par exemple, là où jadis, et même naguère, on aurait écrit : /La Deuxième Vie de Stanislas/.

Voilà des siècles que je m'égosille à clamer, couiner et bramer que la presse n'est pas un exemple d'orthotypographie. La marche dite "Larousse", ce serait _la Deuxième Vie de Stanislas_ et la marche que j'appelle "PUF" serait d'écrire comme vous le proposez.

Je dois avouer que je me suis toujours interrogé sur la nécessité d'empiler ainsi les "balises", les signes distinctifs, le fait d'employer l'italique et la capitale initiale me paraissant largement suffisant pour attirer l'attention du lecteur sur le caractère particulier des mots concernés. Cette évolution a-t-elle été théorisée quelque part ?

Je ne sais pas vraiment ce que c'est, qu"attirer l'attention du lecteur". Le lecteur lit en continu, un point c'est tout. En revanche, quand on recherche un titre dans une gros volume, on branche son attention sur l'italique et on réagit à chaque fois que le regard en rencontre. Je suis un piètre phénoménologue.
La convention d'écritures des titres est non motivée, arbitraire et, franchement, la règle "cap au premier substantif, cap au premier adjectif qui détermine le premier substantif lui-même capitalisé, cap au premier article indéfini, cap au premier élément d'une phrase complète, cap au premier élément quand on n'a affaire à aucun des cas précédents, c'est pas la mort du petit cheval et ça permet de rédiger des phrases où le titre apparaît presque toujours avec ses caps de titre. Imaginez que vous adoptiez la marche "_Le dernier des Mohicans_" Comment vous faites, lorsque l'auteur parle de "l'auteur du _dernier des Mohicans_" ? Des exemples, il y en a des pires, mais ils ne viennent pas en tête : toujours est-il que la règle des titres avec ses capitalisations traditionnelles a l'avantage du confort rédactionnel -- textuel, si vous voulez. 
Le drôle de l'affaire, c'est que "la cap au premier élément et rien d'autre sauf majuscule de nom propre", c'est en gros la règle italienne. S'ils n'en éprouvent pas d'inconfort, c'est que mon blabla, et donc ce fil fil de discussion, et tout un pan de l'orthotypographie ne valent pas un clou. 
 Je pense, en revanche, et sans ironie, que nommer "évolution" un laisser-aller suivi d'un énergique "démerdez-vous" (que j'ajoute parce qu'il faut bien le supposer) donne une image du darwinisme qu'on peut opposer de manière à mon avis convaincante aux sectateurs du dessein intelligent.
D.